Socio-economic aspects of tourism in East African protected areas: The Rwandan experience
Gaspard RWANYIZIRI, Joseph TUYISHIMIRE & Emmanuel HAVUGIMANA
Résumé: Cet article examine non seulement l’évolution de l’activité touristique dans les aires protégées du Rwanda et ce, depuis 1974 jusqu’à nos jours, mais aussi les différentes politiques publiques menées par les différents gouvernements. Aussi, explique-t-il comment les principaux acteurs se partagent les bénéfices socio-économiques liés à cette activité sans cesse croissante. Enfin, il propose quelques solutions vers un tourisme durable dans les aires protégées du Rwanda. Les données ont été obtenues en s’appuyant non seulement sur une rigoureuse revue des documents scientifiques et différents rapports officiels mais aussi sur une enquête socio-économique menée auprès de 300 ménages vivant aux alentours des trois parcs nationaux. Les résultats de cette recherche ont montré que, depuis l’ouverture de cette activité en 1974, l’importance du tourisme dans les aires protégées n’a cessé de gagner du terrain et ce, malgré la période sombre de la décennie 1990. De plus, cette étude montre qu’une grande partie des revenus issus de ce secteur tombent dans les caisses de l’État et dans celles du secteur privé, et profitent beaucoup moins aux populations locales. Enfin, l’étude propose le renforcement de la politique de partage des revenus issus du tourisme ainsi que la promotion du tourisme communautaire comme deux solutions majeures vers un tourisme durable dans ces espaces.
Mots clés: Aires protégées, tourisme, acteurs, État, secteur privé et populations locales
Abstract: This article describes not only the evolution of tourism activity within protected areas of Rwanda but also various public policies established and followed by different Governments from 1974 to date. In addition, it discusses socio-economic benefits of main actors. Finally, it proposes some solutions towards a sustainable tourism within Rwandan protected areas. Data were obtained not only from a rigorous literature review of scientific documents and official reports but also from a household survey where 300 key informants in the vicinity of protected areas were interviewed. Research findings showed that, despite the dark period of the 1990’s, the importance of tourism industry within protected areas has increased since the creation of a public office in charge of tourism, ORTPN, in 1974. In addition, the current study has shown that the State and the private sector are the major beneficiaries of tourism revenues in national parks while local communities benefit less. Finally, it proposes the reinforcement of tourism revenue sharing policy and the promotion of community-based tourism as two major solutions towards a sustainable tourism industry within protected areas in Rwanda.
Keywords: Protected areas, tourism, actors, State, private sector and local population
Plan
Introduction
Les aires protégées du Rwanda : des espaces ou l’État et le secteur privé se partagent une grande part des revenus liés au tourisme
L’État Rwandais : le principal bénéficiaire des avantages liés au tourisme pratiqué dans les parcs nationaux
Le secteur privé : un acteur incontournable du secteur touristique florissant
Les aires protégées du Rwanda: espaces où les avantages socio-économiques pour les populations locales sont insuffisants
Les populations locales : quels avantages socio-économiques perçoivent-elles ?
Les populations locales : comment peuvent-elles gagner plus ?
Conclusion
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INTRODUCTION
Depuis les années 1960, le tourisme pratiqué dans des aires protégées a constitué l’une des plus importantes sources de revenus pour plusieurs pays en développement. Au Rwanda, les aires protégées constituent la pierre angulaire du secteur touristique. En effet, ne possédant pas suffisamment de monuments historiques pour témoigner de l’existence d’une architecture ancienne, le secteur touristique rwandais repose sur sa nature sauvage assez exceptionnelle qu’abritent les parcs nationaux. Si les résultats actuels ne sont pas aussi spectaculaires comme c’est le cas au Kenya ou en Afrique du Sud, il faut toutefois se féliciter du fait que les progrès jusqu’ici constatés sont très intéressants. On peut déplorer cependant que cette manne touristique ne soit pas toujours bien répartie entre les principaux acteurs impliqués dans ce secteur. En effet, il a été constaté que la part du lion revient à l’Etat et au secteur privé alors que les populations locales commencent difficilement à s’intégrer et/ou à être intégrées dans le circuit. Et pourtant, la logique serait que ces communautés puissent être les premiers bénéficiaires des retombées économiques de ces espaces étant donné qu’elles subissent au quotidien les conséquences du voisinage à travers les dégâts causés par les animaux sauvages (Colchester, 1994; Rodary, 2007; MacGuiness, 2014).
Pour mieux appréhender ces relations entre les principaux acteurs vis-à-vis des avantages liés au tourisme dans les aires protégées du Rwanda, il est nécessaire de définir ce que c’est une « aire protégée » et ou « espace protégé » et le rôle de la géographie dans ces relations. Pour l’Union Mondiale pour la Nature, une aire protégée est définie comme « un site terrestre ou marin spécialement consacré à la protection et au maintien de la diversité biologique et aux ressources naturelles et culturelles associées, et gérée par des moyens légaux ou d’autres moyens efficaces » (UICN, 1994). Cette définition est aujourd’hui mondialement acceptée et utilisée. Toutefois, aux yeux de certains spécialistes des sciences sociales, y compris les géographes, cette définition paraît insuffisante. Ils déplorent par exemple qu’elle n’évoque pas suffisamment les dimensions socio-économiques et politiques de la conservation de la nature. De surcroît, « l’existence des espaces protégés n’est pas clairement replacée dans une logique générale de gestion (au sens plein du terme) d’un territoire. La fréquentation touristique est totalement absente de cette définition, alors qu’elle a constitué une des motivations principales des premières créations de parcs nationaux américains […], australiens et canadiens, et qu’elle demeure essentielle pour la plupart des espaces protégés» (Depraz, 2008). Ainsi, c’est une définition beaucoup plus orientée vers les objectifs écologiques. Dans le contexte de cette étude, nous allons utiliser le terme « espaces protégés » et/ou « aires protégées » pour caractériser tout ce qui relève de leur aspect écologique mais surtout socio-économique et territorial.
La géographie s’intéresse à l’étude des aires protégées parce qu’un espace protégé « possède un périmètre, des dimensions spatiales. Il englobe des lieux porteurs de sens et de richesse. Il a donc une emprise sur le terrain et s’insère dans un tissu socio-économique donné, avec des populations riveraines en effectif variable. L’espace protégé influe sur le contexte environnant et est influencé par lui en retour dans un jeu permanent d’interrelations » (Dupraz, 2008). L’auteur ajoute que, plus qu’un espace de protection, l’espace protégé est considéré comme « un territoire de nature avec ses limites, ses hauts lieux, ses ressources, mais aussi sa société locale et son mode de gouvernance propres ». C’est à ce titre d’ailleurs que son étude intéresse plusieurs disciplines (biologie, science politique, économie, sociologie, géographie). Dans ce contexte pluridisciplinaire, le rôle de la géographie est de faire la synthèse des différentes approches afin d’identifier les dynamiques socio-économiques et territoriales se produisant autour des espaces protégés (Rwanyiziri, 2009).
