Changes in mass retailing in Abidjan, the Ivorian metropolis
Kouakou David BRENOUM
Résumé : Le commerce moderne de distribution des produits usinés de première nécessité a connu une véritable mutation au plan de la localisation, des bâtiments, des enseignes, des articles et des opérateurs. C’est cette mutation qui conditionne et transforme les habitudes de dépenses et de consommation des Abidjanais que l’étude appréhende. La documentation, l’observation et l’inventaire ont été utilisés à cet effet. Les supermarchés ont été introduits pour la première fois, à Abidjan, la grande métropole ivoirienne, par les compagnies commerciales européennes, durant la période coloniale. Ces supermarchés étaient tous localisés dans le quartier européen connu aujourd’hui sous l’appellation de Plateau, le centre-ville abidjanais. Ils étaient fréquentés par les Européens et les élites africaines. Avec le développement urbain notamment l’augmentation de la population et l’expansion de la ville, ce mode de commerce s’est propagé pour être plus proche de sa clientèle des quartiers africains périphériques. De 1960 aux années 1980, il avait pignon sur rue dans toute la ville. Les enseignes les plus connues de l’époque étaient la Chaîne Avion et la SCOA (Printania). Mais à partir de 1990 et suite aux premières crises socio-économiques du pays, ces enseignes ont été retirées des paysages urbains pour laisser libre champ aux boutiques mauritaniennes et libano-syriennes. Les premières supérettes sont apparues à cette époque sous les enseignes Score et Hayat du groupe AGA KHAN. Il s’agit de petits supermarchés de proximité qui, aujourd’hui font place aux hypermarchés qui rivalisent d’ingéniosité pour capter la clientèle de la classe moyenne émergente.
Mots clés : Abidjan, commerce moderne, mutations, supermarché, urbanisation
Abstract : The distribution business for essential machined products has undergone a real change in terms of location, buildings, signs, articles and operators. It is this mutation which conditions and transforms the spending and consumption habits of Abidjanis that the study apprehends. Documentation, observation and the inventory were used for this purpose. European trading companies first introduced supermarkets in Abidjan, the great Ivorian metropolis, during the colonial period. These supermarkets were all located in the European district known today as Plateau, the city center of Abidjan. Europeans and African elites frequented them. With urban development, including the increase in population and the expansion of the city, this mode of commerce has spread to be closer to its customers in peripheral African neighborhoods. From 1960 to the 1980s, it had a storefront throughout the city. The most famous brands of then were the Chaîne Avion and the SCOA (Printania). However, from 1990 and following the country’s first socio-economic crises, these signs were removed from urban landscapes to give free rein to Mauritanian and Lebanese-Syrian shops. The first mini-markets appeared at this time under the Score and Hayat brands of the AGA KHAN group. These are small local supermarkets, which are now giving way to hypermarkets, which compete with each other in ingenuity to capture customers from the emerging middle class.
Keywords : Abidjan, modern trade, mutations, super market, urbanization
Plan
Introduction
Méthodes et matériels
Historique de l’évolution infrastructurelle et socioprofessionnelle de la grande distribution
Des compagnies commerciales coloniales à l’apparition de supermarchés à Abidjan
De la prépondérance des intérêts libano-syriens dans la grande distribution
Les grandes entreprises propriétaires des supermarchés
PROSUMA, leader de la grande distribution en côte d’ivoire
CDCI, plus grande concurrente de PROSUMA
ORCA, propriétaire du plus grand Mall d’Abidjan
CARREFOUR-CFAO, un groupe élitiste
De la distribution-répartition des grandes surfaces
Les quartiers riches : la cible première
Des surfaces de proximité dans les quartiers populaires
Impact des supermarchés sur le paysage et la configuration spatiale de la ville d’Abidjan
Une nouvelle configuration de la ville
Un paysage embelli par les grandes surfaces
Conclusion
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INTRODUCTION
La grande distribution ou le commerce de détail de biens de consommation effectué en libre-service dans une surface minimum de vente (hypermarché, supermarché, supérette) est aujourd’hui en plein essor en Côte d’Ivoire. Il enregistre une croissance de 7% par an en moyenne (Mieu, 2014). Avec un chiffre d’affaires annuel de près de 800 milliards de FCFA (environ 1 219 512 195 milliard d’euros), ce secteur compte parmi les plus prospères de l’économie ivoirienne. Mais, malgré ce succès, son taux de pénétration est encore bas. Il ne représente qu’entre 15 et 20% du marché et ne touche que 5% des clients potentiels (Mieu, 2016).
