Approche territoriale de l’entrepreneuriat : Essai de conceptualisation

Territorial approach of entrepreneurship: essay of conceptualization

DALI Chantal, NOMO Théophile Serge


Résumé: Cet article est un essai de conceptualisation d’une approche territoriale de l’entrepreneuriat suivant une perspective d’économie régionale. Dans les autres disciplines qui ont étudié l’entrepreneuriat, les chercheurs tentent de comprendre le déclenchement d’un événement entrepreneurial en le corrélant avec des facteurs situationnels et individuels. Ces approches analysent, dans une perspective temporelle et contingente, les variables personnelles et environnementales qui favorisent ou inhibent l’esprit d’entreprise, les actes et les comportements entrepreneuriaux. Avec la prise en compte de l’espace dans la pensée économique, les théoriciens de l’économie régionale sont passés de la dimension temporelle à une dimension spatiale pour étudier la relation entre les entreprises et le territoire. Dans l’approche territoriale de l’entrepreneuriat, les dimensions socioculturelles que sont le degré de confiance et de coopération entre les agents économiques ont un impact majeur sur l’apprentissage et l’innovation qui résultent du fonctionnement du système. Ces dimensions représentent ici le terreau de l’événement entrepreneurial.  

Mots clés : Entrepreneuriat, Territoire, Développement local, Économie régionale, Entreprises 

 

Abstract: This article is an attempt to conceptualize a territorial approach of entrepreneurship in a perspective of regional economy. Reflections are focused on the relationship between business and territory. Starting from various classifications of approaches to entrepreneurship, we deduce that, in these approaches, researchers are trying to understand triggering an entrepreneurial event correlating with the situational and individual factors. These approaches analyze, in a temporal and contingent perspective, personal and environmental variables that promote or inhibit entrepreneurship, acts and entrepreneurial behavior. With the inclusion of space in economic thought, theorists have passed the time dimension in a spatial dimension to study the relationship between business and territory. In the territorial approach to entrepreneurship, socio-cultural dimensions that are the degree of trust and cooperation between economic agents have a major impact on learning and innovation that result from system operation. These dimensions represent here the breeding ground for entrepreneurial event.  

Keywords: Entrepreneurship, Territory, Local development, Regional Economy, Enterprises  

 

Plan

Introduction
Les approches de l’entrepreneuriat répertoriées dans les écrits scientifiques
L’approche fonctionnelle
L’approche sur les individus
L’approche par les processus
L’approche territoriale
Trois grands courants théoriques de développement régional
Le développement économique local
Le district industriel
Le milieu innovateur
Les stratégies pour promouvoir le développement territorial à travers l’entrepreneuriat
La localisation optimale des entreprises et les économies d’agglomération
Les avantages liés à l’innovation et à la création de systèmes territoriaux d’innovation
Les pépinières d’entreprises et le rôle des agents de développement
Analyse critique
Conclusion

 

Texte intégral                                                                                 Format PDF

INTRODUCTION

Selon Higing et Savoie (1995) aucun concept n’a joué un rôle plus grand dans les théories du développement que celui de l’entrepreneuriat. Ces auteurs soulignent que le manque d’entreprises dans certaines régions et leur concentration dans d’autres est une source d’explication des disparités régionales. Ceci montre bien la pertinence de la création d’entreprises pour les économies locales (Dejardin, 2010; Joyal, 1997; Julien, 1996). Dans ce même sens, des auteurs comme Julien et St-Pierre (2015) ont mené des études pour connaître les déterminants clés qui influencent l’entrepreneuriat régional. De ces différents travaux, nous retenons que l’entrepreneuriat est un concept multidimensionnel. Plusieurs disciplines étudient ainsi l’entrepreneuriat et l’entrepreneur depuis environ deux siècles (Torrès et Messeghem, 2015). Parmi ces disciplines, nous pouvons citer la théorie économique, la sociologie, la psychologie et les sciences de la gestion (Guyot et Van Rompaey, 2002).