Cette étude va se focaliser sur trois parcs nationaux que sont le Parc National de l’Akagera (PNA), celui des Volcans (PNV) et celui de Nyungwe (PNN). Ces trois espaces ont été choisis parce qu’ils sont au cœur des enjeux écologiques, socio-économiques et territoriaux. Localisé dans les basses terres orientales du pays où les pluies annuelles sont inférieures à 1.000 mm, le Parc National de l’Akagera (108.000 ha de superficie) est connu pour sa diversité biologique digne des régions de savanes. C’est un parc de savane qui présente une variété d’animaux sauvages, les herbivores en particulier, tel que beaucoup de touristes étrangers l’ont longtemps imaginé et l’imaginent encore aujourd’hui. Plusieurs écologistes précisent d’ailleurs que ce parc est sans doute l’un des plus beaux parcs de savane du continent africain (Vande Weghe, 1990). Quant aux parcs nationaux des Volcans (16.000 ha de superficie) et de Nyungwe (97.138 ha de superficie), localisés respectivement dans la chaîne volcanique des Birunga (Nord-Ouest) et sur la Crête Congo-Nil (Sud-Ouest), leur biodiversité est très différente de ce que nous trouvons dans le parc de savane de l’Akagera. En effet, l’aspect « altitude » impose la loi et sélectionne les espèces, les animaux en particulier, les plus résistantes aux conditions climatiques des hautes montagnes. Toutefois, l’étagement de la végétation permet d’observer plusieurs espèces rares et endémiques dans ces deux milieux géographiques tels les célèbres gorilles de Montagnes (Gorilla gorilla beringei) pour PNV et les différentes sortes de chimpanzés pour le PNN (Rwanyiziri, 2009).
La présente étude a pour objectif d’examiner l’évolution de l’activité touristique dans les aires protégées du Rwanda et ce, depuis son introduction en 1974 jusqu’à nos jours. Elle va, en outre, analyser non seulement les différentes politiques publiques menées par les différents gouvernements mais surtout la part des principaux acteurs dans le partage des bénéfices socio-économiques liés à cette activité sans cesse croissante. Enfin, elle va proposer quelques solutions vers un tourisme durable dans les aires protégées du pays. L’analyse s’appuie sur les travaux de recherche sur les différents aspects du tourisme pratiqué dans les aires protégées ainsi que sur les documents officiels portant sur l’action publique en matière de gestion des aires protégées au Rwanda. Elle s’appuie également sur une enquête socio-économique menée auprès de 300 ménages vivant aux alentours des trois parcs nationaux. Enfin, elle s’appuie sur les observations de terrain ainsi que quelques interviews auprès des décideurs politiques et/ou privés. Au total, c’est grâce à la confrontation des données bibliographiques, aux observations et aux enquêtes de terrain que nous avons pu dégager les axes majeurs de cet article.
Figure 1. Carte de localisation des trois parcs nationaux du Rwanda faisant l’objet d’étude
(D’après CGIS, 2016)
LES AIRES PROTÉGÉES DU RWANDA : DES ESPACES OU L’ÉTAT ET LE SECTEUR PRIVÉ SE PARTAGENT UNE GRANDE PART DES REVENUS LIÉS AU TOURISME
À la fin de l’année 2007, le secteur touristique rwandais a brisé le tabou en occupant, désormais la première position sur la liste des produits d’exportation pourvoyeurs de devises ; une première dans ce pays où, depuis l’indépendance les deux principales cultures d’exportation (le café et le thé) avaient toujours occupé les deux premières places. En effet, même si l’État a toujours été le principal bénéficiaire du tourisme, il faut aujourd’hui souligner que le secteur privé est aux aguets afin de maximiser ses profits. Quant aux populations vivant aux alentours de ces espaces, le chemin de la compétition reste encore très long malgré quelques bénéfices liés à la fois au programme de partage de revenus issus du tourisme ou au tourisme communautaire. Il reste alors à savoir comment les trois principaux acteurs se partagent ce délicieux gâteau.
L’État Rwandais : le principal bénéficiaire des avantages liés au tourisme pratiqué dans les parcs nationaux
Depuis 1974, date de la création de l’Office Rwandais du Tourisme et des Parcs Nationaux (ORTPN), le développement du secteur touristique dans les aires protégées peut être divisé en trois principales étapes, correspondant plus ou moins à l’évolution de l’histoire sociopolitique du pays. La première correspond à l’époque située entre 1974 et 1989 où le secteur touristique restait encore « une activité économique mineure tant au niveau national (2 % de la valeur officielle des exportations en 1988) que dans le contexte régional (1% des recettes touristiques kényanes) » (Gotanègre, 1992). D’après le même auteur, ce secteur était devenu une modeste source de devises étrangères parce que ses recettes totales ne représentaient que 1 % du Produit Intérieur Brut en 1988 et ce, grâce à l’arrivée de 32.000 touristes étrangers non-résidents. Toutefois, ajoute-t-il, le secteur commençait à s’affirmer en devenant une nouvelle activité dans une économie typiquement rurale.
Selon toujours Gotanègre (1992), durant cette première étape du développement touristique au Rwanda, ce dernier était écartelé entre deux tendances. D’une part, celle de la peur d’une invasion pacifique d’étrangers qui pouvait bouleverser l’équilibre socio-économique ancestral et, de l’autre, celle de la nécessité de devises couplées à la légendaire hospitalité du pays. Dans les faits, cette dualité se traduisait par l’existence de deux catégories de tourisme : l’un international et l’autre national. Le premier, haut de gamme, consistait en la visite aux gorilles du Parc National des Volcans (PNV) par les touristes étrangers, alors que le second comptait beaucoup plus sur les visites des étrangers résidents et nationaux aux mammifères du Parc National de l’Akagera (PNA) et son ancien Domaine de Chasse du Mutara (DCM).
