Vulnérabilités et stratégies des populations face aux inondations dans la région des Savanes au Nord-Togo

Population vulnerabilities and strategies facing floods in the Savannah region in Northern Togo

BADAMELI Pyalo Atina & KADOUZA Padabô


Résumé : Les inondations au Togo ont pris de l’ampleur à partir de l’année 2007. Parmi les régions les plus touchées figure la région des Savanes où le débordement de la rivière Oti a fait beaucoup de victimes. L’objectif de cette étude est d’analyser les vulnérabilités et les stratégies d’adaptation des populations face aux inondations dans la région des Savanes. La méthodologie adoptée est axée sur la recherche documentaire, la collecte des données météorologiques, sanitaires et les enquêtes de terrain. Les résultats obtenus montrent une recrudescence des inondations due à des facteurs aussi bien naturels qu’anthropiques. L’État se mobilise de manière ponctuelle pour faire face à l’urgence, mais a du mal à mettre en place des structures préventives, poussant les populations à adopter des mesures d’adaptation, qui se révèlent souvent insuffisantes. Elles consistent en une mise en place de barrières (diguette, végétation), et de structures temporaires permettant les déplacements (ponceaux, barques). 

Mots clés : Inondations, vulnérabilités, stratégies, région des Savanes, Togo 

 

Abstract :  The floods in Togo have been growing since 2007. Among the most affected regions is the Savannah Region where the overflow of the Oti River has caused many casualties. The objective of this study is to identify the vulnerability and adaptation strategies of populations facing floods in the Savannah Region. The methodology adopted is based on documentary research, and recording of meteorological, health and field survey data. The results show a recrudescence of floods, due to both natural and anthropogenic factors. The government’s actions are limited in time and oblige populations to use adaptation means, which are not sufficient to deal the problem. They use temporary solutions such as bunds or trees in front of houses, small bridges or small boats for shiftings. 

Keywords Floods, vulnerabilities, strategies, Savannah Region, Togo  

 

Plan

Introduction
Données et méthodes
Données utilisées
Méthodes
Résultats et discussion
De nombreux impacts des inondations dans la région des savanes
L’agriculture, un secteur fortement fragilisé
Les inondations, un facteur de ralentissement des activités de transport et de commerce
L’habitat face aux inondations
Impacts des inondations sur la santé humaine
Causes des inondations dans la région des savanes
Répartition des pluies
Causes géomorphologiques
Causes humaines
Mesures d’adaptation aux inondations
Conclusion

 

Texte intégral                                                                               Format PDF 

INTRODUCTION

Les inondations sont un phénomène climatique extrême dont la fréquence et l’intensité augmentent depuis quelques décennies. Les années 2007, 2008 et 2009 ont été marquées par des inondations catastrophiques en Afrique de l’Ouest. Tout avait commencé par un simple constat, se traduisant à la fin des années 1970 par la réduction des précipitations dans le Sahel. Cette réduction s’accompagna d’une véritable menace sur le secteur de la sécurité alimentaire. La réduction des précipitations marquée par l’apparition de séquences sèches a fait place aux inondations depuis 2007. Des pays comme le Burkina Faso et le Niger ont connu des inondations historiques. Au Sénégal, Dakar et Saint-Louis sont confrontées à des inondations qui ont poussé des pans de quartiers entiers à déménager. Dans le Golfe de Guinée, les mêmes phénomènes sont observés (Sy et al., 2014).

Le Togo, pays situé dans la même région, n’échappe pas à cette situation. Les changements pluviométriques observés au cours des années 1970 ont été suivis par un retour à la normale entre 1991 et 2000 (Badameli, 2019). Ce retour à la normale pluviométrique est caractérisé par des épisodes d’inondation en 2007, 2008 et 2010. De nombreux travaux ont été effectués sur le phénomène d’inondation en Afrique au sud du Sahara. La plupart de ces travaux ont porté sur les inondations dans les villes-capitales des pays (Banni et Yonkeu, 2016; Bronfort, 2017 ; Nouaceur et Gilles, 2013 ; Sighomnou et al., 2013 ; Diongue, 2014; Klassou, 2014). En raison de la quasi-inexistence de travaux sur les inondations en milieu rural togolais, il nous semble important d’explorer cette thématique face à la vulnérabilité endémique de la population de la région des Savanes. La question à laquelle tente de répondre cette étude est la suivante : comment les inondations affectent-elles les populations de la région des savanes et quelles stratégies développent-elles pour s’y adapter ?