Selon Dejardin (2010), c’est seulement dans les années 1970 que la création d’entreprises a commencé à être étudiée comme problématique de recherche en économie régionale. Cette problématique a été pleinement reconnue avec les travaux des auteurs pionniers comme Cross (1981), Storey (1982 ; 1984), Keeble et Wever (1986) et Johnson (1986). Depuis lors, plusieurs travaux continuent de développer un argumentaire explicatif de la création d’entreprises et de ses rapports au territoire. Parmi ces travaux, nous pouvons citer : Acacha (2013), Chabault (2006), Courlet et Pecqueur (1998), Dejardin (2006), Dokou (2014), Joyal (2006), Julien (2005 et 2007), Julien et St-Pierre (2015), Kotey (2006), Maillat (2003), Proulx (1998), Rallet et Torre (2004) et Velt (2002, 2015).

L’objet de cet essai est de contribuer à une conceptualisation de l’approche territoriale de l’entrepreneuriat. Il s’agit ici de mettre en relief les stratégies élaborées par les théoriciens du développement régional et local pour promouvoir le développement local à travers l’entrepreneuriat. Notre propos s’articule autour de cinq grandes parties. La première partie présente une analyse disciplinaire des approches de l’entrepreneuriat. La deuxième partie décrit notre conception de l’approche territoriale. La troisième et la quatrième partie mettent en relation les deux concepts, développement territorial et entrepreneuriat, aux fins d’illustrer comment certains courants du développement régional et local misent sur l’entrepreneuriat comme facteur de développement local et les approches théoriques qui sous-tendent ces stratégies. Pour finir, la cinquième et dernière partie met en exergue notre analyse critique sur l’approche territoriale de l’entrepreneuriat que nous avons élaborée à partir des écrits scientifiques.

LES APPROCHES DE L’ENTREPRENEURIAT RÉPERTORIÉES DANS LES ÉCRITS SCIENTIFIQUES

De l’analyse des écrits scientifiques, nous pouvons retenir que les recherches sur l’entrepreneuriat se résument en trois approches fondamentales : l’approche fonctionnelle, l’approche sur les individus et l’approche par les processus.

L’APPROCHE FONCTIONNELLE

L’approche fonctionnelle de l’entrepreneuriat est une approche économique. Les économistes s’attachent ici à décrire les fonctions remplies par l’entrepreneur. Ils s’intéressent à ce que fait l’entrepreneur. Ces auteurs analysent le concept de l’entrepreneuriat sous l’angle de la création d’une organisation génératrice de richesse. L’examen des écrits scientifiques sur le sujet (Tounès, 2003; Verstraete et Marchesnay, 2000) montre que quatre grandes fonctions entrepreneuriales ont été envisagées : le preneur de risques, la combinaison des facteurs de production, la fonction d’innovation et la fonction d’arbitrage[1].Bygrave et Hofer (1991) ainsi que Gartner (1985) ont fait leur analyse sur l’entrepreneuriat sous l’angle de la création d’une organisation génératrice de richesse. Ils s’inscrivent ainsi dans l’approche fonctionnelle. Pour Fayolle (2012), cette approche économique se donne pour objet de saisir l’impact de la création d’entreprise et le rôle des entrepreneurs dans le développement socioéconomique. Guyot et Van Rompaey (2002) précisent aussi que c’est la théorie économique qui la première a reconnu le thème de l’entrepreneuriat comme étant d’intérêt scientifique.

L’APPROCHE SUR LES INDIVIDUS

L’approche sur les individus ou approches comportementale de l’entrepreneuriat est une approche psychologique. Les recherches sur l’entrepreneuriat portent ici sur le créateur d’entreprise et sur ses caractéristiques psychologiques. Ces recherches se sont articulées essentiellement, comme le note Hernandez (1999), autour de trois thèmes : le besoin d’accomplissement du créateur, l’internalité du lieu de contrôle et la prise de risque. Les chercheurs distinguent les créateurs des non créateurs. Aussi, mettent-ils en évidence les critères distinctifs entre ceux qui réussissent et ceux qui ne réussissent pas. Ils s’intéressent dans cette approche à un aspect plus psychologique. Il s’agit de comprendre pourquoi certains individus décident de se lancer dans la création d’entreprise et d’autres pas (Hernandez, 1999). Pour Kilby (1971), qui a étudié la problématique entrepreneuriale dans les pays en voie de développement, l’explication économique ou psychologique de l’entrepreneuriat n’est pas prédominante dans ces pays. Pour cet auteur, c’est plutôt la thèse wébérienne[2] qui peut servir pour expliquer l’entrepreneuriat dans les pays du Sud.