À l’époque, il était difficile de connaître le nombre exact de vrais touristes internationaux puisque, depuis fort longtemps, les statistiques nationales mélangent les visites de dépaysement, d’affaires et de famille. Toutefois, si on considère seulement les visites de dépaysement, on se rend compte que les parcs nationaux ont joué un grand rôle dans ce secteur en accueillant la majorité des touristes. Ce qui était normal puisque, en dehors de ces parcs, les autres sites potentiellement touristiques (historiques, légendaires et naturels) n’avaient pas encore fait l’objet d’un inventaire systématique et exhaustif, en vue de leur classement et exploitation touristique (Prioul, 1981). De plus, les potentialités liées au folklore qui, pourtant, avaient une chance de percer sur le marché touristique, parce qu’appréciées, restaient également sous-exploitées (Ministère du Commerce, de l’Industrie et du Tourisme, 2003). Le contexte géopolitique aidant, la principale clientèle internationale était principalement francophone d’origine européenne. Selon les statistiques de 1988, 71 % des touristes internationaux arrivaient d’Europe Occidentale, dont un tiers de Belgique, ancienne puissance coloniale. Le quart des autres touristes était Français et Allemands, deux autres pays qui ont des liens politiques et historiques avec le Rwanda. Les touristes d’origine américaine (Etats-Unis) ne représentaient que seulement 13 % des touristes étrangers (Gotanègre, 1992).
En ce qui concerne les revenus issus du tourisme pratiqué dans les trois parcs nationaux, les statistiques montrent que la visite des gorilles représentait le poste de recettes de loin le plus important pour l’ancien Office Rwandais du Tourisme et des Parcs Nationaux (ORTPN), que ce soit au niveau du Parc National des Volcans (PNV) ou pour les deux autres parcs qui étaient jadis sous sa responsabilité. Et pourtant, ce n’est qu’après 1979 que la visite aux gorilles avait été autorisée. Avant cette date, les principales attractions touristiques au PNV étaient constituées par l’ascension des volcans ainsi que les randonnées pédestres (ORTPN, 2004b). Au classement des parcs pourvoyeurs de revenus pour l’ORTPN à l’époque, le sanctuaire des gorilles était suivi par le Parc National de l’Akagera (PNA), et en dernier lieu, le Parc National de Nyungwe (anciennement appelé la Réserve Naturelle de Nyungwe, RNN) dont l’ouverture aux activités touristiques n’a commencé qu’en 1988 grâce à l’étroite collaboration entre l’ORTPN et le Projet de Conservation de la Forêt de Nyungwe (PCFN) (Prioul, 1981).
La deuxième étape du développement du secteur touristique au Rwanda correspond à la période sombre de l’histoire du pays (1990-1999) qui a durement touché les principales attractions touristiques que sont les parcs nationaux des Volcans (PNV) et de l’Akagera (PNA). Durant cette période, en effet, le rôle d’agrément que ces parcs assuraient au milieu des années 1970 fut brusquement remplacé par celui de champs de bataille entre le Front Patriotique Rwandais (FPR), qui avait envahi le territoire national dès le 1er octobre 1990 et les troupes gouvernementales (Kanyamibwa, 1998 ; Kalpers, 2005; Rwanyiziri, 2009). Durant environ quatre ans de conflit (1990-1994), les fréquentations ont subi un déclin très marqué qui a culminé avec le génocide des Tutsi d’avril-juillet 1994, un drame humain qui a porté un coup dur à l’image du pays et de son peuple aux yeux des touristes et des investisseurs étrangers. Par conséquent, la situation d’après génocide a été caractérisée non seulement par le ralentissement du flux des touristes vers le Rwanda à cause de cette mauvaise image portée sur le pays, mais aussi par la mauvaise qualité du produit touristique.
Ce malheureux héritage a également entraîné d’autres conséquences néfastes sur les activités touristiques du pays telles que la régression de la faune sauvage (à cause du braconnage et du massacre d’animaux) ; de la dégradation de la qualité des paysages (à cause des effets d’empiètement sur les aires protégées) afin d’extraire des ressources naturelles (minerais, bois, etc.) ; de l’amputation des espaces protégés en vue d’installer les anciens réfugiés de retour au pays natal; etc. (Imbs, 1997; Kanyamibwa, 1998). À tout cela, il faut ajouter la destruction des infrastructures d’accueil et de communication, sans oublier la perte de nombreuses vies humaines qui travaillaient dans le secteur (Bouché, 1998). En peu de mots, c’est toute l’industrie touristique qui a été paralysée par les conséquences humaines et matérielles de cette horreur.
La troisième, et dernière étape du développement du secteur touristique dans les aires protégées au Rwanda, correspond à l’époque de la relance de l’économie du pays et ce, de l’an 2000 à nos jours. En effet, après une décennie de revers économiques liés aux conflits dans le pays et dans la sous-région, le gouvernement s’est fermement engagé dans un processus de promotion du tourisme et de sa redynamisation. D’après le ministère ayant le tourisme dans ses attributions, cette filière est considérée comme l’un des secteurs stratégiques sur lesquels il faut concentrer le maximum d’efforts (MINICOM, 2003). Comme les espaces protégés sont les principales attractions touristiques du pays, il est évident qu’il fallait absolument compter sur le tourisme pratiqué dans ces espaces. C’est dans ce cadre d’ailleurs que la restructuration de l’ORTPN a eu lieu en 2002 et ce, dans l’objectif de donner un nouvel élan à cette institution en charge de la gestion des aires protégées.
Une fois restructuré, l’ORTPN avait franchi une autre étape en élaborant un plan stratégique pour une période de cinq ans (2004-2008). En matière de tourisme, les experts se sont appuyés sur le rapport réalisé par un bureau de consultance américain, On-The-Frontier, afin de définir une nouvelle vision qui pouvait améliorer la compétitivité et l’innovation du tourisme au Rwanda. Le rapport en question avait soulevé plusieurs faiblesses qui handicapent le tourisme au Rwanda, entre autres le fait qu’il n’existe pas de marketing approprié au niveau national et international, le manque d’investissements dans le secteur touristique, le fait que les recettes générées jadis par l’ORTPN dépendaient exclusivement des visites aux gorilles, etc. (ORTPN, 2004a).
Le plan stratégique a dû donc prendre le contre-pied de ces faiblesses afin de redonner une nouvelle image au tourisme du pays. En faisant le bilan des quatre années (2004–2008), on constate une augmentation exceptionnelle de fréquentations touristiques. Toutefois, vers la fin de ce plan stratégique on a vu apparaître une autre importante restructuration concernant la promotion de l’industrie touristique dans le pays. Le gouvernement Rwandais avait décidé de créer un office qui allait promouvoir le développement du pays dans plusieurs secteurs de l’économie nationale, y compris le tourisme, en regroupant ensemble cinq anciennes agences gouvernementales. C’est l’Office Rwandais pour la Promotion du Développement du Rwanda, connu sous son sigle anglais de RDB dont l’une des missions est de “contribuer à la proposition et à l’exécution des politiques et des stratégies en rapport avec le tourisme et la conservation des parcs nationaux et d’autres zones protégées en matière de tourisme, et conseiller le Gouvernement en matière de promotion de ce secteur” (République du Rwanda – Office du Premier Ministre, 2009).
