The exercise of petty trade using the “merchant” wheelbarrow in Yamoussoukro (Côte d’Ivoire)
Guizoa Anderson BABELE
Résumé : La saturation des espaces marchands planifiés entraîne de nouvelles stratégies d’accaparement de l’espace public. L’utilisation de la brouette « marchand » pour l’exercice de l’activité commerciale constitue l’une des stratégies auxquelles s’adonnent les commerçants du centre-ville de Yamoussoukro. Ces commerces qui s’effectuent à l’air libre à travers la brouette se développent au fur et à mesure que la saturation du centre commercial évolue de façon effarante. Cette activité est donc un phénomène, une solution pour une catégorie non négligeable de la population, au regard du passé glorieux de cette ville. Cet article décrit les caractéristiques du métier de brouette « marchand ». Il apparaît ainsi que l’apport de la brouette en matière d’occupation d’espace économique est révélateur des difficultés que rencontrent les autorités municipales à créer des espaces marchands. La nomadisation, de même que la sédentarisation, qui s’opère par le truchement de la brouette « marchand » traduit à la longue le processus d’accaparement de l’espace et rend inefficace la gestion de l’espace par les autorités.
Mots clés : Yamoussoukro, brouette marchand, saturation du marché
Abstract : The saturation of the planned shopping areas leads to new strategies for the appropriation of public space. The use of the “merchant” wheelbarrow for the exercise of commercial activity is one of the strategies used by shopkeepers in the center of Yamoussoukro. These shops, which are carried out in the open air through the wheelbarrow, are developing as the saturation of the shopping center evolves in a frightening way. This activity is therefore a phenomenon, a solution for a non-negligible category of the population, given the glorious past of this city. This article describes the characteristics of the “merchant” wheelbarrow trade. It appears that the wheelbarrow’s contribution to the occupation of economic space is indicative of the difficulties encountered by the municipal authorities in creating commercial spaces. Nomadisation, as well as sedentarisation, which takes place through the use of the ‘merchant’ wheelbarrow, is a long-term expression of the process of monopolisation of space and renders the management of space by the authorities ineffective.
Keywords : Yamoussoukro, merchant wheelbarrow, market saturation
Plan
Introduction
Matériels et méthodes
Saturation progressive du centre-ville avec insuffisance de places marchandes
De l’insuffisance à la saturation constante : un constat du déclin d’investissement dans le domaine des services économiques
Résilience des commerçants face à l’inadéquation des stratégies municipales : cause de l’émergence de la brouette « marchande »
Caractéristique de l’activité à la brouette « marchand »
Deux nouveaux marqueurs spaciaux en équipement marchand : la brouette de chantier et la planche de bois comme espace support
Catégorie et typologie des commerçants utilisant la brouette « marchand »
Spatialité et fonctionnement de l’activité à la brouette « marchand »
Crise dans l’assujettissement de la taxe de l’activité à la brouette « marchand »
Conclusion
Texte intégral Format PDF
INTRODUCTION
Yamoussoukro, capitale politique et administrative, est l’une des villes ivoiriennes où l’on ressent le plus les effets de la crise relative à l’insuffisance des espaces marchands aménagés. Ville inventée, elle a connu plusieurs phases d’aménagement urbain afin de la hisser au rang d’une ville au paysage urbain esthétique. L’aménagement urbain constitue une période particulière dans le processus d’urbanisation de la Côte d’Ivoire. Ainsi, entre 1971 et 1980, ce sont 93,1 milliards de FCFA qui ont été investis par l’État dans cette ville et 41 milliards entre 1981 et 1982 (PUD, 1997). Ces investissements dans tous les domaines urbains ont permis à la ville d’abriter sur le plan administratif plusieurs services publics de fonctions régionales et nationales et d’avoir un paysage urbain harmonieux. Cette ville a vu alors sa population doublée. Elle est passée d’environ 8 020 habitants en 1965 à 35 585 habitants en 1975 pour atteindre 110 013 habitants en 1988. En 1998, cette population était chiffrée à 155 803 habitants. Aujourd’hui, la ville de Yamoussoukro a atteint 250 264 habitants, multipliant ainsi la proportion de la population active et le taux d’activité dans la ville (RGPH1, 2014).