L’APPROCHE PAR LES PROCESSUS

L’approche par les processus, comme le souligne Fayolle (2002), fait référence à des notions essentiellement empruntées à la théorie des organisations : l’émergence organisationnelle et l’opportunité entrepreneuriale. Cette approche se veut complexe et multidimensionnelle. Ici, les auteurs (Shane et Venkataraman, 2000; Chrisman, 1999, Hernandez, 2001, Bouchikhi, 1990, Verstraete, 2000) s’orientent vers les notions d’opportunités, de prise d’initiatives, d’autonomie, de conduite du changement, d’évaluation et de l’acceptation des risques. Pour Fayolle (2002), l’étude des processus est aujourd’hui au cœur de nombreux travaux dans le domaine de l’entrepreneuriat. Tounès (2003), quant à lui, explique que l’approche par les processus repose sur les deux autres approches de l’entrepreneuriat définies par Fayolle (2002), à savoir l’approche fonctionnelle et l’approche comportementale. En effet, l’approche par les processus fait appel aux variables psychologiques, culturelles, sociales, politiques et économiques des approches fonctionnelle et comportementale. L’approche par les processus inscrit ces variables dans une dimension dynamique et complexe. En effet, « la démarche processuelle a pour objet d’analyser dans une perspective temporelle et contingente, les variables personnelles et environnementales qui favorisent ou inhibent l’esprit d’entreprise, les actes et les comportements entrepreneuriaux » (Tounès, 2003 : 35). Dans cette approche, les auteurs tentent de comprendre le déclenchement d’un événement entrepreneurial en le corrélant avec des facteurs situationnels et individuels.

Mises à part les facteurs situationnels et individuels, d’autres facteurs comme des facteurs de localisation influencent également l’événement entrepreneurial. Nous nous situons ici dans une perspective territoriale.

L’APPROCHE TERRITORIALE

Le territoire, objet d’analyse ou cadre de la dimension spatiale des processus de développement, réfère à des réalités assez différentes en lien avec les problématiques (Bertrand, 2003). Ainsi pour Bertrand (2003), si la nature construite du territoire constitue un facteur commun, les approches de cette construction diffèrent selon les chercheurs Deux grandes orientations peuvent ainsi se croiser ou se superposer dans les recherches : (1) l’orientation qui porte sur le territoire comme étant la concrétisation de relations et de réseaux, économiques, sociaux et culturels et (2) l’orientation qui considère le territoire comme un espace institutionnel où s’exerce une autorité. Dans la première orientation,

Il s’agit alors d’analyser le contenu économique et/ou organisationnel de projet de développement relevant de niveaux institutionnels (communes, syndicats intercommunaux, et schémas directeurs, entres autres) et de comprendre les logiques économiques qui leur donnent sens. Ce sont donc des questions d’attractivité et de désaffection territoriale, du rapport de concurrence territoriale et de conditions d’émergence de l’offre qui vont être investies (Bertrand, 2003 : 117).

Ainsi, un territoire peut se définir sous des angles variés : par exemple géographique, socioculturel et économique. Au niveau économique, le territoire est le lieu de mise en œuvre d’activités économiques liées aux ressources locales. Au niveau géographique, le territoire est d’abord un espace. Les sociologues ont substitué « territoire » à « espace » du fait des dimensions sociales de l’espace. Ainsi, le territoire est un espace géographique résultat historique d’une construction sociale Vernières (2009). Dans ce sens, un territoire évoque une structuration et une organisation de l’espace (Perrin 1983). Pour Denieuil (2005), un territoire se définit soit par une homogénéité physique et géographique, soit par une identité socioculturelle ou encore par une localisation sectorielle et industrielle. Pour Vernières (2009), le territoire se caractérise en premier lieu par les relations (économiques, politiques et sociales) des divers acteurs qui interviennent sur cet espace. Selon cet auteur, les territoires sont nécessairement inégaux (par leur superficie, leur population, leurs structures productives et leurs ressources). C’est, en fait, l’intensité et la nature des relations des divers acteurs qui sont essentielles pour caractériser et différencier les territoires.