L’année 2009 a été également marquée par la privatisation de la gestion du Parc National de l’Akagera pour une période de 20 ans suite à un accord signé entre le RDB et une agence Sud-Africaine spécialisée dans la gestion des parcs nationaux “African Parks” en créant une Compagnie de Gestion de l’Akagera (Akagera Management Company, AMC en abrégé). Depuis sa création, AMC a déjà effectué d’importantes réalisations entre autres la construction d’une clôture électrique contribuant à diminuer les conflits entre animaux sauvages et les populations locales, la réintroduction des lions dans le parc, la maintenance des pistes touristiques à l’intérieur du parc, ainsi que la création d’un centre d’information pour les visiteurs (AMC, 2014). Comme le montrent les statistiques ci-dessous (Figure 2), ce changement au sein de la gestion du PNA a beaucoup influé sur le nombre de touristes fréquentant ledit parc durant les cinq dernières années (RDB, 2016).
Figure 2. Fréquentation touristique dans les parcs nationaux entre 1974 et 2015
(D’après ORTPN, 2008 & RDB, 2016)
Pour ce qui est de la provenance des touristes par nationalité, il faut dire que les ressortissants étrangers sont plus nombreux que les nationaux. Entre 2011 et 2015, ils représentaient 63.4 % contre 26.4 % des Rwandais et 10.2 % des étrangers résidant au Rwanda (RDB, 2016). Nombre de touristes viennent pour les visites aux gorilles dans le PNV car ils ont les moyens de payer les droits d’entrée suffisamment élevés (1.500 $/personne depuis mars 2017). Pour l’année 2015 par exemple, 89 % des visiteurs du PNV étaient des ressortissants étrangers contre 35 % et 62 % respectivement pour le PNA et le PNN (RDB, 2016). Ceci veut dire que les Rwandais préfèrent rendre visite aux mammifères du PNA qu’aux chimpanzés et oiseaux du PNN car les droits d’entrée y sont plus abordables (en moyenne 35 $/personne) par rapport à ceux du PNV.
Les résultats ne se manifestent pas seulement au niveau de l’augmentation du nombre de visiteurs enregistrés mais aussi, et surtout, grâce à l’argent que RDB a pu mettre et continue de mettre dans les caisses de l’Etat. Sur ce point, les statistiques sont également impressionnantes. En effet, les recettes sont passées d’un million de dollars américains en 1989 à 15.353.562 en 2015 (Sournia, 1996 ; ORTPN, 2008 & RDB, 2016). Cela est lié surtout à la majoration des droits d’entrée dans les parcs, en particulier ceux des visites aux gorilles en particulier qui constituent la véritable source des recettes de l’Etat puisqu’ils représentent aujourd’hui plus de 90 % de toutes les recettes de RDB (RDB, 2016).
Figure 3 : Recettes touristiques (en $ US) dans les parcs nationaux entre 2004 et 2015
(D’après RDB, 2011 & RDB, 2016)
Comme l’indique la figure 3 ci-dessus, le PNV joue un rôle important grâce au tourisme aux gorilles plébiscité par les ressortissants étrangers. Or, les droits d’entrée n’ont cessé d’augmenter dans ce parc depuis 1979 où ils étaient de 3.500 Frw (environ 4,4 $) pour les ressortissants étrangers et 350 Frw (environ 0,4 $) pour les nationaux. Depuis janvier 1986, ils ont été portés respectivement à 5.000 Frw (6,3 $) et 1.100 Frw (1,4 $) pour les nationaux. Après quelques années de conflits, ils ont été encore majorés puisque, entre Janvier 2001 et Décembre 2002, les étrangers payaient 250 $ contre 5.400 Frw (6,8 $) pour les nationaux (Rwanyiziri, 2009). Durant les quatorze dernières années, ils ont été multipliés par quatre pour les visiteurs étrangers en passant de 375 $ en 2003, à 500 $ en 2007, à 750 $ en 2010, et finalement à 1.500 $ US en 2017. Pour ce qui est des nationaux et les ressortissants de la Communauté Est Africaine, ils ont connu une augmentation exponentielle cette année passant de 10.000 Frw (12,5 $) en 2003, 20.000 Frw (25 $) en 2007, 35.000 Frw (44 $) en 2010, puis 1.500 $ US en 2017. Quant aux étrangers résidant au Rwanda, l’augmentation est passée de 350 $ par personne en 2010 à 1.500 $ US en 2017 (Rwanyiziri, 2009 ; Scholte et Larzillière, 2015 & RDB, 2017).
Ces augmentations rapportent beaucoup d’argent à l’État étant donné que les visiteurs, les étrangers en particulier, ne se plaignent pas de la qualité du produit après leurs visites. La dernière étude faite sur le sujet montre que tous les touristes interrogés estiment que ce prix d’entrée est exorbitant (RDB, 2011). Une tendance qui s’est accrue suite à la récente décision d’augmenter les droits d’entrée là où tous les touristes, toutes catégories confondues, payeront désormais 1,500 $ par personne. Or c’est ce genre de tourisme appelé « tourisme haut de gamme » que la nouvelle vision du pays a choisie et ce, depuis 2002.
En somme, il faut rappeler que les retombées économiques et financières liées au tourisme pratiqué dans les parcs nationaux sont très importantes pour l’État car elles lui permettent de faire fonctionner son système administratif à tous les points de vue. À part l’État, cette manne touristique va au secteur privé impliqué dans le secteur touristique et ce, à travers les agences de voyage, les hôtels et restaurants, les agences de location de véhicules, etc. Mais, comment ce secteur parvient-il à tirer son épingle du jeu ?
Le secteur privé : un acteur incontournable du secteur touristique florissant
Depuis plus de vingt ans (1974-1999), le secteur privé n’a pas joué un grand rôle dans l’industrie touristique au Rwanda (Rwanyiziri, 2009). Ceci a été un grand handicap pour l’essor de ce secteur. Or, les expériences des pays où le tourisme est développé, montrent que ce dynamisme est lié à l’étroite collaboration entre le secteur public et le secteur privé (Bart, 2003). Dans la plupart des cas, le premier s’occupe de la qualité des infrastructures (routes, aéroports, lignes électriques, approvisionnement en eau), de la sécurité des touristes, de l’évaluation de la qualité du produit touristique, etc. ; alors que le second se penche sur les problèmes de l’hôtellerie, de la restauration, des voyages des visiteurs, de la vente des produits de souvenirs (habits, objets d’art), etc. (Rodary, 2003). Dans les pays en voie de développement, les cas du Costa Rica, de l’Ile Maurice et/ou du Kenya sont souvent cités comme de vrais modèles dans ce domaine (Calas, 2003).