Le marché central en est une parfaite illustration. Celui-ci n’a pas fait l’objet de travaux de réhabilitation depuis les années 1980 (MCLAU2, 2014). Ainsi, assiste-t-on à un seuil critique de saturation étant donné le nombre élevé de vendeurs : 3500 commerçants pour 1500 places officielles sur une superficie de 2,6 ha (Mairie de Yamoussoukro, 2018). Par conséquent, les difficultés qu’éprouvent les autorités municipales dans l’aménagement adéquat de places « marchands » pour accueillir les nouveaux commerçants se caractérisent par l’accaparement des voies de circulation et une adaptation relative à l’insuffisance des espaces marchands. De ce fait, nous assistons à l’apparition et au développement de la brouette « marchand » comme alternative à l’insuffisance des espaces marchands aménagés et ce, malgré la présence de cinq marchés spontanés et la création de sites par la municipalité pour accueillir le surplus de commerçants au sein du centre-ville (nos enquêtes, 2018). L’utilisation de la brouette pour l’exercice de l’activité commerciale met en exergue le problème de l’insuffisance des espaces économiques planifiés. Dès lors, cette insuffisance d’espace marchand constitue en soi un problème qu’il convient d’analyser et surtout de trouver des solutions alternatives. À cet égard, il importe de savoir dans quelle mesure l’utilisation de la brouette constitue une alternative au manque d’espace marchand suffisamment aménagé et en quoi elle participe au développement des équipements marchands dans la ville de Yamoussoukro.
En combinant à la fois l’approche qualitative, l’observation directe, la recherche documentaire et l’enquête de terrain, cette recherche se propose d’analyser l’émergence de la brouette « marchand » dans un espace urbain, en faisant ressortir les limites des stratégies développées par les autorités municipales qui favorisent davantage son établissement.
MATÉRIELS ET MÉTHODES
La réflexion sur l’alternative à l’insuffisance des espaces marchands aménagés s’appuie sur les enquêtes réalisées sur l’espace de Yamoussoukro, à partir de l’observation directe et des interviews avec les commerçants ainsi que le service financier de la mairie. À partir d’un GPS3, la méthode d’itinéraire a permis de connaître le tracé effectué par les commerçants dans l’exercice de leur activité. Compte tenu des contraintes du terrain, nous avons sillonné le centre-ville en compagnie de deux commerçants. Le choix des 150 personnes qui composent l’échantillon a été dicté essentiellement par la disponibilité et sur la nécessité de couvrir les différentes catégories d’activités économiques associées aux brouettes « marchands » sur le marché. Les guides d’entretien utilisés ont donc porté sur les questions relatives au matériel de travail, à l’approvisionnement de marchandises et les différentes relations entretenues avec les autorités municipales. L’interview avec les autorités municipales, à partir d’un guide d’entretien relatif à l’observation directe des réalités du terrain, des questions liées à la faible occupation du site créé pour les commerçants ont été abordées. Les enquêtes ont également permis d’obtenir des informations sur les préoccupations mentionnées plus haut.
La présente étude s’intéresse à l’innovation « technologique » des commerçants face à leur récurrent déguerpissement. Au regard des préoccupations mentionnées, l’analyse s’articule autour de trois points majeurs: le problème de la saturation progressive des marchés centraux, l’émergence de la brouette « marchand » face à l’insuffisance des équipements marchands et enfin la description des caractéristiques de cette activité à savoir son incidence spatiale.
SATURATION PROGRESSIVE DU CENTRE-VILLE AVEC INSUFFISANCE DE PLACES MARCHANDES
La saturation progressive du centre-ville passe par la sphère visuelle et renvoie à une inscription spatiale disharmonieuse. Depuis 1986, la ville de Yamoussoukro n’a pas connu de construction en matière d’équipement marchand adéquat (MCLAU, 2014). La population commerçante est en constante évolution4, pendant que les places officielles au marché n’ont pas connu d’augmentation significative selon les documents d’urbanisme opérationnel, en l’occurrence le plan d’opération5. Le ratio étant de 167 commerçants pour une place officielle (167/1). L’emprise spatiale des activités marchandes s’étend donc au-delà des limites désignées (cf. image satellitaire 1).
Source: Google EARTH, 2018
Image satellitaire 1 : Localisation du marché central
Il y a donc un effet de démarcation avec les places officielles : le débordement associé au confinement de l’activité marchande traduit une certaine saturation des marchés centraux de la ville de Yamoussoukro. Au niveau de la forme urbaine, le marché central6, à savoir celui de l’habitat, se caractérise par un taux d’occupation très élevé. De 1500 places officielles, le marché reçoit quotidiennement plus de 35007 commerçants, soit un peu plus du double de ce qui était prévu. En 1965, pour une population de 8 020 habitants, la population commerçante était de 2 584, soit le tiers de la population totale. Cette population a connu une augmentation vertigineuse en 1988 avec 35 445 commerçants recensés, soit plus de 30 000 commerçants supplémentaires. Trente ans plus tard, ce nombre a doublé et se chiffre à 50 198 commerçants. Selon le dernier recensement général de la population et de l’habitat de 2014, le nombre de commerçants est de 80 633 pour une population de 250 264 habitants (soit une proportion de 32,22 % de commerçants). Cela dénote une croissance significative de cette population (cf. figure 1).