L’objectif de cette étude est d’analyser la vulnérabilité et les stratégies d’adaptation des populations face aux inondations dans la région des Savanes. Le choix de cette région se justifie par l’importance des dégâts constatés et son niveau de pauvreté. Selon le PNUD (2010), 80% de la population vivent avec moins de 1$ par jour et près de 32% des enfants de 0 à 5 ans souffrent de malnutrition. Cette situation s’est aggravée avec les inondations. La région des Savanes (cf. figure 1) se trouve à l’extrême Nord du Togo. Elle est localisée entre 10° et 11° de latitude Nord et entre 0° et 1° de longitude Est. Elle est limitée au Nord par le Burkina Faso, à l’Ouest par le Ghana, à l’Est par le Bénin et au Sud par la Région de la Kara. Avec une superficie de 8596 km2, la région des Savanes couvre 15% du territoire national.

Figure_1

Source : Atlas du développement régional du Togo
Figure 1 : Localisation de la région des Savanes

Elle appartient au climat tropical de type soudanien, caractérisé par un déficit hydrique permanent. La saison sèche va d’octobre à mai alors que celle des pluies se situe entre juin et septembre. Le pluviomètre enregistre des tranches d’eau de 800 à 1100 mm par an. En raison d’une forte insolation, la température maximale relevée à Mango (le point le plus chaud du Togo) se situe entre 37° et 40°C entre mars et avril. Le temps est alors très chaud. Dans le reste de la région, les températures vont de 35 à 38 °C en saison sèche et de 28 à 30 °C en saison des pluies.

DONNÉES ET MÉTHODES

Pour atteindre les objectifs assignés à cette étude, des données ont été collectées, aussi bien à la Direction Générale de la Météorologie Nationale que sur le terrain.

DONNÉES UTILISÉES

Les premières données utilisées sont celles des pluies journalières, mensuelles et annuelles des stations de la région ayant des séries complètes (Dapaong, Mango) sur une période de 65 ans soit de 1951 à 2015. Ces données proviennent de la Direction Générale de la Météorologie Nationale (DGMN) à Lomé. Les observations de terrain combinées aux informations fournies par les Nations Unies, les Ministères de l’Environnement et de l’Agriculture permettent d’analyser les impacts des inondations sur la population.

Une enquête de terrain, menée en juin 2015, a permis de recueillir les données sur les perceptions et les stratégies adoptées par les populations pour gérer les effets néfastes des inondations. La population cible est constituée de personnes âgées de 40 ans et plus qui vivent dans des zones fréquemment touchées par les inondations. Ce choix s’explique par le fait qu’elles ont pu être témoins de leurs manifestations au cours de la période d’étude. L’échantillon provient des populations des localités les plus affectées par les inondations. Selon les rapports de la Croix Rouge togolaise et des sapeurs-pompiers, cet échantillon représente 18% des adultes de plus de 40 ans. Pour déterminer la taille de l’échantillon, la formule de SCHWARTZ (1995) a été utilisée. Soit N la taille de l’échantillon, on a :

N = (Za² x PQ) /d², avec

N = la taille de l’échantillon,

Zα = l’écart fixé ou écart réduit à un risque de 5 % (1,96), ce qui correspond à un degré de confiance de 95 %,

P = la proportion des adultes de plus de 40 ans par rapport à la population totale.