Pour le cas du Rwanda, l’État, représenté successivement par l’ORTPN (jusqu’en 2008) et le RDB, a toujours été le principal investisseur et/ou l’actionnaire de poids. À l’exception des sociétés étrangères qui, de temps en temps, collaboraient avec l’État, les investisseurs nationaux étaient mal représentés. En matière d’hôtellerie par exemple, le tourisme international s’appuyait en 1988 sur seulement 39 hôtels de différentes catégories. À l’époque, l’ORTPN en gérait 11, soit au total 163 chambres, alors que les 443 autres chambres d’hôtels d’Etat étaient confiées à des sociétés de gestion parmi lesquelles la Compagnie Rwandaise d’Hôtellerie et de Tourisme (CRHT) qui était contrôlée, à 61%, par l’ex-compagnie aérienne belge SABENA. Elle gérait les principaux hôtels de luxe du pays dont l’Hôtel des Mille Collines et l’Hôtel des Diplomates dans la capitale, le Guest House de Gabiro et l’Hôtel Akagera (Gotanègre, 1992 ; Rwanyiziri, 2009).
L’autre société de gestion, en l’occurrence la Société de Promotion Touristique et Hotelière (SOPROTEL), s’occupait, quant à elle, de l’hôtel Méridien-Umubano de Kigali. Celui-ci regroupait l’État rwandais (pour 40% du capital) avec la Libyan Arab Foreign Investments Company (LIFICO) (pour 60% du capital). Enfin, la société le Méridien, filiale de la compagnie aérienne française Air France, s’occupait de l’hôtel Izuba – Méridien au bord du lac Kivu dans l’actuel district de Rubavu. Pour ce qui est de la place du secteur privé local, il faut dire ici que l’époque des années 1970 et 1980 a été caractérisée par le manque d’investissements locaux dans le secteur hôtelier du pays, à part bien sûr les hôtels Chez Lando et Rebero L’Horizon qui appartenaient, respectivement à un rwandais Landoald Ndasingwa et à la famille du défunt président Juvénal Habyarimana (Gotanègre, 1992 ; Rwanyiziri, 2009).
En définitive, la grande partie des bénéfices issus du secteur hôtelier allait dans les caisses de l’État ou dans celles des sociétés étrangères. Le constat était le même dans les agences de voyage parce que celles-ci étaient contrôlées, soit par l’État Rwandais via ORTPN, soit par les sociétés de gestion citées supra. Toutefois, il faut reconnaître aussi que ce secteur avait quelques effets induits sur l’emploi et l’artisanat. D’après les recherches de Gotanègre (1992), les emplois indirects liés à l’industrie touristique étaient estimés à 2.500 en 1988. Quant à l’artisanat, les mêmes recherches ont révélé que ce secteur « plus que l’agriculture, voit dans le tourisme, au travers de la douzaine de boutiques de souvenirs de Kigali et des haltes-ventes dans les ouvroirs des missions et des coopératives, une occasion de reconversion intéressante ». C’est ainsi que la moitié des productions de vannerie, poterie, broderie, sculptures et décorations était vendue aux touristes étrangers. Pour cela, l’activité touristique contribuait à la création de 1,7% des emplois salariés hors agriculture. Un chiffre non négligeable si l’on sait qu’à l’époque plus de 93 % de la population rwandaise vivait de l’agriculture et de l’élevage (Imbs, 1997).
Comme tous les secteurs de l’économie du pays, le secteur hôtelier a été également touché par les effets de la guerre et du génocide contre les Tutsis. En effet, non seulement certaines infrastructures ont été sérieusement endommagées, mais surtout le nombre de touristes a considérablement chuté. Ainsi, la période d’après génocide a été caractérisée par une grande perte de revenus dans les hôtels. Face à cette situation, le gouvernement rwandais a décidé de privatiser les hôtels qui étaient jadis gérés par l’ORTPN (ORTPN, 2002). C’est en 2000 que les mutations commencent dans le secteur socio-économique du pays avec des programmes ambitieux pour la relance de l’économie nationale tels que la privatisation du patrimoine de l’Etat en faveur du secteur privé, la réduction de la pauvreté et la vision 2020 (Rwanyiziri, 2009). Le point commun de tous ces programmes était que, désormais, le secteur privé devait jouer un grand rôle dans la nouvelle vision de l’économie nationale.
Depuis lors, grâce à la nouvelle stratégie nationale d’investissement, le secteur privé a été appelé à jouer un rôle déterminant et plus dynamique dans le développement du secteur touristique en intervenant plus précisément dans le secteur hôtelier. Toutefois, comme ce secteur est encore jeune, il s’est avéré nécessaire que le secteur public, l’ORTPN en particulier, puisse continuer à prendre les devants dans la promotion du tourisme. En effet, le constat était que la plupart des entreprises locales, créées au début des années 2000, n’étaient pas encore financièrement viables. Elles étaient préoccupées beaucoup plus par leur survie financière que par la qualité des services rendus ou à rendre aux visiteurs (ORTPN, 2004a). Pour les aider à franchir le cap et à grandir, le gouvernement rwandais avait créé une agence chargée de les conseiller et de les appuyer techniquement et financièrement. Il s’agit de l’Agence Rwandaise pour la Promotion des Investissements (RIEPA), vite remplacée en 2009 par l’Office Rwandais pour la Promotion du Développement, connue sous son sigle anglais de RDB (RR/OPM, 2009).
Sur le terrain, cette stratégie commence à porter des fruits. Grâce à la RDB, les associations du secteur privé, telles que l’Association des Hôtels du Rwanda et l’Association des Agences de Voyages, ont été récemment créées. Celles-ci ont comme but d’améliorer leurs efforts de marketing vis-à-vis de la qualité des produits proposés aux clients, d’améliorer leurs normes par rapport aux standards internationaux, et de discuter avec le gouvernement en ce qui concerne des priorités nationales en matière de l’hôtellerie. De surcroît, un Groupe d’Investisseurs Rwandais (Rwanda Investment Group, RIG en abrégé) a été créé. Il se mesure, avec efficacité, avec des groupes étrangers du genre afin de promouvoir le secteur touristique dans le pays.