Source: INS, 2019
Figure 1 : Évolution de la population commerçante de Yamoussoukro
Ainsi, il se produit progressivement un dysfonctionnement structurant marqué par l’encombrement des commerçants dans ce marché. Aussi, « Les allées de circulation extrêmement étroites sont largement en deçà des normes de sécurité des équipements marchands » (MCLAU, 2014). Par observation, la saturation du marché et l’absence d’organisation observée pénalisent le fonctionnement de cet équipement marchand. En absence de normes de sécurité adéquate (installation électrique défaillante), le marché a connu plusieurs incendies, dont le plus récent s’est déclaré en novembre 2014 et a provoqué d’importantes pertes matérielles pour les vendeurs. Face à cette situation, les autorités municipales tentent par tous les moyens de répondre aux besoins des commerçants sans cesse croissants (nos enquêtes, 2018), mais cela demeure insuffisant.
DE L’INSUFFISANCE À LA SATURATION CONSTANTE : UN CONSTAT DU DÉCLIN D’INVESTISSEMENT DANS LE DOMAINE DES SERVICES ÉCONOMIQUES
Depuis 2012, la municipalité de Yamoussoukro a aménagé un site provisoire afin de répondre aux besoins sans cesse croissants des commerçants en matière d’occupation d’espace. Les efforts de la municipalité pour désengorger cet espace à travers l’aménagement de site provisoire demeurent insuffisants. Un site d’une superficie de 152 m2 a été aménagé (nos enquêtes, 2018). Ce site est connu sous le nom de marché de friperies. Près de 500 commerçants dans le domaine de la friperie sont destinés à s’installer. Cependant, on n’en trouve qu’une dizaine et parfois aucun commerçant. L’aménagement réalisé par les autorités a été uniquement de délimiter des portions de deux à trois mètres carrés, à même le sol (cf. photo 1).
Cliché BABELE, 2018
Photo 1 : Marché de friperies de Yamoussoukro à ciel ouvert
L’absence de commodité relative à l’approvisionnement en eau portable et en électricité ne permet donc pas une occupation prolongée. Ces vendeurs d’articles électroménagers et de vêtements ont la particularité de se localiser en bordure des voies, beaucoup plus par servitude (nos enquêtes, 2018). L’installation est le résultat d’un processus inévitable à cause de la rapide croissance urbaine de la ville.
Par ailleurs, les insuffisances relatives aux stratégies de relocalisation et de réappropriation de l’espace se voient à travers l’amenuisement des ressources financières de la municipalité de Yamoussoukro. Car les ressources actuelles ne permettent pas à celle-ci de faire face à des investissements sans apport financier de l’État central. Entre 2010 et 2020, l’aide de l’État au titre du budget de fonctionnement est passée de 1 432 422 000 FCFA en 2010 à 645 543 000 FCFA en 2020 (Mairie de Yamoussoukro, 2018). Ainsi, en l’espace de dix ans c’est plus de 700 000 000 FCFA, soit 50 % qui ont été supprimés ou réduits des recettes totales des subventions de la commune de Yamoussoukro. Alors, cette diminution de la dotation budgétaire réduit de facto les investissements dans les services économiques jugés non prioritaires et coûteux. Par exemple, l’affectation des dépenses d’investissement au titre du programme triennal 2018-2020 s’est faite de la manière suivante : en 2018, 71,15 % pour les dépenses des services de collectivités (voirie, adduction d’eau, etc.), 28,31 % pour les dépenses des services socioculturels (éducation, logement, etc.) et 0,54 % pour les services économiques (aménagement de places au marché, etc.). En 2019, ces dépenses d’investissements ont été uniquement réparties dans les services de collectivités et les services socioculturels en raison de 50 % pour les dépenses de chacun des services. Depuis 2020, les dépenses des services économiques ne connaîtront pas une hausse. Actuellement, les dépenses dans ce domaine se limitent à une simple projection (nos enquêtes, 2020). Les commerçants ont donc le sentiment d’être abandonnés par les autorités municipales au regard de l’inaction face à la saturation du marché suivi d’un faible investissement observable. L’initiative privée focalise donc l’attention des populations commerçantes dans l’exercice de leurs activités (Babelé, 2017).