Pour Farrugia (1997 : 30) cité par Akindès (2003 : 7), « le lien social est constitué d’une agrégation de valeurs distinctes, intégrées ou dissociées, centripètes et centrifuges. Ces valeurs associées ou dissociées qui composent le lien social sont de cinq sortes: affectives, éthiques, religieuses, politiques et économiques ». Ainsi pour Akindès (2003), les valeurs constitutives du lien social ont du sens pour les membres d’une société donnée; et cela dans la conscience et l’imaginaire collectifs. Ce sont ces valeurs qui prévalent dans la cogestion de ce que les membres de la société estiment être un bien commun à préserver dans l’intérêt général.

En fait, « il convient de comprendre le lien social comme ce qui maintient, entretient une solidarité entre les membres d’une même communauté, comme ce qui permet la vie en commun, comme ce qui lutte en permanence contre les forces de dissolution toujours à l’œuvre dans une communauté humaine » (Farrugia, 1997 : 30) cité par (Akindès, 2003 : 8).

Après avoir précisé l’approche territoriale, nous allons maintenant décrire les approches théoriques de développement régional par l’entrepreneuriat.

TROIS GRANDS COURANTS THÉORIQUES DE DÉVELOPPEMENT RÉGIONAL

Nous développons ici l’approche de développement économique local, l’approche du district industriel et l’approche du milieu innovateur.

LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE LOCAL

L’approche de développement économique local vise la création d’emplois et s’adresse particulièrement aux entreprises privées. Le développement est ici décrit comme une perspective centrée sur la revitalisation des communautés locales sous l’impulsion d’initiatives mises en œuvre par la population elle-même. Pour Tremblay (1999),

« Cette approche est principalement orientée vers l’amélioration des indices économiques traditionnels tels la croissance des emplois et des revenus à partir d’initiatives mises en œuvre par le secteur privé. Certains auteurs parlent de modèle fonctionnel qui se traduit par un modèle de l’ajustement aux marchés mondialisés (Dionne, 1996) » (Tremblay 1999 : 26)

LE DISTRICT INDUSTRIEL

Le district industriel de Marshall (1920) peut être défini comme une concentration spatiale de plusieurs entreprises, généralement de petite taille, et qui opèrent dans une même branche industrielle ou dans des branches connexes. Les caractéristiques principales de ce district sont : une division poussée du travail entre les firmes, la réalisation d’économies externes, l’accumulation de savoir-faire spécialisé et la diffusion de l’innovation (Filion et al, 2003). L’approche districts industriels nous montre ainsi que l’efficacité de la production peut être acquise au sein d’un espace et non seulement par la division du travail et la croissance au sein d’une firme. Plusieurs concepts ont été mobilisés par l’approche districts industriels ; l’on peut citer entre autres : l’encastrement, les économies externes et les effets d’entraînement en termes de connaissances (Filion et al, 2003). La notion de districts industriels a été reprise dans plusieurs pays, notamment en Italie (troisième Italie).

LE MILIEU INNOVATEUR

L’approche milieu innovateur est apparue et s’est raffinée avec les travaux de chercheurs européens (Aydalot, Keeble, Camagni, Maillat, Perrin, Quévit et Senn) du GREMIGREMI[3].Le concept de milieu innovateur a d’abord évoqué « un ensemble de relations territoriales cohérentes » (comprenant : un système productif, des acteurs sociaux, une culture et un système de représentations) aboutissant à « un processus d’apprentissage dynamique ». Ce concept a ensuite fait référence aux « relations entre la firme innovante et le milieu ». Enfin, le concept de milieu innovateur se rapporte aux réseaux d’innovation avec des imbrications dans des réseaux éloignés (Filion et al, 2003).

La figure 1 et le tableau 1 présentent une analyse récapitulative et comparative des trois approches de développement régional analysées.