Depuis la fin de la crise postélectorale en 2011 et la reprise de son économie, la Côte d’Ivoire est devenue un pays attractif pour les investisseurs. En effet, la croissance se fait à un rythme particulièrement élevé : après la chute du PIB de 4,1% en 2011, celui-ci bondit de 9,2% en 2012 et continue à un rythme de croissance moyen avoisinant les 8% par an, grâce à des investissements ambitieux, à un soutien de la communauté internationale et au retour d’importants opérateurs économiques à la recherche de profits substantiels. L’un des secteurs les plus convoités est celui de la grande distribution du fait de la fulgurante croissance de la classe moyenne (26,4% de la population en 2015 selon l’étude pour le compte de l’AFD menée par Bekelynck, Berrou, Bouquet, Darbon), de consommateurs aisés, urbains, éduqués et occidentalisés. Outre l’évolution de la société, on note également la volonté affichée de l’autorité publique de moderniser l’activité commerciale dans toutes ses composantes. À cet effet, des mesures de facilitation et d’incitation sont prises afin de favoriser les investissements dans le secteur d’opérateurs privés tant nationaux qu’étrangers. De ce fait, beaucoup de groupes rivalisent de stratégies de marketing (localisation, enseignes, prix, etc.) pour capter la plus grande part du marché. Cette course à la distribution est davantage visible à Abidjan, la grande métropole ivoirienne. Ainsi, « Avec 4 395 243 habitants (INS-RGPH 2014), soit 40 % de la population urbaine du pays, Abidjan constitue le plus grand marché de consommation du pays » (Koffi, Kra et Koissy, 2015). Abidjan abrite 16% de la classe moyenne (Bekelynck, Berrou, Bouquet, Darbon, 2017). Elle a, à l’évidence, un impact sur le paysage urbain et sur la configuration spatiale de la ville. La géographie ne peut ignorer cette situation d’actualité surtout qu’elle n’a pas encore fait l’objet d’étude en Côte d’Ivoire. Le présent article dresse l’état des lieux de cette activité et fait connaître les acteurs, les formats des établissements, leur localisation et diffusion dans l’espace, de même que leur impact sur l’espace et le paysage de la ville d’Abidjan.
MÉTHODES ET MATÉRIELS
Trois techniques de collecte de données ont été utilisées : la revue de la littérature, les travaux de terrain et l’inventaire. La revue de la littérature a permis de mieux comprendre les caractéristiques de la grande distribution. L’approche diachronique suggère de percevoir l’organisation de l’espace géographique comme une intégration dans laquelle le poids du passé sert de fil conducteur aux analyses. Les données utilisées ont alors été collectées notamment sur le terrain et dans des articles de journaux qui traitent de l’apparition des grandes surfaces, leurs promoteurs et leur insertion dans l’espace géographique Abidjanais. Les observations de terrain ont permis de se faire une idée de l’état des infrastructures et de l’organisation de leur fonctionnement. L’inventaire des établissements de grande distribution a été effectué à l’aide du GPS (Garmin 64 S). Leur dénombrement a été suivi par une représentation cartographique.
HISTORIQUE DE L’ÉVOLUTION INFRASTRUCTURELLE ET SOCIOPROFESSIONNELLE DE LA GRANDE DISTRIBUTION
En Côte d’Ivoire, l’apparition de la grande distribution remonte à l’époque coloniale avec ses comptoirs commerciaux et les petits magasins tenus par des Syriens et des Libanais.
DES COMPAGNIES COMMERCIALES COLONIALES À L’APPARITION DE SUPERMARCHÉS À ABIDJAN
Les supermarchés résultent des anciens comptoirs commerciaux de l’économie de traite (Tijani, Bio et Afouda, 2010). Ces comptoirs sont tenus par de grandes compagnies commerciales dont l’origine remonte au début de la pénétration européenne en Afrique. Les plus importantes de ces vieilles compagnies commerciales sont la Compagnie Française de l’Afrique Occidental (CFAO) dont la création remonte à 1881 et la Société Commerciale de l’Ouest-Africain (SCOA) créée en 1898. Dans les années 1950, la CFAO et la SCOA implantent des magasins populaires et des chaînes succursalistes qui s’inspirent du succursalisme européen dans le chef-lieu de la colonie de Côte d’Ivoire, Abidjan. On y enregistre la plus grande concentration de consommateurs à haut niveau de vie ayant adopté, en partie, la consommation type européen. À ce propos, Atsé (1968) note que « …Abidjan est la capitale du grand commerce de la Côte d’Ivoire. Mais, de plus, elle est seule à posséder des magasins populaires » dont les principaux sont Monoprix et Printania.