RÉSILIENCE DES COMMERÇANTS FACE À L’INADÉQUATION DES STRATÉGIES MUNICIPALES : CAUSE DE L’ÉMERGENCE DE LA BROUETTE « MARCHANDE »
L’émergence de la brouette « marchand » résulte de l’insuffisance des équipements marchands adéquats et du caractère inapproprié des normes en matière de gestion de l’espace public. L’utilisation référentielle du déguerpissement des espaces ceinturant le marché central met donc l’emphase sur le processus de résilience développé par les commerçants. L’idée de résilience intervient dès lors qu’il y a une certaine optimisation de l’espace par les populations commerçantes (Morange et al., 2016). La disposition des produits sur les étals, l’usage privatif de l’espace marquent ainsi le déploiement de la force municipale contre toute installation abusive. Les commerçants installés sur la voie publique subissent alors les assauts répétés de visites des agents municipaux (Otye, 2011).
L’utilisation fréquente de la force dans les opérations de déguerpissement est due à la défiance manifeste des commerçants. Ceux-ci finissent par opter pour la mobilité (vendeur ambulant), en prenant les brouettes comme espace support. Les propos suivants du responsable des vendeurs de friperies illustrent cette situation : « Ce qui fait que les commerçants utilisent les brouettes, c’est pour pouvoir se déplacer rapidement à la vue des agents de déguerpissements ». En effet, la sortie de la crise postélectorale de 2010 est marquée par des opérations de déguerpissement dans la plupart des villes du pays, notamment dans les capitales comme celle de Yamoussoukro. Cependant, selon Couret (1997) « l’opération de déguerpissement est quelque chose de spectaculaire. Il s’agit d’une action de force souvent orchestrée par la police ou le personnel municipal. Elle consiste à dégager l’espace public, c’est-à-dire enlever toute installation de vente, là où l’usage commercial n’a pas été planifié par les autorités ». Les communes étant fragilisées et affaiblies par près d’une décennie de crise militaro-politique (2002-2011), l’État qui détient le monopole de la puissance publique a alors initié un tel projet. Le bilan de cette opération malgré la médiatisation n’est pas reluisant. Les espaces publics urbains sont de nouveau occupés illégalement (nos enquêtes, 2018). Les abords des routes et trottoirs sont envahis, comme pour défier l’autorité de l’État. Les déguerpis sont revenus à leur place avec cette fois des brouettes, prêts à prendre la clé des champs, rendant à néant les efforts entrepris par l’administration centrale. Peu à peu, cette situation par un processus d’occupation illégale et d’inadéquation des stratégies municipales prend de l’ampleur et aboutit à l’émergence et à la pérennisation de l’activité à la brouette.
CARACTÉRISTIQUE DE L’ACTIVITÉ À LA BROUETTE « MARCHAND »
Le premier élément qui permet d’identifier l’activité à la brouette relève aussi de la sphère visuelle et renvoie ainsi à la rupture de l’ordonnancement relative à l’occupation de l’espace public. Au niveau du statut d’occupation, l’activité à la brouette se caractérise tout d’abord par une mobilité spatiale de type circulaire (Dureau et al., 1997). Cette forme de mobilité prend donc en considération les différents mouvements des commerçants dans l’aire urbaine des quartiers centraux. En parcourant les rues de la capitale, soit en stationnant dans des endroits inappropriés, les commerçants transportent ainsi leurs marchandises dans des brouettes. On assiste alors à une procession de brouettes « marchands » sur la voie principale aux encablures du marché central. Celui-ci est structuré selon l’avenue principale (A3) traversant la ville d’est en ouest et accueille de nombreux commerces et administrations. C’est le lieu privilégié de stationnement des charretiers. Les charretiers s’y réfèrent de part et d’autre de cette avenue (A3). L’organisation spatiale laisse donc entrevoir un emplacement rectiligne le long de cette voie. Selon la logique des aires d’attraction, les limites de stationnement et de circulation de l’activité à la brouette ne sont pas clairement définies. Les activités commerciales à la brouette, notamment la vente de friperie, d’ustensile de cuisines, de légumes, d’articles électroniques se regroupent autour des activités de services (banques, gare routière, marché, etc.). L’avenue (A3) est donc jalonnée de repères constants et immobiles autour desquels les charretiers se regroupent pour proposer leurs marchandises. Les flux, déjà peu nombreux, sont par conséquent marqués par de nombreuses pauses (Coralli, 2001). Leur faible capacité de mobilité se traduit par un matériel non motorisé et rudimentaire (nos enquêtes, 2018). Cette pratique, associée à la croissance des activités, accroît les espaces économiques spontanés dans la ville.