Figure_1

Figure 1 : Fiche récapitulative des trois approches de développement régional analysées

Tableau_1

Tableau 1 : Analyse comparative des trois approches de développement régional

L’approche de développement économique local, l’approche du district industriel et l’approche du milieu innovateur constituent différents courants théoriques qui permettent d’expliquer diverses stratégies pour promouvoir le développement régional à travers l’entrepreneuriat.

LES STRATÉGIES POUR PROMOUVOIR LE DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL À TRAVERS L’ENTREPRENEURIAT

Les stratégies élaborées par les théoriciens du développement régional et local pour promouvoir le développement local à travers l’entrepreneuriat ont débuté avec l’approche du « district industriel » d’Alfred Marshall (1890 et 1919) et se sont poursuivies avec l’approche du milieu innovateur de chercheurs européens (Aydalot, Keeble, Camagni, Maillat, Perrin, Quévit et Senn) du GREMI . Des stratégies de développement régional misant sur l’entrepreneuriat ont ainsi été développées. Ces stratégies se structurent autour de deux axes principaux : (1) la localisation optimale des entreprises et les économies d’agglomération et (2) les avantages liés à l’innovation et à la création de systèmes territoriaux d’innovation.

LA LOCALISATION OPTIMALE DES ENTREPRISES ET LES ÉCONOMIES D’AGGLOMÉRATION

L’analyse de l’approche « district industriel » met en exergue la place capitale des économies d’agglomération dans la pensée économique spatiale. Les économies d’agglomération dérivent de la proximité physique des entreprises. Cette proximité physique suit une logique de localisation dans l’espace. La localisation dans l’espace est influencée par des forces centrifuges et des forces centripètes. Les forces centripètes favorisent la concentration. La concentration, elle, permet d’augmenter les gains de productivité. Notons qu’il existe plusieurs formes de concentration : la concentration qui favorise les économies d’échelle (rendements décroissants), la concentration qui repose sur le principe d’externalités et la concentration qui favorise les économies d’urbanisation. La concentration qui repose sur le principe d’externalités réfère à la conception de Marshall. L’hypothèse en est que la concentration géographique des activités économiques génère des gains de productivité. Pour Marshall, les externalités liées à la concentration d’entreprises relèvent de la disponibilité des intrants et des services spécialisés, la formation d’un marché de travail, l’échange d’information et la diffusion de technologies. Les entreprises ont de ce fait intérêt à se situer près d’autres entreprises pour profiter de la localisation dans une même zone qui présente des avantages comparatifs (par exemple, infrastructures, sous-traitants, main d’œuvre et débouchés). Ceci produit pour chaque entreprise des économies externes (externalités) et des économies de localisation. Nous comprenons alors que la localisation optimale des entreprises et les économies d’agglomération provenant des places centrales sont des voies par excellence pour favoriser le développement régional. Cependant, cette approche se situe beaucoup plus dans une optique de développement « descendant » et occulte de son cadre d’analyse les dynamiques qui sont impulsées par les tendances de développement endogène (Julien, 2005).

LES AVANTAGES LIÉS À L’INNOVATION ET À LA CRÉATION DE SYSTÈMES TERRITORIAUX D’INNOVATION

L’approche de développement endogène ou développement « par le bas » encourage les initiatives locales. Ces initiatives locales multiplient les retombées dans la région et déclenchent ce faisant un processus d’accumulation qui s’accélère graduellement (Julien, 2005). La croissance est ici suscitée non pas par des facteurs externes mais par une mobilisation des ressources intérieures de la région (MDEIE[4], 2006). Les tendances actuelles en matière d’approches de développement régional misent sur la mobilisation des ressources intérieures des régions plus spécifiquement sur les regroupements d’entreprises locales. Ces regroupements d’entreprises sont appelés des systèmes territoriaux de production (STP). Vu que l’innovation est, dans notre contexte économique actuel, condition du développement économique, les STP deviennent des STI (systèmes territoriaux d’innovation) comme dans l’approche du milieu innovateur[5].L’innovation est ici produite par le territoire. Ce faisant, rappelons-le, l’approche de développement économique régional devient une approche de développement territorial. Dans l’approche territoriale du développement, les petites et moyennes entreprises (PME) jouent un rôle déterminant. Elles constituent en effet un outil de diversification économique et offrent de meilleures possibilités d’alliances « entreprises à entreprises ou entreprises à institutions ».