Soit P = 18 %, Q = 1-P = 1 –18 %, donc Q = 82 %.

d = le degré de précision = 5 % (0,05)

N = ((1,96)2 x 0,18 x 0, 82) / (0,05)2 = 226

Cet échantillon est réparti dans 16 localités de la zone d’étude choisies en raison de l’ampleur des dégâts causés par les inondations dans ces localités (cf. tableau 1).

Tableau_1

Source : RGPH4, 2010
Tableau 1: Échantillonnage dans la région des Savanes

Des entretiens avec les conseillers agricoles, les responsables des structures d’encadrement rural et les sapeurs-pompiers ont fourni des informations complémentaires sur le phénomène étudié. La collecte des informations sur le terrain a été faite à l’aide d’un questionnaire individuel constitué de questions fermées pour la plupart, sauf celles relatives aux stratégies. À des fins de communication, l’enquête a été réalisée grâce à la participation des personnes qui parlent les langues locales (Moba, Gourma, Anoufo). Les données ont été soumises au traitement statistique.

MÉTHODES

Des calculs statistiques des données pluviométriques ont été effectués. Ils ont servi à déterminer les quantités d’eau à l’origine des inondations dans les stations étudiées. Le dépouillement du questionnaire a été réalisé avec le logiciel Sphinx Lexica. La représentation des résultats sous forme de figures s’est faite avec Excel 2007 après un transfert des chiffres de Sphinx à Excel.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

DE NOMBREUX IMPACTS DES INONDATIONS DANS LA RÉGION DES SAVANES

Les inondations ont des conséquences néfastes sur plusieurs secteurs principalement l’agriculture, les transports, le commerce, l’habitat et la santé.

L’AGRICULTURE, UN SECTEUR FORTEMENT FRAGILISÉ

La destruction des champs et la perte du cheptel fragilisent les conditions de vie des populations de la région des Savanes, qui est la plus pauvre du Togo. En effet, elle a un taux de pauvreté estimé à plus de 90% (FMI, 2010). La population de cette région essentiellement agricole est fortement déstabilisée en période d’inondation, car elle n’a plus de ressources alimentaires pour sa survie. Le risque d’aggravation de la situation nutritionnelle des enfants est réel suite aux pertes d’une partie de la production agricole de la région déjà affectée par la malnutrition infantile aiguë (prévalence de 32 %). Les dégâts les plus remarquables sont ci-après présentés.

En 1994, les inondations ont détruit des cultures et fait 13 595 sinistrés dans la préfecture de l’Oti (Togo Presse, 1994). En septembre 2007, au moins 34 personnes ont perdu la vie à la suite des pluies diluviennes dans la préfecture de Kpendjal. Aussi, des dégâts importants ont-ils été enregistrés, notamment 130 000 sinistrés et 7500 hectares de cultures vivrières dévastés (PNUD, 2007). En 2010, le bilan des inondations était de 1 120 personnes touchées dans la préfecture de Tandjouare, dont 3 blessés et 368 hectares de champs dévastés. Dans la préfecture de Kpendjal, on déplorait 119 victimes, dont 6 blessés et 2 décès. On enregistrait également la destruction de 150 hectares de champs (PNUD, 2010). Au total, les pertes agricoles dans la préfecture de Tandjouare s’élevaient à 434 tonnes, correspondant à 134 261 000 FCFA (241 670 $) et dans la préfecture de Kpendjal à 180 tonnes soit 54 905 000 FCFA, correspondant à 98 829 $ (Ministère de l’Agriculture, de l’Élevage et de la Pêche, 2010).

La région des Savanes a connu le 15 août 2013 des inondations qui ont aussi occasionné de nombreux dégâts. Une trentaine de familles a perdu des biens, du bétail, des réserves alimentaires. Des champs de maïs, de sorgho et de riz ont été détruits, ainsi que des plantations d’arbres. Aucune perte en vies humaines n’a été déplorée. Les localités particulièrement touchées étaient : Dapaong, Nano, Korbongou, Mandouri, Tandjouare, Mango (Ministère de la Protection civile, 2013). La photo 1 présente l’aspect d’un champ dévasté avec les producteurs désemparés.