DEUX NOUVEAUX MARQUEURS SPACIAUX EN ÉQUIPEMENT MARCHAND : LA BROUETTE DE CHANTIER ET LA PLANCHE DE BOIS COMME ESPACE SUPPORT
La municipalité par l’insuffisance d’autonomie et de moyens financiers ne permet pas une efficacité des services urbains comme démontrée plus haut. L’investissement reste insuffisant vu l’importance des capitaux à mobiliser (Babelé, 2017). Le contraste qu’offre le paysage économique de la ville indique la présence de nouveaux marqueurs spatiaux en équipement marchand, notamment les brouettes de chantiers et la planche de bois comme espace support économique.
Dans l’activité à la brouette « marchand », l’essentiel du matériel de travail est constitué d’une brouette de chantier, d’une planche de bois, d’une superficie de 1,5 m2 et de la marchandise. La confection par l’artisan-menuisier de cette planche coûte au maximum 3 000 FCFA. L’achat de la brouette varie entre 15 000 FCFA et 20 000 FCFA (nos enquêtes, 2018). Le prix dépend de la qualité de la brouette et celle-ci est tributaire de la marque. Les brouettes de chantiers disponibles dans les différentes quincailleries de la ville sont de marque Sotaci ou Bulldozer. C’est la qualité de la roue qui donne un sens à la robustesse de la marque. La brouette avec des pneus à bandage de caoutchouc plein coûte plus cher que celles qui ne le sont pas. Ces “pneus” sont extrêmement robustes et n’admettent pas un entretien délicat au quotidien. La capacité limite du bac (creux de la brouette) est de 80 litres pour une épaisseur caisse de 1,3 mm. Préalablement destiné aux travaux de chantiers, ce matériel a de multiples fonctions parmi lesquelles figure l’espace support pour la vente de marchandises (cf. photo 2).
Cliché BABELE, 2018
Photo 2 : Brouettes marchandes
Les marchandises directement embarquées dans la brouette illustrent un espace mobile à condition que le bac (creux de la brouette) soit considéré comme un espace mesurable et localisable. L’idée d’espace mobile désigné ici est le fait que la vente de la marchandise, qui se fait avec un engin de déplacement ne nécessitant pas l’apport d’un moteur, n’est pas tenue à la main comme le font les vendeurs à la sauvette. Le nombre de plus en plus croissant de commerçants munis de brouettes fait d’eux une catégorie socioprofessionnelle propre à l’agglomération urbaine de Yamoussoukro.
CATÉGORIE ET TYPOLOGIE DES COMMERÇANTS UTILISANT LA BROUETTE « MARCHAND »
Le bassin de la catégorie des commerçants à la brouette « marchand » résulte de la pauvreté grandissante, du chômage des jeunes et de la recrudescence de la vulnérabilité de la population dans la ville de Yamoussoukro, notamment de la population active (ENVI8, 2015). Cependant, l’activité à la brouette « marchand » est pour l’instant à dominance masculine. Il faut noter que plus de 80 % des acteurs enregistrés sont des hommes (nos enquêtes, 2018). Le détail est donné dans le tableau 1 ci-dessous.
Source : BABELE, 2018
Tableau 1 : Catégorie des charretiers selon le genre
L’analyse du tableau 1 indique que sur une population totale de 150 acteurs enregistrés, on distingue 128 hommes et 22 femmes, soit respectivement 85,33 % contre 14,67 %. Selon les informations recueillies, le faible taux de femmes s’explique par la force physique qu’exige cette activité. Même si ce faible taux des femmes est une réalité, il ne demeure pas un cas généralisable. En effet, la fédération Canadienne des municipalités (2004, p.19), dans une étude sur la place de la femme dans la ville ressort que bien qu’elles soient « directement touchées par les conditions de logements, les transports, les services publics et l’environnement urbain, les femmes se sont de tout temps, engagées à fond dans la vie active en milieu urbain ». En outre, dans la ville en Afrique noire, dans les conditions actuelles de misère urbaine9, la situation des ménages au chômage (hommes et femmes) est liée à la recherche quotidienne de ressources matérielles et financières pour faire face aux besoins de la famille. La rapide croissance de la ville alimentée par l’exode rural10 traduit une augmentation significative de sa population urbaine (taux d’accroissement entre 1998 et 2014 est de 10,4 %). Ce qui alimente fortement ce secteur d’activité compte tenu du fort taux de chômage de la ville qui est de 62 % (RGPH, 2014). Ce taux est largement supérieur à la moyenne nationale qui est de 2,9 % (RGPH, 2014). Cela s’explique par la crise économique qui sévit depuis 1980 dans les villes ivoiriennes avec « la mévente des produits de base (café-cacao) et des différents programmes d’ajustement structurel imposés au pays » (Dembélé, 1993). L’exercice d’une telle activité ne nécessite pas une qualification particulière, ce qui favorise la prolifération des métiers. Les jeunes qui s’y adonnent n’ont pas suivi de formation. La faiblesse de l’investissement fait de ce genre d’activités une aubaine pour les jeunes déscolarisés.