Des théoriciens du développement territorial (Chabault, 2006; Courlet et Pecqueur, 1998; Joyal, 2006 ; Maillat, 2003; Rallet et Torre, 2004; Velt, 2002) misent alors sur les avantages liés aux regroupements de PME comme facteur de développement local. En effet, les dimensions socioculturelles que sont le degré de confiance et de coopération entre les agents économiques ont un impact majeur sur l’apprentissage et l’innovation qui résultent du fonctionnement de ces systèmes. Ces avantages permettent ainsi de mettre le territoire en état de produire son développement. De ce fait, la trajectoire du développement local se définit dorénavant à l’intersection des logiques des entreprises et de celles des dynamiques du territoire. Dans l’approche de développement territorial, rappelons-le, le territoire est caractérisé par le lien entre une communauté de personnes et la complémentarité des activités de production des entreprises (Beccatini, 1991 cité par Blanc, 1997). La dynamique productive d’ensemble est ici générée par le lien entre les entreprises, les institutions et les individus (Figure 2). C’est ainsi que dans l’approche territoriale de l’entrepreneuriat, les dimensions socioculturelles que sont le degré de confiance et de coopération entre les agents économiques ont un impact majeur sur l’apprentissage et l’innovation qui résultent du fonctionnement du système. En effet, dans ce système, c’est la force de ces liens qui favorise la production de valeurs communes comme la confiance, la coopération et la circulation de l’information. Notons que ces valeurs communes sont des économies externes de la proximité géographique. Cette proximité favorise l’appartenance aux réseaux. Ces relations sociales, et les valeurs communautaires qui en découlent, contribuent à donner au milieu une culture et une identité propre.

Figure_22

 Figure 2 : Le cadre conceptuel de l’approche territoriale de l’entrepreneuriat

LES PÉPINIÈRES D’ENTREPRISES ET LE RÔLE DES AGENTS DE DEVELOPPEMENT

Le concept de pépinières d’entreprises s’est développé à partir des années 60 et la mise place de pépinières d’entreprises a occupé une place importante dans les politiques de développement économique des pays occidentaux dans les années 1980 (Benko, 1989; Mutin-Quinson, 2004). Outils de développement économique local et de soutien à la création d’entreprise, les pépinières sont des structures qui hébergent et accompagnent, temporairement, des entreprises nouvelles en mettant à leur disposition toutes les ressources nécessaires à leur développement (Doloreux, 1999; Grandclément, 2014). Les pépinières d’entreprises ont ainsi trois fonctions : une fonction d’hébergement aux créateurs d’entreprises, une fonction d’accompagnement des entreprises par des agents de développement et une fonction de mise en réseau des créateurs d’entreprises. Les pépinières d’entreprises sont généralement initiées par des acteurs locaux comme les collectivités territoriales. Elles permettent de dynamiser le territoire par la diversification du tissu économique, la lutte contre le chômage et la création de pôles de compétences économiques. L’objectif des pépinières d’entreprises est d’aider les entrepreneurs à mener à bien leur entreprise. Des agents de développement interviennent souvent comme experts en entrepreneuriat, au niveau des pépinières d’entreprises, pour donner aux créateurs l’opportunité d’accéder à une panoplie de prestation et de conseils (Mutin-Quinson, 2004).

Benko (1989) a analysé les perspectives et les limites du phénomène des pépinières d’entreprises sous l’angle du développement local et régional. De cette analyse, il ressort que les pépinières ont leur place dans la problématique de développement local et régional en ce sens qu’elles permettent la valorisation de l’espace économique en contribuant à la politique de développement régional. Doloreux (1999) et Fayole et al. (2010) corroborent cette analyse en affirmant que les pépinières représentent des outils d’aménagement et d’intervention de premier ordre en termes d’innovation et de transfert technologique au niveau des régions en stimulant l’entrepreneuriat.