Par voie de conséquence, des entrepreneurs Rwandais et étrangers consacrent d’importants investissements financiers depuis quelques années dans les différents sous-secteurs du secteur touristique tels que l’hôtellerie, la restauration et le transport. À titre d’exemple, on a enregistré 436 hôtels en 2014 contre 39 seulement en 1989. Un grand progrès quand on sait que ce secteur était au ralenti entre 1990 et 2000 et ce, suite aux conséquences de la guerre et du génocide perpétré contre les Tutsi. Plusieurs infrastructures hôtelières se concentrent dans les villes (en particulier à Kigali), mais d’autres sont situées aux abords des parcs nationaux comme c’est le cas autour du Parc National des Volcans (PNV). La forte demande en logement pour touristes a poussé le secteur privé à construire des hôtels dans les environs du parc. Cela permet à ces visiteurs de s’approcher de l’habitat des gorilles de montagne. Ainsi, à part Kigali (217 hôtels), les villes de Musanze (50 hôtels) et Rubavu (62 hôtels) concentrent aujourd’hui un grand nombre d’hôtels par rapport aux autres villes du pays comme Butare (21) ou Rusizi (12) (NISR, 2015). Au cours de ces deux dernières années, sous l’impulsion du gouvernement, Rwandais, quatre hôtels 4 et 5 étoiles ont ouvert leurs portes. Il s’agit du Radisson Blu Hotel, Kigali Marriott Hotel, Park Inn (gérée par Radisson Blu) et Ubumwe Grande Hotel (Jeune Afrique, 2017).
De surcroît, le secteur privé s’est invité dans la gestion quotidienne des parcs nationaux là où une compagnie Sud-Africaine «African Parks» a signé un accord de coopération avec le RDB pour la gestion du PNA pour une durée de 20 ans (AMC, 2014). D’après cet accord de coopération, “African Parks détient 51% du capital et est en charge de la gestion du parc, tandis que le RDB, avec 49% du capital, conserve tous les droits statutaires de propriété” (Scholte et Larzillière, 2015). Le principal objectif étant d’investir dans la réhabilitation du parc tout en maximisant les profits liés au tourisme. À l’heure actuelle les résultats sont plus que satisfaisants parce que cela a contribué à l’augmentation des recettes touristiques qui sont passées de 187.688 $ US en 2010 à 779.430 $ US en 2015 (AMC, 2014 ; RDB, 2016).
De plus, on enregistre aujourd’hui 30 agences de voyages locales (contre 12 en 1989 pour la plupart étrangères) et plusieurs restaurants (RURA, 2016). Le secteur privé investit également dans le transport routier des visiteurs en utilisant des bus appropriés. On dénombre aujourd’hui plusieurs agences qui desservent les liaisons entre la capitale et les provinces mais aussi entre Kigali et les grandes villes régionales comme Bujumbura, Goma, Bukavu, Kampala et Nairobi et ce, dans un confort qui n’a rien à envier à celui des bus européens ou nord-américains. Le transport aérien via Rwandair Express a fait aussi d’énormes progrès et le secteur privé y est pour quelque chose car les principaux clients viennent de ce secteur. Pour le moment, Rwandair Express relie certaines villes africaines comme Bujumbura, Kampala, Nairobi, Johannesburg, Kilimandjaro, Dar es Salaam, Mombasa, Accra, Lagos, Brazzaville, Libreville et Cotonou. Depuis juillet 2017, elle relie Kigali à Londres, Bruxelles et Dubaï, et compte ouvrir la route vers la Chine (Guangzhou) et le continent nord-américain (New York) en utilisant ses deux nouveaux appareils long-courrier (A330-200 et A330-300). Ce n’est pas suffisant si l’on regarde ce que font les compagnies aériennes régionales comme Ethiopian Airlines ou Kenya Airways, mais c’est un plus.
Enfin, le secteur privé investit également dans l’éducation relative à l’hôtellerie et au tourisme. C’est ainsi que plusieurs institutions supérieures ont ouvert leurs portes dans la ville de Kigali. Il s’agit du Collège Universitaire du Tourisme au Rwanda (Rwanda Tourism University College – RTUC) et de l’Ecole du Tourisme et de l’Hôtellerie (School of Tourism and Hotel Management). Le premier a commencé en 2007 et assure une formation de longue durée (4ans) couronnée par des diplômes universitaires mais également des formations de courte durée couronnées par des certificats. Quant à l’école ci-haut évoquée, créée grâce au Ministère rwandais de l’Education Nationale et le Consortium Canadien de Développement Touristique en Afrique (CCDTHA), elle a démarré en janvier 2008 et a enregistré 250 étudiants la même année. Elle propose, elle aussi, des formations de longue et de courte durée.
En peu de mots, grâce au tourisme majoritairement pratiqué dans les parcs nationaux, le secteur privé local et international, longtemps négligé et/ou ignoré, est en plein essor. Les bons résultats ne cessent de tomber. Grâce à l’implication de ce secteur, l’industrie touristique a pu favoriser la création de plusieurs postes d’emplois dans le pays et ce, dans les sous-secteurs du tourisme comme l’hôtellerie, la restauration, l’artisanat, etc. Qu’il soit local ou étranger, son impact sur le développement du tourisme est incontestable. Dans les années à venir, ses bénéfices pourront même dépasser ceux de la RDB.
LES AIRES PROTÉGÉES DU RWANDA: ESPACES OU LES AVANTAGES SOCIO-ÉCONOMIQUES POUR LES POPULATIONS LOCALES SONT INSUFFISANTS
Depuis fort longtemps et ce, jusqu’aux années 1980, les politiques de gestion des aires protégées à l’échelle mondiale ont été menées, non pas pour, mais contre les populations riveraines de ces espaces. Inutile alors de dire que, durant toute cette époque, leurs intérêts étaient négligés et les avantages socio-économiques tirés du tourisme pratiqué dans ces espaces presque inexistants pour elles (Perón, 1995 ; Sournia, 1996 ; Rodary, 2003). Et pourtant, ces populations avaient, depuis des millénaires, des connaissances particulières dans leur gestion (Dufour, 2001). En plus, elles subissaient, et subissent encore dans certaines régions, les conséquences du voisinage à cause des animaux sauvages qui détruisaient et détruisent encore leurs cultures (Tchamie, 1994 ; Rwanyiziri, 2009).
Fort heureusement, les responsables de la conservation ont par après compris que les rapports entre les populations, la faune sauvage et les aires protégées qui les abritaient étaient un atout déterminant dans la mise en place de toute politique de conservation et/ou de développement du tourisme (Sournia, 1996). Ainsi, durant les années 1980 et 1990, ces populations ont été de plus en plus acceptées comme des partenaires potentiels de la conservation (Dumoulin, 2002). Depuis lors, plusieurs politiques allant dans le sens de leur intégration dans la gestion des aires protégées ont été élaborées, notamment celle qui concerne le partage des revenus issus du tourisme. Mais dans la réalité, une part importante de ces revenus revient à l’Etat et au secteur privé alors que les populations locales n’en perçoivent qu’une infime partie ou rien du tout (Héritier, 2007).
Les populations locales : quels avantages socio-économiques perçoivent-elles ?