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Prise de vue : Ministère de l’Agriculture, 2010
Photo 1 : Champs de culture détruits par les inondations dans le Kpendjal en 2010

LES INONDATIONS, UN FACTEUR DE RALENTISSEMENT DES ACTIVITÉS DE TRANSPORT ET DE COMMERCE

Dans le domaine des transports, en 2013, les pistes rurales et les routes, dans un état déjà déplorable, sont devenues impraticables à cause de l’eau qui les a submergées (cf. photo 2). Les échanges devenus difficiles entre les localités ont ralenti ou empêché l’arrivée des secours pour venir en aide aux populations sinistrées. La Nationale n°1 fut rendue impraticable par endroits entre le village de Bombouaka et la ville de Dapaong. Le pont de déviation à Pana-Bagou a cédé. Les barrages de Kantindi et de Toaga ont été détruits.

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Prise de vue : ONG Raphia, 2013
Photo 2 : Route en terre endommagée par les eaux en 2013

Le commerce était perturbé par les difficultés de déplacement. Les localités enclavées ont connu une inflation des prix des denrées de première nécessité, aggravant ainsi les conditions de survie des populations. Ainsi, le kilogramme de maïs est passé de 283 FCFA (0,566 $) à 433 FCFA (0,87 $), le kilogramme de haricot est passé de 300 FCFA (0,6 $) à 433 FCFA (0,87 $), le kilogramme de farine de manioc (gari) s’élevait à 233 FCFA (0,47 $) au lieu de 167 FCFA (0,33 $) auparavant, par exemple (Togo- Presse n° 7 839 du 1er août 2008).

L’HABITAT FACE AUX INONDATIONS

L’habitat a été l’un des secteurs les plus affectés par les inondations, avec des maisons inondées ou détruites (cf. photos 3 et 4), poussant les sinistrés à chercher refuge ailleurs.

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Prise de vue : ONG Raphia, 2013
Photo 3 : Niveau de l’eau dans une concession inondée en 2013 à Tandjouare

Photo_4

Prise de vue : CRT, Coordination régionale Savanes
Photo 4 : Cases écroulées lors des inondations de 2013 à Tandjouare

Ainsi, en 2007, 42 000 cases se sont écroulées dans la préfecture de Kpendjal (PNUD, 2007). En 2010, le bilan faisait état de 98 maisons détruites à Tandjoaré et 67 dans la préfecture de Kpendjal (PNUD, 2010). La figure 2 présente la nature des dommages dus aux inondations dans la région des Savanes.

Figure_2

Source : Enquêtes de terrain, mars
Figure 2 : Nature des dommages dus aux inondations

Selon 53% des enquêtés, les inondations se manifestent principalement par la submersion des maisons, alors que pour 37,7 %, elles entraînent l’endommagement de leur contenu par l’eau. Les autres dommages évoqués par les enquêtés sont la destruction du matériel de travail (7,8 %) et la chute des murs des maisons (1,5 %).

IMPACTS DES INONDATIONS SUR LA SANTÉ HUMAINE

Les inondations créent des étangs d’eau dans lesquels prolifèrent des agents pathogènes et vecteurs de maladies dites « hydriques ». Celles-ci sont notamment les diarrhées, la dysenterie, les parasitoses intestinales, la gastro-entérite, le choléra, la bilharziose, la dracunculose et la fièvre typhoïde. D’autres maladies sont plutôt parasitaires, avec des vecteurs se développant dans l’eau, telles que le paludisme et l’onchocercose. S’agissant du paludisme, on enregistre une croissance continue du nombre de malades, aussi bien en consultations externes qu’en hospitalisations dans la région des Savanes entre 2000 et 2010.