Les travaux de cet auteur révèlent que les formules de distribution qui y sont appliquées ont déjà fait leurs preuves en Europe. Approvisionnés par des centrales d’achat installées à Paris, ces magasins de vente au détail proposaient les mêmes articles que leurs homologues d’Europe. Chaque magasin comportait deux parties, l’une réservée à l’alimentation, l’autre aux marchandises générales. Au départ destiné aux expatriés européens et aux orientaux, la clientèle africaine s’est intégrée, séduite par les produits vendus en grande surface qu’elle pense être forcément de bonne qualité. Toujours, selon Asté, ces magasins ont eu un énorme succès à Abidjan; leurs locaux climatisés permettaient aux clients (entre 750 et 1000 quotidiennement) de faire leurs achats dans les meilleures conditions.
Implanté au Plateau, « la ville blanche » (Diabaté et Kodjo, 1991), Monoprix était un magasin de 1100 m2. Les Abidjanais y étaient affectueusement attachés, depuis l’époque où ce magasin était connu sous le nom de Galerie Barthes (Kouamé, 1985). Ils y venaient en raison de la qualité des articles et, surtout de leur prix très abordable. À cette époque, Monoprix appartenait à la CFAO. Mais en 1950, ce magasin prend la dénomination de Monoprix-Côte d’Ivoire, une association des actionnaires de la CFAO et de la société anonyme des Monoprix. En cette période coloniale, Monoprix recrutait sa clientèle parmi les fonctionnaires constitués, en grande majorité, d’expatriés européens. Ce magasin accueillait les riches de l’époque. Dès l’indépendance en 1960, les Abidjanais vinrent de tous les quartiers pour y faire leurs achats. Et la concurrence fut impitoyable entre les grandes surfaces de l’époque installées au Plateau : Monoprix, Chaînes Avions, Printania (devenu Score en 1975). Cette période faste de Monoprix se poursuivra jusque dans les années 1970 alors qu’un détournement de fonds survient et affecte son fonctionnement. Cette conjoncture venait fragiliser un magasin dont les locaux n’étaient plus adaptés. Édifiés depuis l’époque coloniale, ses bâtiments n’ont pas été réaménagés, faute d’espace. Bientôt, la baisse du pouvoir d’achat des fonctionnaires, consécutive à la crise économique, entraîne la chute vertigineuse des ventes. Durement touchée par la crise, la CFAO décide de fermer ce magasin en 1985.
Créé en 1957, Printania faisait partie d’un immense réseau succursaliste comptant une trentaine de magasins en Afrique subsaharienne et à Madagascar. C’est une enseigne lancée par la SCOA en association avec la société Printemps. On en comptait trois à Abidjan (au Plateau, à la Riviera et aux Deux-Plateaux) dont les superficies moins vastes que celle de Monoprix, variaient entre 400 et 700 m2.
Toutefois, la Chaîne Avion est la société succursaliste la plus connue dans l’histoire commerciale de la Côte d’Ivoire d’avant les années 2000. Cette société a été créée par la SCOA avec pour principal but de « toucher » la masse de la population ivoirienne (Atsé, 1968). Toutes les boutiques traditionnelles qui voulurent se moderniser se sont inspirées de l’organisation des succursales de cette chaîne. Son fonctionnement était assuré par toute une hiérarchie de cadres, européens pour la plupart : inventoristes, inspecteurs et chefs de secteur. À Abidjan, on trouvait à cette époque 26 boutiques équitablement partagés entre les quartiers de Treichville et Adjamé. Ainsi, « L’épopée a commencé en 1954. La Côte d’Ivoire se développait déjà grâce à son café et son cacao en plein essor et le monde rural commençait à exprimer le besoin d’un approvisionnement régulier en produits alimentaires et ménagers » (Chegaray, 1983). La SCOA décida alors d’organiser tout un réseau de distribution de produits de consommation courante. Partout où passait une piste carrossable, s’était installée une Chaîne Avion. La SCOA introduisait ainsi pour la première fois en Afrique, les techniques européennes du succursalisme moderne. Selon Chegaray (1983), dans les échoppes éclairées à la lampe à pétrole, on vendait toutes sortes de produits. L’enseigne Chaîne Avion connut un retentissant succès. Très vite, le nombre des succursales atteignit plus de 200, tandis que dans les endroits plus isolés, passait le camion qui assurait la vente à la criée. En 1972, le Gouvernement voulut mettre en place son propre réseau de distribution : PAC. Chaîne Avion, seule sur le territoire, allait connaître la concurrence si éphémère soit-elle, la chaîne PAC « n’a duré qu’une décennie » (Aka, 1997) en raison des problèmes de maîtrise de gestion non résolus. La Chaîne Avion, elle-même, battait de l’aile, ayant trop vécu sur ses acquis, n’ayant pas su s’adapter à une clientèle que le développement rendait plus exigeante. Alors, « Les frais de transport, les commissions de plus en plus élevées servies aux gérants pour contenir l’inflation, les agios coûteux dus aux découverts bancaires, ne permettaient plus de dégager une marge suffisante à la mise en place des marchandises » (Aka, 1997). Des prestigieux bazars coloniaux, il ne restait plus parfois que de petites échoppes un peu minables, sales et peu ragoûtantes pour les clients (Chegaray, 1983). C’est alors que Chaîne Avion amorça son deuxième décollage. La chaîne fut obligée d’abandonner ses succursales dans les petites villes, et fusionna, en 1980-81, avec Score en une seule société, Ivoire distribution (Ivodis) dont le capital est détenu à 90% par la SCOA (ibid.).