À part les bénéfices écologiques connus de tout le monde, les experts de la conservation disent que les aires protégées ont également des avantages d’ordre socio-économique et qu’elles constituent par-là une autre explication de leur création. Dans ce contexte, les défenseurs de cette logique précisent que le tourisme constitue un vrai moteur de cette nouvelle justification (Dabrowski, 1994 ; Dufour, 2001). Pour les détracteurs, ils trouvent que cette logique n’a rien à voir avec la réalité de ce qui se passe aux alentours des espaces protégés où, les populations expulsées de leurs terres ou non, mènent une vie précaire depuis le développement du tourisme dans la région (Rodary, 2003).
Pour le cas du Rwanda, il est intéressant de constater que toutes les populations enquêtées, vivant autour des aires protégées, reconnaissent les valeurs écologiques (formation des pluies, lutte contre l’érosion, réservoirs d’eau, sanctuaires d’animaux sauvages, patrimoines nationaux et mondiaux, etc.) de ces espaces. Toutefois, leurs avis sont partagés quand on évoque les avantages socio-économiques liés au tourisme pratiqué dans les aires protégées. Ces différences sont dues à l’existence des inégalités dans le développement du tourisme aux alentours des trois parcs. En effet, grâce à ses gorilles, le Parc National des Volcans (PNV) est, non seulement, le plus attractif du point de vue touristique, mais aussi le plus pourvoyeur des devises étrangères (RDB, 2016). Pour cette raison, les populations qui l’entourent sont plus conscientes de l’intérêt touristique de ce parc qu’ailleurs. Elles bénéficient des avantages socio-économiques d’une industrie touristique, en pleine croissance, dans la région voisinant le parc (Rwanyiziri, 2009 ; RDB, 2011).
Source: Enquête de terrain
Table 1 : Opinions des ménages (%) vis-à-vis des avantages socio-économiques issus du tourisme dans les trois parcs nationaux du Rwanda
Le tableau 1 ci-dessus montre que les populations vivant autour du PNV apprécient mieux l’enjeu socio-économique lié à l’existence des zones protégées par rapport à celles vivant aux alentours des autres parcs. Cet engouement est sans doute dû à des progrès réalisés dans le domaine de la politique de partage de revenus (Revenue Sharing Scheme) au profit des communautés locales. Entamé en 2003, juste après la première restructuration de l’ORTPN de 2002, ce programme permet de soutenir trois types d’action, à savoir la conservation (réduction des activités illégales et augmentation des responsabilités pour une conservation durable), l’amélioration des conditions de vie des populations locales (réduction de la pauvreté, compensations financières pour les dégâts sur les cultures, promotion d’alternatives à l’exploitation des ressources du parc), et l’entretien de bonnes relations entre le parc et les communautés locales (mise en place de partenariats, réduction des conflits hommes-faune, renforcement des capacités humaines et augmentation de la participation des communautés) (Scholte et Larzillière, 2015).
Une étude menée en 2011 par RDB a révélé que les communautés vivant aux alentours des trois parcs sont activement impliquées dans les projets financés par ce programme de partage des revenus issus du tourisme. Cela se fait dès la phase d’identification du projet à financer jusqu’à celles de la surveillance et de l’évaluation. Au vu des responsables des parcs, cette participation constitue une étape importante vers l’appropriation et la durabilité du projet (RDB, 2011). Toutefois, la même étude a démontré que l’impact de ce programme au sein des communautés locales ne devient très positif que quand il vient épauler d’autres projets pilotés par les autorités locales telles que la construction des écoles, des routes ou centres de santé. Le PNV, faisant rentrer plus de devises que les autres parcs, il est normal que les habitants qui l’entourent soient les plus privilégiés par cette politique que ceux qui vivent autour des autres parcs où les recettes liées au tourisme sont maigres. Entre 2005 et 2010, les fonds alloués par le RDB aux districts environnant le PNV étaient estimés à 142.931.517 Frw contre 114.454.250 Frw et 51.863.555 Frw respectivement pour le PNA et le PNN (RDB, 2011). Depuis 2011 jusqu’à juin 2017, les investissements du genre n’ont cessé d’augmenter pour atteindre 531.466.921 Frw au cours de l’année budgétaire 2016/2017 (RDB, 2017). Ceci est très encourageant si l’on considère que ce programme ne date que de 2003.
Figure 4a & Figure 4b : Le Centre de Santé de Kabatwa (District de Rubavu – PNV) et l’Ecole Primaire de Rugera (District de Rusizi – PNN) inaugurés en 2017 par RDB
(Photos T. Ngoga, 2017)
À part les fonds provenant des revenus du tourisme pratiqué dans les aires protégées, d’autres viennent des projets à caractère socio-économique autour des trois parcs et sont l’œuvre des ONG de conservation et autres bailleurs de fonds. Le but de ce genre de projets est de montrer que la conservation ne sert pas seulement à générer des recettes touristiques pour l’Etat et le secteur privé mais aussi que, grâce aux mêmes recettes ou d’autres sources de financements venant des ONG de conservation, elle peut contribuer au développement socio-économique des populations locales. C’est ainsi qu’à travers le système « gagnant-gagnant » (ou « win-win » en anglais), les principaux acteurs dans le secteur rwandais de la conservation financent des projets à caractère socio-économique tels que la promotion de l’apiculture aux environs des parcs, la culture des champignons, l’artisanat, l’élevage du petit bétail, la construction des foyers améliorés dans plusieurs ménages, etc. (RDB, 2011).
Les principaux partenaires de RDB dans ce domaine sont entre autres le Programme International pour la Conservation des Gorilles (PICG) pour le PNV, la Compagnie de Gestion de l’Akagera (AMC) pour le PNA et Wildlife Conservation Society (WCS) pour le PNN (Scholte et Larzillière, 2015). Là encore, le nombre de ces partenaires est plus élevé autour du PNV qu’ailleurs suite à l’enjeu national et mondial que représente ledit parc (Rwanyiziri, 2009). Néanmoins, quels que soient les avantages socio-économiques tirés du tourisme pratiqué dans les aires protégées, la majorité de cette population reste persuadée que la majeure partie des revenus touristiques revient à l’Etat et aux investisseurs du secteur privé.
Les populations locales : comment peuvent-elles gagner plus ?
Depuis la création d’un département chargé de la politique de conservation communautaire, en 2004, certaines régions riveraines des espaces protégés du Rwanda sont la cible de quelques projets à caractère socio-économique. Toutefois, il est regrettable que ces projets ne soient pas bien menés afin qu’elles puissent atteindre leur principal objectif, celui de réduire la pauvreté des populations autour des aires protégées. La première explication est à attribuer à la stratégie de RDB de s’intéresser aux populations dont le contact avec les activités touristiques est quasi permanent. Une stratégie à court terme dont l’impact sur la réduction de la pauvreté est très réduit. Elle est en effet originaire des milieux conservationnistes et s’inscrit dans le cadre des Projets Intégrés de Conservation et de Développement dont les contraintes d’application sont très connues (Rodary, 2007).