Parmi les activités à la brouette, « marchand » dans l’espace de la ville, la vente de friperie enregistre le plus d’acteurs dans le secteur des vêtements. Sur 150 brouettes inventoriées, il y a 60 acteurs (soit 40 %) qui vendent la friperie (jeans, tee-shirts, chaussettes, pull-overs, chapeaux, etc.), 34 brouettes (soit 23 %) dans la vente d’ustensiles de cuisine ; contre 27 brouettes (soit 18 %) spécialisées pour la vente de chaussures de basket et 29 brouettes (soit 19 %) dans la vente d’accessoires téléphoniques (cf. figure 2).
Source : BABELE, 2018
Figure 2 : Composition des commerçants utilisant la brouette « marchand » en 2018
Les commerçants s’installent sur le domaine public en fonction de la typologie de leur activité. En conséquence, on assiste à l’envahissement des artères principales et à un nouveau mode de ségrégation spatiale dans le fonctionnement de l’activité à la brouette « marchand ».
SPATIALITÉ ET FONCTIONNEMENT DE L’ACTIVITÉ À LA BROUETTE « MARCHAND »
La pratique spatiale de l’activité à la brouette « marchand » se caractérise par deux formes simultanées d’occupation de l’espace public : la nomadisation et la sédentarisation. L’analyse de différents circuits indique que l’utilisation de la brouette par les commerçants se fait de deux manières. Premièrement, il y a l’occupation de manière permanente de la chaussée. Il s’agit de la sédentarisation. Deuxièmement, il et ceux qui sillonnent les rues de la capitale. Il s’agit de la nomadisation. Les acteurs parcourent de longues distances pour l’exercice de leurs activités du fait du nombre croissant de commerçants et de l’insuffisance de places officielles. Le marché central étant le point de départ, l’utilisation de la brouette « marchand » appartenant au groupe du commerce ambulant. Les distances journalières que parcourent les acteurs varient. Selon nos enquêtes de terrain (2018), elles peuvent atteindre 200 mètres pour ce qui concerne la vente dans le centre commercial et de 500 mètres à six kilomètres et demi (6,5 km) lorsque le commerçant atteint les quartiers périphériques qui ceinturent le centre commercial (cf. photo 3).
Photo 3 : Nomadisation des commerçants à la brouette « marchand » dans le centre commercial de la ville
La mobilité des commerçants devient alors l’une des principales caractéristiques de cette activité dans la ville. Les brouettes « marchands » circulent et stationnent progressivement sur la chaussée dans le centre commercial. Les circuits que parcourent les différents commerçants dans le centre-ville ne sont pas fixes (cf. figure 3).
Figure 3 : Pratiques spatiales des commerçants à la brouette dans la ville de Yamoussoukro
Cela met en évidence l’échec des opérations de déguerpissement. Car l’accaparement de l’espace public avec l’utilisation de la brouette « marchand » limite les stratégies de la municipalité dans le cadre de la lutte contre l’occupation illégale de l’espace public. Même s’il est convenable de les identifier comme des commerçants ambulants, ceci demeure une activité nouvelle du fait de sa spécificité. Le commerce ambulant implique en effet la vente ou l’exposition de son produit à un consommateur en dehors de son établissement. Les acteurs de la brouette « marchand » ont pour établissement la brouette. La brouette « marchand » apparaît à la fois comme un espace mobile de travail manuel et d’échange de biens ; mais aussi comme un espace fonctionnel régi par des règles particulières d’organisation spatiale. La photo 4 en est l’illustration.
Cliché BABELE, 2018
Photo 4 : Sédentarisation ou accaparement de la chaussée par les commerçants
Le phénomène de l’utilisation de la brouette pour l’exercice d’activités commerciales dans les villes africaines est la manifestation d’une crise dans l’offre de services urbains (Otye, 2011). Le regroupement de brouettes devant les grandes surfaces commerciales, aux abords de voies ceinturant le marché central, la diversité des produits proposés et les randonnées effectuées souvent par ces charretiers en parcourant de longues distances foisonnent de plus en plus dans cette ville.
Miras de Claude et Hugon Philippe, cités par Ela (1983), ont écrit sur le secteur informel à Abidjan, à Ouagadougou, pour ne citer que ces capitales des villes africaines. Ils ont observé que le petit commerce est constitué de légions de vendeurs à la sauvette ou des marchands ambulants à forte mobilité que l’on rencontre couramment dans les villes sous-développées. Ces vendeurs intègrent désormais le mode de vie économique de la population urbaine auquel les autorités municipales envisagent leur taxation11 (droit de place) sans toutefois avoir les moyens coercitifs nécessaires pour le faire.
