ÉTONGUE MAYER, Raoul (2014) Notion de géographie physique. Éditions des archives contemporaines, Paris, 469 p. (ISBN 978-2-81300-136-8)
DUBOIS Jean-Marie M.
Géographe et professeur émérite
Université de Sherbrooke, Québec, Canada.
Ce manuel est le troisième ouvrage de l’auteur dans le domaine de la géographie physique, après Dictionnaire des termes de géographiques contemporains en 2002 (2012) et Géomorphologie : principes, méthodes et pratique en 2003 (2006). Par ses ouvrages, ce géographe de l’Université Laurentienne, à Sudbury en Ontario, met à la disposition des étudiants francophones son expérience de géographe et d’enseignant à l’aide d’ouvrages de qualité dans leur langue maternelle, ce qui devient de plus en plus rare de nos jours, surtout au Canada. Cette pénurie d’ouvrages scientifiques en français est le fait de la non reconnaissance de ce genre de publication dans les curricula des chercheurs universitaires par les organismes subventionnaires et, par le fait même, des universités. Heureusement qu’il y a encore quelques rares universitaires comme Raoul Étongué Mayer pour se hausser au-dessus de cette aberration. Si on combine son manuel de géomorphologie et son dictionnaire de géographie au manuel de géologie de Landry et al. (2012) et au dictionnaire de géomorphologie de Genest (2000), les étudiants universitaires en sciences de la Terre peuvent maintenant couvrir tout le domaine du milieu physique avec des ouvrages détaillés canadiens.
Le manuel de géographie physique de Raoul Étongué Mayer couvre de façon très pédagogique l’ensemble des composantes de la Terre, soit la lithosphère, l’hydrosphère, la cryosphère, l’atmosphère et la biosphère. En ce sens, il se compare très bien au fameux manuel d’introduction à la géographie physique que la famille Strahler publie depuis le début des années 1950 en milieu anglophone.
L’ouvrage comprend 12 chapitres en plus d’une introduction générale qui présente le contenu et d’une brève conclusion sur l’essentiel à retenir. À chacun des chapitres sont associés des références qui permettent d’approfondir la matière en fonction de l’intérêt du lecteur. Le premier chapitre est une introduction aux champs d’étude de la géographie physique et à sa place en géographie ainsi que dans les sciences de la Terre. Le deuxième chapitre porte sur la place de la Terre dans notre système solaire et les façons de la représenter. Le troisième chapitre porte sur la lithosphère où, après une introduction sur l’origine de la Terre et sa structure interne, l’auteur explique comment se construisent et s’érodent les formes de relief de façon naturelle et avec l’aide de l’humain. Les chapitres 4 à 7 portent sur l’ensemble des composantes atmosphériques ainsi que sur les climats et microclimats. Ce sont des chapitres très fouillés, un véritable petit manuel de climatologie, qui mène à la mise en place des écosystèmes et des géosystèmes (espaces géographiques naturels).
Le chapitre 8 sur les sols fait le lien entre les climats et le chapitre suivant sur l’hydrosphère qui sont deux intrants incontournables dans les caractéristiques, la formation et l’évolution des sols. Le chapitre 9 sur l’hydrosphère, porte presque exclusivement sur les milieux océaniques et il y a une lacune évidente sur les milieux fluviaux et lacustres. Le chapitre suivant porte sur la biogéographie végétale mais ce chapitre devrait être placé après le chapitre 11 qui porte sur la cryosphère, des calottes glaciaires aux glaces flottantes. Ce dernier chapitre demanderait à être restructuré car, entre autres, la section des formes d’accumulation ne porte que sur les tills et moraines alors qu’on retrouve d’autres formes d’accumulation dans les sections suivantes sur les drumlins, le fluvioglaciaire, le glacio-marin et le glaciel.
Le dernier chapitre porte sur les risques et catastrophes naturelles. C’est un chapitre final instructif où tous les risques sont mentionnés qui porte à réflexion sur la façon de les gérer. En effet, au-delà de ce qui est mentionné dans le livre, le problème est que, malgré les meilleurs plans de prévention et de gestion des risques, encore faut-il les appliquer. Il est difficile de lutter contre l’inertie sociale et des systèmes…
Sauf la remarque précédente pour le chapitre 11, les chapitres du livre sont bien structurés avec des références pour en savoir plus à la fin de chacun. Cependant, les conclusions n’en sont pas vraiment car l’auteur se contente de faire un très bref résumé de la matière et d’inciter le lecteur à poursuivre sa lecture au chapitre suivant. Malheureusement, comme la majorité des livres scientifiques et certainement indépendamment de la volonté de l’auteur, le manuel souffre du mal qui ronge l’édition en général depuis son informatisation, soit la trop grande réduction des figures. En effet, 38 % des figures du manuel sont trop réduites pour une lecture facile et pédagogique alors que l’éditeur avait l’espace nécessaire pour les produire de façon lisible.
Références bibliographiques
ÉTONGUE MAYER, R. (2006). Géomorphologie : principes, méthodes et pratique. 2e édition, Guérin universitaire, Montréal, 496 p.
ÉTONGUE MAYER, R. et ROCHE, Y. (2012). Dictionnaire des termes géographiques contemporains. 2e édition, Guérin universitaire, Montréal, 365 p.
GENEST, C. (2000). Dictionnaire de géomorphologie. Société de géographie de la Mauricie, Trois-Rivières, 402 p.
LANDRY, B., BEAULIEU, J., GAUTHIER, M., LUCOTTE, M., MOINGT, M., OCCHIETTI, S., PINTI, D. L. et QUIRION, M. (2012). Notions de géologie. 4e édition, Modulo, Montréal, 640 p.