L’autre explication est que ce genre de projets est souvent conçu et appliqués en dehors du cadre normal de développement local des entités administratives dans lesquelles les aires protégées sont localisées. Cela est lié au manque de collaboration entre les responsables de ces projets et les autorités locales, soit parce que ces dernières s’impliquent moins dans la gestion de ces espaces, soit parce que les responsables de ces projets refusent sciemment de les impliquer. Ce manque de complémentarité entre les projets élaborés par RDB (ou ses partenaires) et ceux conçus au niveau des entités décentralisées entraîne un désordre dans le domaine d’un développement local digne de son nom (Héritier, 2007).
Pour faire face à ces difficultés, les principaux acteurs dans le développement socio-économique autour des aires protégées doit utiliser l’approche de développement local en ce qui concerne l’utilisation des fonds issus de la politique de partage des revenus issus du tourisme et/ou autres fonds destinés à promouvoir la conservation communautaire autour des espaces protégés. D’après Houée (2001), le développement local à une double logique : une logique ascendante et une logique descendante. La première est basée sur la façon dont les acteurs locaux décident d’orienter leur destin en matière de développement selon des décisions prises au niveau local avec pour objectif de mobiliser les potentialités et les ressources de groupes sociaux et de communautés locales autour d’un projet commun.
La deuxième logique est basée sur la façon dont les pouvoirs publics centraux viennent en aide aux acteurs locaux à travers le financement de leurs projets ou grâce aux transferts de savoir-faire et de moyens matériels vers les territoires locaux. Dans ce genre de développement, les deux logiques (ascendantes et descendantes) doivent toujours se croiser, dialoguer en se renvoyant des informations. À travers ce canal, les acteurs locaux montrent aux pouvoirs publics centraux qu’ils sont capables de monter des projets pouvant être financés par ces pouvoirs publics centraux. En même temps, ces derniers doivent s’appuyer sur les initiatives locales des acteurs locaux afin d’atteindre leurs objectifs en matière de développement (Rodary, 2007 & Héritier, 2007).
Le croisement de ces deux logiques se fait au niveau des administrations décentralisées qui constituent, dans ce cas, « les relais institutionnels des démarches descendantes et relais de proximité de la dynamique ascendante » (Houée, 2001). Pour le cas du Rwanda, les districts et secteurs administratifs riverains des trois parcs nationaux faisant l’objet d’étude sont concernés. RDB collabore déjà avec les autorités de ces entités locales pour identifier les projets à financer en utilisant les fonds issus de la politique de partage de revenus liés au tourisme et autres fonds provenant de ses partenaires mais ces fonds restent limités et la coordination des différents acteurs pose encore quelques difficultés. Cette approche peut également être utilisée en ce qui concerne d’autres projets de développement socio-économique y compris la promotion du tourisme communautaire en dehors des aires protégées. Ceci peut se faire en diversifiant de nouveaux produits touristiques tels que les visites aux grottes et celles des marchés locaux ou l’apprentissage aux touristes de quelques pratiques traditionnelles des Rwandais comme la danse traditionnelle, la fabrication de la bière de banane et/ou de sorgho, la récolte du thé vert, etc. (Sabuhoro, 2011).
CONCLUSION
Le tourisme pratiqué dans les aires protégées du Rwanda constitue le pilier du secteur touristique rwandais en pleine croissance. Cette dynamique est, non seulement liée à la restructuration de l’ORTPN de 2002 puis celle de la RDB en 2008, mais aussi au rôle joué par le secteur privé en matière d’investissements. Par conséquent, presque tous les revenus issus du secteur touristique rwandais tombent dans les caisses de l’État et dans celles des particuliers du secteur privé, et beaucoup moins dans les poches et/ou sur les comptes des populations vivant autour de ces espaces. Ce qui est considéré comme une injustice étant donné que ces populations subissent les effets négatifs de ces espaces à cause des animaux sauvages qui détruisent ou causent d’énormes dégâts dans leurs champs.
Pour résoudre ce problème, un partage équitable des recettes touristiques faveur des communautés devrait être mis en place. Cela devrait se faire en augmentant le pourcentage annuel que l’État Rwandais alloue aux projets socio-économiques autour des aires protégées passant par exemple d’une fourchette de 5-10 % à celle de 20–30 % de toutes les recettes touristiques. À part RDB, le secteur privé devrait adopter la même politique de partage des revenus en appuyant certains projets initiés par l’État. Enfin, les ONG de conservation devraient renforcer les initiatives de développement local autour des aires protégées en misant sur la promotion du tourisme communautaire en dehors des aires protégées.
Au final, ce partage pourrait contribuer à la diminution du nombre d’activités illégales (chasse des animaux, coupe de bois, etc.) perpétrées par les populations locales. De surcroît, il contribuerait à faire augmenter les économies des paysans qui vivent autour de ces espaces étant donné que la majorité d’entre eux (environ 60 %) vivent dans des conditions socio-économiques assez déplorables. Sans cette solution, les chances d’un possible développement durable seront toujours compromises. Comme conséquence, les aires protégées continueront à subir les pressions venant du milieu environnant.
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Hommage
À la mémoire de mon ami Pierre Sirven (1936 – 2014), ancien Professeur de Géographie Tropicale à l’Université Michel Montaigne – Bordeaux III, et de Géographie Rurale et Urbaine à l’Université Nationale du Rwanda.
Pour citer cet article
Référence électronique
Gaspard RWANYIZIRI, Joseph TUYISHIMIRE & Emmanuel HAVUGIMANA (2017). «Enjeux socio-économiques du tourisme dans les aires protégées d’Afrique Orientale: L’expérience rwandaise». Revue canadienne de géographie tropicale/Canadian journal of tropical geography [En ligne], Vol. (4) 2. En ligne le 31 décembre 2017, pp. 34-47. URL: http://laurentienne.ca/rcgt
Auteurs
RWANYIZIRI Gaspard
Chargé de Cours
Département de Géographie
Université du Rwanda
B. P. 117 Huye, Rwanda
Courriel: g.rwanyiziri@ur.ac.rw
TUYISHIMIRE Joseph
Assistant de Recherche
Centre des Systèmes d’Information Géographique et de Télédétection
Université du Rwanda
B. P. 212 Huye, Rwanda
HAVUGIMANA Emmanuel
Chargé de Cours Associé
Département de Géographie
Université du Rwanda, Rwanda