Les années 2007 et 2010, années d’inondation ont des valeurs parmi les plus élevées, ce qui peut laisser supposer un lien entre les inondations et l’incidence du paludisme. L’existence d’un lien entre le paludisme et les inondations est démontrée par les chiffres plus élevés de cas de paludisme au cours des années d’inondation (cf. figure 3, barres en rouge), même si l’incidence du paludisme est aussi influencée par d’autres facteurs tels que les mesures de prévention adoptées (usage d’insecticide, de moustiquaire, etc.). Concernant la même maladie, Mbaye et al., (2014) ont assisté à Belfort à un pic de cas coïncidant avec des épisodes d’inondation. Ainsi, le poste de santé de Belfort a notifié 1 720 cas de paludisme en 2005, contre 3 396 cas en 2006, 3 854 cas en 2007. Il en est de même à Santhiaba au Sénégal, où les informations sanitaires faisaient état de 571 cas de paludisme en 2005 et 631 cas en 2006.

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Source : Données de la Direction de la Santé, 2012
Figure 3 : Morbidité du paludisme en consultations externes et en hospitalisations dans la région des Savanes

En 2007, dans la région des Savanes, le rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement faisait état d’un risque élevé de flambées épidémiques, en particulier pour le choléra et les maladies diarrhéiques. Parmi les facteurs de risque, figure la pollution des sources d’approvisionnement en eau destinée à la boisson. Ce risque est élevé en milieu rural où la quasi-totalité des puits à grand diamètre a été souillée par les eaux de ruissellement, en périodes de grandes pluies. Le péril fécal est également élevé à cause de la consommation des eaux souillées des mares, des rivières, des puits et de l’insuffisance des ouvrages d’assainissement et d’approvisionnement en eau potable. On note aussi une augmentation de la vulnérabilité aux maladies infectieuses et aux grossesses non désirées à cause de la promiscuité des ménages, car les sans-abris sont hébergés dans des familles d’accueil.

Dans des crises humanitaires comme dans le cas des inondations, la vulnérabilité des groupes spécifiques tels que les femmes, les jeunes filles, les enfants et les femmes enceintes ou allaitantes demeure élevée. Le risque d’aggravation de la situation nutritionnelle des enfants est réel, en raison des pertes d’une partie de la production agricole de la région déjà affectée par la malnutrition infantile aiguë d’une prévalence de 32 % (PNUD, 2010). Les populations ont leur conception des pathologies liées aux inondations, comme on le voit sur les figures 4 et 5.

Figure_4

Source : Enquêtes de terrain, mars 2015
Figure 4 : Répartition des personnes interrogées selon les pathologies liées aux inondations

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Source : Enquêtes de terrain, mars 2015
Figure 5 : Répartition des enquêtés selon les causes de la morbidité liée aux inondations

Les maladies diarrhéiques et le paludisme sont les pathologies les plus présentes pendant les périodes d’inondation respectivement selon 58,3 et 21 % des enquêtés. Les autres affections citées sont le choléra (18,7 %), et le ver de Guinée (2 %). Elles sont donc bien connues par les populations comme étant exacerbées par les inondations.

De l’analyse de la figure 5, il ressort que l’insalubrité (35,4 %) et la stagnation d’eau dans laquelle se développent les vecteurs de maladies (29,4 %) sont les principaux facteurs qui expliquent la morbidité due aux inondations. La mauvaise hygiène dans les zones sinistrées (20 %) et la pollution de l’eau potable (15,2 %) sont les deux autres raisons évoquées. Les figures 4 et 5 montrent bien que les populations ont de bonnes connaissances des impacts sanitaires des inondations. Il est nécessaire, après avoir identifié les secteurs vulnérables aux inondations, d’analyser les facteurs qui sous-tendent la survenue du phénomène.

CAUSES DES INONDATIONS DANS LA RÉGION DES SAVANES

Les inondations sont occasionnées par la conjonction de plusieurs facteurs. La répartition des pluies, la géomorphologie de la zone d’étude et le facteur humain se révèlent être les plus importants.

RÉPARTITION DES PLUIES

Les inondations étant définies comme une submersion temporaire d’un espace avec de l’eau, la pluie en est le principal facteur de déclenchement. Il convient donc d’étudier la répartition des pluies pour comprendre le phénomène. Le tableau 2 présente les dates des principaux épisodes d’inondation avec la pluviométrie des mois d’inondation et celles des mois précédents et suivants.