CRISE DANS L’ASSUJETTISSEMENT DE LA TAXE DE L’ACTIVITÉ À LA BROUETTE « MARCHAND »
L’assujettissement de la taxe forfaitaire des activités liées à la brouette marchand ne cadre pas avec la législation relative à la taxe relevant de l’occupation du domaine public. Selon les services financiers de la mairie, il n’existe pas dans les textes actuels une taxation sur l’activité à la brouette « marchand » occupant l’espace public (nos enquêtes, 2018). Le non-renouvellement des textes et lois sur le domaine public urbain ne permet pas la mise en place d’une politique adéquate de la taxe municipale. Le texte en vigueur portant réglementation du domaine public et des servitudes d’utilité publique en Afrique occidentale française (AOF), et particulièrement en Côte d’Ivoire, découle du décret du 29 septembre 192812 (Boko et al., 2009). Au regard de ces textes, la gestion du domaine public reste complexe, car les limites de certaines portions du domaine public demeurent floues (Babelé, 2017). Certes, la loi a libellé des activités distinctes au niveau de la taxe forfaitaire : restaurant, artisanat, étalage dans les rues, etc. La fixation de la taxe se fait selon la superficie de la portion de l’espace public occupé. Cependant, la notion du domaine public est vaste. Elle a complètement vieilli et ne correspond donc plus à la réalité sur le terrain. Aucune modification officielle de cette loi n’est encore intervenue. Cette absence de clarté provoque des difficultés d’application de la taxe forfaitaire de certaines activités, notamment les marchands de bétail, et les activités à la brouette « marchand ». Par exemple, les marchands de bétail sont assujettis à une taxe de 4000 FCFA par mois. Cette taxe n’est pas recouvrée, car il n’existe pas dans les textes une taxation sur le bétail occupant l’espace public.
Pour pallier cette situation, le service financier a procédé à un recadrage des textes qui régissent les taxes. Validé par le conseil municipal, ces textes sur les taxes stipulent que lorsque l’occupation est hors auvent le mètre carré coûte 100 FCFA, et sous auvent, le mètre carré revient à 200 FCFA. C’est dorénavant à cette nouvelle réglementation que sont assujettis les commerçants installés sur le trottoir. Mais ce recadrage est devenu obsolète au regard de la prééminence et de la particularité de l’activité à la brouette tel que décrit plus haut. Dans les petits métiers de rue et l’emploi13 ; la similitude des résultats avec les travaux de Kengne (1991) peut être mise en rapport avec la crise dans l’application des taxes forfaitaires dédiées à l’occupation des espaces publics urbains dans les capitales africaines. Le terme de crise dans la gestion de l’espace public fait référence aux difficultés qu’éprouvent les services municipaux à assujettir à la taxe de l’ensemble des activités en mutation. C’est donc à juste titre que Simard (2005) aborde la mort de l’espace public. Selon lui, la notion même d’espace public est pratiquement vidée de son sens dans la mesure où le mélange des gens et des activités entre en contradiction avec l’organisation même de l’espace, caractérisé par l’absence de barrières entre espace économique et domaine public.
CONCLUSION
L’utilisation de la brouette « marchand » comme espace support est une réalité dans la ville de Yamoussoukro. La saturation du marché central a des répercussions dans la gestion du domaine public. Le recours à la brouette « marchand » dénote de l’esprit de créativité des commerçants. Elle traduit également la difficulté des autorités municipales à anticiper et gérer les défis de l’urbanisation. Ces initiatives apparaissent comme la solution trouvée par les commerçants face à l’insuffisance de places au marché central. La prise en main progressive, des commerçants par l’utilisation de brouettes « marchands », contribue en quelque sorte à une certaine participation de ceux-ci dans le fonctionnement harmonieux du centre commercial. Cette situation est révélatrice du déclin de l’investissement en équipements marchands adéquats. Le contexte urbain de Yamoussoukro se caractérise par une croissance du taux de chômage du fait de la longue crise économique et de l’incapacité du secteur moderne à offrir des emplois à cette population active sans cesse grandissante. Les difficultés liées à la gestion de cette croissance urbaine entraînent donc la prolifération des petits métiers de rue. Cependant, l’utilisation de la brouette « marchand » répond à un réel besoin de la population active. En effet, dans l’état actuel de nos sociétés africaines, où la limite entre espace public et espace marchand demeure floue ; ou les autorités elles-mêmes ne parviennent pas à faire appliquer la loi, l’utilisation de la brouette « marchand » devient la nouvelle stratégie de survie parmi la population active. Le déguerpissement comme principale solution pour lutter contre l’occupation abusive des espaces publics entraîne à la longue une résilience des commerçants. Ainsi, l’intégration progressive de la brouette « marchand » dans les capitales des villes sous-développées (Yamoussoukro et d’autres localités du pays) en est une illustration. Les commerçants ont donc recours à l’initiative privée pour satisfaire leur besoin en équipement marchand. En attendant que la ville se dote d’un équipement marchand moderne et représentatif de son statut de capitale. Améliorer les conditions de l’exercice du petit commerce par le moyen de la brouette « marchand » entraînera nécessairement une diminution de nombre de commerçants sur le marché, voire la création d’emploi. La désaturation paraît obligatoire pour assurer la fonctionnalité, l’attractivité du marché central. L’utilisation de la brouette comme un moyen de désaturation des marchés centraux peut donc être envisagée comme une opération globale sur l’armature commerciale de la ville africaine.