L’entrepreneuriat constitue le point focal des nouveaux courants théoriques de développement régional et local pour favoriser le développement local. Cependant quelles limites peut-on trouver à ces nouveaux courants basés, en matière d’entrepreneuriat, sur l’innovation et l’apprentissage induits par les systèmes territoriaux d’innovation?

ANALYSE CRITIQUE

De la revue de la littérature que nous avons réalisée sur les grands courants théoriques du développement régional et local, nous pouvons retenir que certains de ces courants, en l’occurrence ceux qui relèvent des « milieux innovants », misent sur l’entrepreneuriat comme facteur de développement territorial en se basant sur les avantages liés à la création d’organisations territoriales économiques (systèmes territoriaux de production ou d’innovation) et le mode de fonctionnement (en réseau) et de production de ces organisations. Nous reconnaissons la pertinence des arguments des théoriciens du développement régional qui défendent ces points de vue. Ces théoriciens placent ainsi le territoire au cœur de l’économie globalisée où les maîtres mots sont « innovation » et « compétitivité ».

Le contexte économique actuel est caractérisé non seulement par une économie du savoir, les facteurs intangibles et la culture locale mais aussi par le « capital relationnel », l’apprentissage collectif et l’interconnexion (Camagni, 2001 cité par Stöhr, 2003). D’où l’importance des processus de production et de la diffusion du savoir pour le développement économique et la compétitivité. Ces processus vont ensuite induire une croissance économique, l’évolution de l’emploi et du niveau du bien-être. D’où, également, l’importance de l’implication des organisations (entreprises, agences gouvernementales, etc.) et des individus pour mener à bien ce processus d’apprentissage. D’ailleurs, le processus d’apprentissage est essentiel à l’avantage concurrentiel (Porter, 1993). Cependant, à notre avis, ces nouveaux courants, en focalisant leur analyse sur les structures organisationnelles c’est-à-dire les entreprises, ne prennent pas en compte l’entrepreneuriat dans sa globalité. En effet, comme le montrent Julien et Marchesnay (2011), le champ de recherche en entrepreneuriat comprend en plus de la création d’entreprise, l’esprit d’entreprise et l’entrepreneur. Ainsi pour Pierre-André Julien lui-même, les théories du développement régional présentent des limites en ce sens qu’elles manquent d’une analyse approfondie des entrepreneurs. Dans le cas des milieux innovateurs par exemple, « on ne s’arrête pas suffisamment à la façon dont les acteurs utilisent les interactions territoriales pour trouver et multiplier les ressources et pour atteindre les marchés » (Julien, 1997 : 61). Dans ce sens, il serait pertinent d’initier des recherches sur l’analyse approfondie des entrepreneurs dans les stratégies de développement régional et local. Nous avons également relevé que les courants de développement régional et local qui misent sur l’entrepreneuriat comme facteur de développement local, ne favorise que l’approche de développement économique local. En effet, « le courant des districts industriels, […] et plus tard le courant des milieux innovateurs, sont des approches différentes qui découlent du courant du développement économique local. Elles se situent davantage dans une optique économique classique, fondées sur l’entrepreneuriat, les systèmes de production géographiques et la flexibilité des entreprises » (Chabault, 2006 : 4).

À la lumière de la revue de la littérature que nous avons réalisée, les cadres théoriques d’analyse des relations entre l’apprentissage, l’innovation et le développement économique régional doivent non seulement considérer les variables sociales comme intrants mais aussi comme extrants. Ainsi, la prise en compte du capital social pour promouvoir la compétitivité et le développement économique local devrait pouvoir favoriser l’inclusion sociale nécessaire pour maintenir durablement le système. Ceci relève la pertinence de développer « l’innovation sociale » territoriale à côté des autres catégories d’innovation (par exemple, technologique et institutionnelle).