Tableau_2

Source : Données de la DGMN
Tableau 2 : Dates d’inondations, pluviométrie des mois d’inondation et des mois encadrants

Trois cas d’inondation sont relevés dans la région des Savanes, dans chacune des décennies 1991-2000, 2001-2010 et 2011-2020. Le mois de septembre qui est le mois le plus pluvieux de l’année dans la région a été le plus affecté par les inondations avec deux cas sur trois (soit 66 %). La comparaison des pluviométries des mois d’inondation avec les mêmes mois en année ordinaire (sans inondation) montre que le phénomène ne dépend pas toujours d’un cumul mensuel élevé. Ainsi, le mois de septembre 2011 a une pluviométrie plus élevée que septembre 2010 (qui a pourtant connu des inondations) à Mango comme à Dapaong. De même, le mois de septembre 1994 a une pluviométrie inférieure à celle de septembre 1993 à Mango. Il est donc nécessaire d’analyser la pluviométrie journalière pour déterminer la source pluviométrique des inondations. Au niveau journalier, les figures 6, 7 et 8 montrent les précipitations enregistrées au cours des périodes d’inondation.

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Source : Direction Générale de la Météorologie Nationale
Figure 6: Pluviométrie journalière des mois d’août à octobre 1994 à Dapaong

La figure 6 montre les hauteurs d’eau des mois d’août à octobre 1994. Cette année, les inondations ont eu lieu le 19 septembre à Dapaong à l’issue des pluies successives depuis le début du mois. La succession de 14 jours pluvieux du 05 au 19 septembre a provoqué un surplus d’eau à l’origine des inondations de septembre 1994 à Dapaong : 167,3 mm soit 82,8 % de la pluviométrie mensuelle. Ce sont des pluies de ligne de grains annonçant la fin de la saison pluvieuse.

-En 2010, Dapaong connaît des inondations le 08 septembre.

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Source : Direction Générale de la Météorologie Nationale, 2012
Figure 7 : Pluviométrie journalière des mois d’août à octobre 2010 à Dapaong

La pluie du 08 septembre d’une hauteur de 51,9 mm est le maximum mensuel. Elle représente 25,4 % de la pluviométrie mensuelle tombée en un seul jour. C’est une pluie de mousson, intervenant au milieu de la saison pluvieuse, septembre étant le mois le plus pluvieux de l’année à Dapaong.

– En 2010, Mango subit des inondations le 20 septembre.

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Source : Direction Générale de la Météorologie Nationale, 2012
Figure 8 : Pluviométrie journalière des mois d’août à octobre 2010 à Mango

Ces inondations sont dues à des pluies successives du 1er au 20 septembre, avec 183 mm soit 82 % du total mensuel de pluie en 13 jours. Ce sont des pluies de mousson, intervenant au milieu de la saison pluvieuse.

En dehors d’importantes pluies qui tombent en quelques jours seulement, d’autres facteurs interviennent dans l’apparition des inondations.

CAUSES GÉOMORPHOLOGIQUES

La forme du relief est le deuxième facteur naturel mis en cause dans l’explication des inondations. La mauvaise répartition et le rétrécissement de la période des pluies accroissent les risques d’inondation dans les diverses régions du pays, déjà vulnérables du fait de leurs caractéristiques géomorphologiques (Nyassogbo, 2010 ; SNU, 2007). Le type de relief d’une région constitue alors un paramètre prépondérant de risque d’inondation. Celui de la région des Savanes est essentiellement constitué de la pénéplaine précambrienne de l’Extrême-Nord et la plaine en gouttière de l’Oti au Sud (cf. figure 9).

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Source : Atlas du développement régional du Togo, 1992
Figure 9 : Relief et géologie de la région des Savanes du Togo

« La plaine de l’Oti, vaste gouttière aux vallées relativement évasées (120 à 200 m), est drainée par la rivière Oti et ses affluents (Kara, Koumongou); elle constitue la majeure partie du bassin-versant de l’Oti. Le relief monotone de glacis en pente douce est marqué par des bourrelets alluviaux isolant des zones marécageuses et inondables et par des buttes (120-130 m) dominant des plaines exondées en permanence » (Alassane, 2011).