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Note de bas de page
1. RGPH : Recensement Général de la Population et de l’Habitat, 2014 (Côte d’Ivoire). Toujours en vigueur pendant l’écriture de cet article.
2. MCLAU : Ministère de la Construction du Logement de l’Assainissement et de l’Urbanisme
3. GPS: Global Positionning System. Voir: https://fr.wikipedia.org/wiki/Global_Positioning_System
4. De 8 020 habitants en 1965, elle est ainsi passée à 110 013 habitants en 1988, et ensuite à 155 803 habitants dix ans plus tard. Aujourd’hui, elle est d’environ 250 264 habitants (RGPH, 2014).
5. Le plan d’opération fait partie des documents à élaborer pour ce qui concerne des travaux détaillés dans l’aménagement ou la restructuration des ilots. Il définit donc les conditions d’aménagement de quelques ilots. Il donne les règles qui garantissent la qualité urbanistique de l’opération projetée. Cela passe par l’élaboration des plans : plan de lotissement, plan de restructuration, plan de morcellement du marché par exemple.
6. Situé au centre de Yamoussoukro, de latitudes 6°49’13.23″ Nord et de longitudes 5°16’24.56″ Ouest, le quartier HABITAT s’étend sur une superficie de 104,8 ha pour une densité de population de 223 habitants/ha
7. Le nombre de commerçants a été estimé à partir du registre de la direction des affaires financières de la mairie de Yamoussoukro (2019)
8. ENVI : Étude sur le niveau de vie de la population, réalisée par le Ministère d’État, Ministère du Plan et du Développement (Côte d’Ivoire) en 2015. Consulté : http://www.ins.ci/n/templates/docss/env2015.pdf
9. Voir Jean Marc Ela, « La ville en Afrique noire », Édition Karthala, 1983
10. Mayer R. et Moustapha S. (2010). « Espaces urbains tropicaux africains et leur appropriation dans la construction de la ville tropicale : enjeux de deux systèmes d’organisation, le formel et l’informel dans l’utilisation de l’espace ». Dans la Revue canadienne des sciences régionales, CJRS (Online)/ RCSR (en ligne) Vol. 33 (1): 145-156. http://www.cjrs-rcsr.org/cjrs-online.htm
11. Nyassogbo G K. (2011). « Les activités informelles et l’occupation des espaces publics. Les trottoirs de Lomé au Togo », in revue de Géographie Tropicale et d’Environnement, n°2 : EDUCI, pp. 26-37
12. Selon Boko et al. (2009). La première définition du domaine public est celle du décret du 20 juillet 1900, qui sera par la suite remplacé par le décret du 28 septembre 1928, complété et modifié par les décrets du 7 septembre 1935, 3 juin 1952 et 5 mai 1955, et son arrêté d’application du 28 septembre 1928.
13. Kengne F. (Ed), 1991. « les petits métiers de rue et l’emploi : le cas Yaoundé ». Éditions SOPECAM, 164p
Pour citer cet article
Référence électronique
Guizoa Anderson BABELE, (2020). « L’exercice du petit commerce au moyen de la brouette « marchand » à Yamoussoukro (Côte d’Ivoire) ». Revue canadienne de géographie tropicale/Canadian journal of tropical geography [En ligne], Vol. (7) 1. En ligne le 25 novembre 2020, pp. 08-15. URL: http://laurentian.ca/cjtg
Auteur
Guizoa Anderson BABELE
Institut de Géographie Tropicale (IGT)
Université Félix Houphouët Boigny (UFHB)
Abidjan, Côte d’Ivoire
Émail: andersonbabele@yahoo.com