CONCLUSION

La localisation des activités est un aspect primordial pour les entrepreneurs. Ainsi, en fonction de certaines variables qui déterminent la localisation telles que : les facteurs d’agglomération et les économies externes, les entrepreneurs choisissent leur localisation. De ce fait, des théoriciens du développement régional traditionnel ou développement exogène ont misé sur « les investissements des grandes entreprises et sur les grandes agglomérations comme moteur du développement régional ». Le courant des districts industriels et plus tard le courant des milieux innovateurs, sont des approches différentes qui découlent du courant du développement économique local. Elles se situent davantage dans une optique économique classique, fondées sur l’entrepreneuriat, les systèmes de production géographiques et la flexibilité des entreprises.

Le cadre conceptuel de l’approche territoriale de l’entrepreneuriat qui se dégage de cette réflexion théorique comprend trois axes : un territoire, des ressources locales et des liens sociaux. L’approche territoriale de l’entrepreneuriat peut alors être conçue comme un scénario dans lequel divers acteurs du territoire s’engagent ensemble dans des stratégies coordonnées vers la mise en place d’une nouvelle forme organisationnelle de production de richesses. De ce fait, la trajectoire du développement local ou territorial se définit dorénavant à l’intersection des logiques des entreprises et de celles des dynamiques du territoire. Alors que l’entrepreneur est supposé incarner les valeurs du capitalisme, l’approche territoriale de l’entrepreneuriat vient re-encastrer l’entrepreneuriat dans le social en ayant recours à des variables socioculturelles. Le comportement rationnel et de maximisation des agents économiques des approches traditionnelles de l’entrepreneuriat, fait place à une coopération entre les agents au niveau du territoire. Cependant, selon l’analyse critique issue de cette réflexion théorique, il serait pertinent d’approfondir les recherches sur l’approche territoriale de l’entrepreneuriat; par exemples les recherches pourraient porter sur les stratégies utilisées par les acteurs (ou les entrepreneurs) à travers les interactions territoriales pour trouver et multiplier les ressources et pour atteindre les marchés. Ceci permettrait de mieux influencer les politiques de développement régional par l’entrepreneuriat.

 


[1] Lorsqu’un excédent d’offre apparaît sur certains marchés et un excédent de demande sur d’autres, l’entrepreneur trouve l’occasion d’exercer son intuition par des arbitrages plus ou moins complexes sur les opérations d’achat et de vente. Il essaiera de satisfaire les demandeurs frustrés en utilisant les biens et les services disponibles sur les marchés excédentaires, il obtiendra pour cela un revenu : le profit. Les arbitrages, qu’il effectue, ramèneront l’économie vers l’équilibre (Tounès, 2003).

[2] Dans son texte fondamental, l’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Max Weber (1905) soutient qu’il existe un lien significatif entre les valeurs préconisées par le protestantisme, telles le dur labeur et l’accumulation de l’argent, et la montée du capitalisme. Dans cette perspective, l’entrepreneur est celui qui incarne au plus haut point les valeurs du capitalisme (Diakité, 2004). Pour Diakité (2004) qui a étudié les facteurs socioculturels de l’entrepreneuriat en Guinée, la thèse de Weber est une analyse culturelle. Or, la seule approche culturelle ne saurait expliquer l’entrepreneuriat dans les pays du Sud. Il faut prendre en compte d’autres facteurs tels les conditions politiques et économiques.

[3] Groupe de recherche européen sur les milieux innovateurs.

[4] Ministère du Développement économique, de l’innovation et de l’exportation.

[5] C’est dans les années 1980 qu’Aydalot propose l’approche par les « milieux innovateurs » pour répondre à la question du lien entre innovation technique et territoire.

 

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Pour citer cet article

Référence électronique

Chantal Dali & Théophile Serge Nomo (2017). «Approche territoriale de l’entrepreneuriat : Essai de conceptualisation». Revue canadienne de géographie tropicale/Canadian journal of tropical geography [En ligne], Vol. (4) 1. En ligne le 15 avril 2017, pp. 11-24. URL: http://laurentienne.ca/rcgt

 

Auteurs

DALI Chantal, Ph.D
Université du Québec à Trois-Rivières
Courriel: dasital@gmail.com

 

NOMO Théophile Serge, Ph.D
Professeur agrégé de finance
Université du Québec à Trois-Rivières
Courriel: theophileserge.nomo@uqtr.ca