Les inondations pluviales dans la zone d’étude sont le résultat de la concentration des pluies de manière brutale ou successive dans les bas-fonds, sur les sols hydromorphes, sur les zones de faible dénivellation. Ainsi, la nature des sols de la zone d’étude influe sur la survenue d’inondations. Les sols hydromorphes et les vertisols, quant à eux, constituent le substrat le plus contrasté du point de vue hydrologique. Il est très perméable en période de démarrage des pluies, à cause des fentes de retrait aux effets pondérateurs sur les débits. En plein hivernage, compte tenu du taux élevé de l’argile gonflante de type montmorillonite, le sol se compacte et devient très imperméable. D’où le drainage superficiel devient difficile, surtout en zone de faible pente (Klassou, 1996).

Les sols rencontrés dans la plaine de l’Oti appartiennent soit aux sols ferrugineux peu évolués soit aux sols hydromorphes sensibles aux inondations. Les seuls facteurs naturels ne suffisent pas pour expliquer les inondations, car la vulnérabilité vient du croisement entre l’aléa (facteur naturel) et les enjeux (infrastructures et activités à risque). Il s’avère donc nécessaire de rechercher les facteurs anthropiques à l’origine des inondations.

CAUSES HUMAINES

Retenons parmi les causes humaines, l’inadéquation entre les mécanismes de préparation et de réponses aux situations d’urgence, l’inefficacité du système d’entretien et de surveillance du réseau routier, l’absence de stratégies efficaces en aménagement territorial. Certains estiment qu’il s’agit bien là de causes indirectes dans les explications des inondations au Togo (PNUD, 2007). Toutefois, elles entretiennent des rapports de causalité les modes d’occupation du sol.

La destruction du couvert végétal à des fins agricoles constitue un autre facteur humain qui aggrave les risques d’inondation dans la région. En effet, les écoulements de surface, s’ils sont déterminés par les quantités et l’intensité de l’eau précipitée, le type de substrat, la pente, la configuration du bassin-versant, sont aussi dépendants du type d’occupation et d’utilisation du sol. Ainsi, plus le couvert végétal est dense, plus l’écoulement de surface est ralenti. En conséquence, lorsqu’un couvert végétal dense est présent, l’eau alimente les nappes phréatiques. Au contraire, un sol nu contribue à accélérer les écoulements de surface (Lecerf, 2008).

Face aux conséquences désastreuses des inondations, les populations sont obligées de développer des stratégies adaptatives, car l’État est souvent vite dépassé.

MESURES D’ADAPTATION AUX INONDATIONS

Les secours d’urgence demeurent donc la principale mesure en cas d’inondation avec une aide matérielle, alimentaire et sanitaire apportée aux sinistrés. Des centres d’accueil sont également mis en place pour installer les sans-abris et les prendre en charge en attendant le retrait des eaux. Les communes étaient souvent absentes de la gestion des inondations par manque d’organisation interne. Elles viennent tout juste d’être dotées de conseils municipaux (à l’issue des élections communales de 2019), pour remplacer les délégations spéciales précédemment nommées.

Devant les actions insuffisantes du Gouvernement, les populations de la région des Savanes ne restent pas inactives lorsqu’elles sont touchées par les inondations. Elles prennent des mesures pour gérer les dégâts occasionnés. La solidarité agissante en Afrique ne fait pas défaut en cas de survenue de catastrophes naturelles telle que les inondations. Le premier réflexe des sinistrés est de trouver refuge chez leurs parents ou connaissances dans d’autres quartiers ou localités épargnés. Pour ceux qui restent sur place, ils s’adaptent en mettant en place des digues de sable, ou des passerelles provisoires pour pouvoir se déplacer. Les déplacements en pirogue sont improvisés pour permettre la poursuite des activités économiques indispensables à la survie des populations (cf. figure 10).

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Source : Enquêtes de terrain, mars 2015
Figure 10: Distribution de l’échantillon enquêté selon les stratégies d’adaptation aux inondations dans la région des Savanes

L’analyse de la figure 10 fait ressortir que les communautés locales ont mis en place des mesures temporaires telles que le placement de briques dans l’eau pour ne pas se mouiller les pieds (47,2 %), la canalisation de l’eau vers l’extérieur (27,2 %), la construction de digues de fortune devant les maisons pour repousser les eaux (22,8 %). La plantation des arbres (1,4 %) et l’utilisation des moyens de transport de fortune (1,4 %) sont d’autres moyens d’adaptation des populations de la zone d’étude.

L’étude faite par Nyassogbo (2010) sur tout le Togo a abouti au même résultat. En effet, il fait remarquer que « Les mesures de résilience portent sur les différents domaines des Établissements humains et de la Santé. Aux impacts de destruction ou de menace de destruction de l’habitat et des autres constructions, les populations répondent par des mesures précaires : le relogement chez des parents ou amis, l’utilisation de troncs d’arbres pour soutenir les murs des bâtiments en souffrance ». Sur le plan agricole, Iwédiga et al. (2012) ont relevé que « L’exploitation agricole des terres riveraines de l’Oti constitue une des diverses mesures adaptatives aux inondations et aux sécheresses. En effet, les récoltes de contre-saison (43,1 %), la vente des produits maraîchers et des produits d’élevage (15,4 %), etc. permettent à nombre de paysans d’alléger les pertes d’une saison désastreuse ». Ils constatent cependant que plus de 20 % des paysans ne disposent d’aucune mesure compensatoire adéquate aux effets des crues.

CONCLUSION

Les inondations demeurent la catastrophe naturelle la plus fréquente et la plus désastreuse au Togo. Elles engendrent des dégâts importants. Dans la région des Savanes, au nord du Togo, les inondations augmentent la vulnérabilité des populations dont les conditions de vie ne cessent de se détériorer en raison des crises économiques et sociales. Elles proviennent à la fois de causes naturelles (pluies intenses ou cumulées, sols imperméables), et de causes humaines (exploitation des terres, installation dans les bas-fonds). L’étude des causes pluviométriques des inondations a permis de repérer le mois de septembre comme le plus sensible. Il conviendrait donc de concentrer les actions de prévention sur cette période de l’année pour une meilleure efficacité. Les populations ont une bonne connaissance des causes et des conséquences des inondations et se battent pour s’y adapter.

Les facteurs naturels étant difficilement malléables, c’est sur les facteurs anthropiques que des actions doivent être menées pour améliorer l’adaptation des populations aux inondations. Les efforts du Gouvernement doivent être accélérés pour l’effectivité des mécanismes de prévention et de réaction d’urgence en vue de réduire les vulnérabilités liées aux inondations. Surtout que les projections climatiques pour le futur montrent une recrudescence des phénomènes météorologiques extrêmes. Mais cette gestion doit être faite de façon inclusive avec l’apport des populations.

 

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Pour citer cet article

Référence électronique

Badameli Pyalo Atina & Kadouza Padabô (2020). « Vulnérabilités et stratégies des populations face aux inondations dans la région des Savanes au Nord-Togo ». Revue canadienne de géographie tropicale/Canadian journal of tropical geography [En ligne], Vol. (7) 1. En ligne le 25 décembre 2020, pp. 08-15. URL: http://laurentian.ca/cjtg

 

Auteurs

BADAMELI Pyalo Atina
Département de géographie
Pôle de Recherche et d’Expertise sur la Dynamique des Espaces et des Sociétés
Université de Kara, Togo
Email: at_pyalo@yahoo.fr

 

KADOUZA Padabô
Département de géographie
Pôle de Recherche et d’Expertise sur la Dynamique des Espaces et des Sociétés
Université de Kara, Togo
Email: kadouza@yahoo.fr