Ancien Printania, Score est une autre enseigne du groupe SCOA. Servant souvent de référence sur la place pour la diversité de ses produits et pour ses prix compétitifs, la chaîne commerciale Score a permis aux magasins Chaîne Avion de se moderniser : 130 d’entre eux étaient équipés d’une ligne de produits frais mais aussi de congélateurs de viande. Parmi la nouvelle génération de Chaîne Avion, on pouvait citer le libre-service de Marcory où s’étalaient près de 1500 articles dans un décor moderne et climatisé. Par un ambitieux programme d’investissements, la société Ivodis avait décidé de moderniser totalement ses échoppes Chaînes Avions, de les transformer en libre-service climatisés et de substituer à certains d’entre eux une nouvelle génération de supermarchés : les JOK. Offrant la même collection de base, JOK s’installe là où Chaîne Avion n’est plus suffisante, mais où Score ne se justifie pas. Véritable intermédiaire entre les deux types de commerce, JOK est deux fois plus petit que Score en surface (200 m2 contre 500 m2) et en gamme de produits (3000 articles contre 7000). JOK vient donc supplanter Chaîne Avion en certains endroits. En février 1983, trois magasins JOK existaient dans la ville d’Abidjan (Port-Bouët, Cocody, Adjamé 220 Logements) et Ivodis projetait d’implanter deux à Abobo-gare et à Koumassi. Malgré tous ces efforts, l’enseigne expérimentaliste du succursalisme en Côte d’Ivoire n’a pas pu résister à la crise économique aigue et a mis la clé sous le paillasson. Ainsi, « en 1986, les magasins de la Chaîne Avion ont été cédés » (Assidon, 1989). Restent les magasins Score (y compris le réseau JOK) au sein de SCOA-Côte d’Ivoire.
En raison de cette même crise, en septembre 1991, le groupe SCOA vendait les magasins Score à UNICOCI, une société anonyme au capital réparti entre la Financière Côte d’Ivoire et la société belge Win Export (Hien, 1992). De cette vente, les magasins Score se sont transformés en janvier 1992, en Score 2000 et BAPRI pour mieux cadrer au contexte ivoirien en proposant les meilleurs prix-alimentation de Côte d’Ivoire. Créée en 1980, la Financière Côte d’Ivoire a contribué à la mobilisation de ressources financières nationales et internationales auprès de ses 200 membres. Win Export, émanation du Groupe Belge Louis Delhaïze est un distributeur européen important. Le groupe est grossiste et franchiseur. C’est donc l’action conjuguée de ces deux partenaires alliant d’une part, le souci d’apporter leur pierre à la reconstitution de l’économie nationale et à l’effort de relance économique, d’autre part celui d’apporter toute une logistique, de savoir-faire, une expérience réussie dans le domaine des prix discount qui doit permettre à UNICOCI d’organiser son action directe sur l’évolution de la distribution en Côte d’Ivoire. « Mais, après avoir résisté tant bien que mal à la rude concurrence du marché, les Scores rendirent l’âme » (Kadet, 1997).
Sociétés à succursales multiples, magasins populaires et libre-service sont des principales expériences commerciales survenues au sein des vieilles compagnies de traite (Atsé, 1968) qui ont abouti aux supermarchés à l’ivoirienne. En disparaissant de la scène commerciale africaine, ces vieilles sociétés ont cédé une partie de leurs activités à leurs intermédiaires Libano-Syriens et quelques africains (Tijani, Bio et Afouda, 2010). Ainsi, l’on passe d’une première génération de commerce des mains des Européens-Français à ceux des Libano-Syriens, même si cela n’est qu’une apparence. À ce propos, Diabaté et Kodjo écrivaient en substance en 1991 : Le cœur de la ville, le Plateau, est occupé aujourd’hui encore par ces entreprises très anciennes sur lesquelles l’administration coloniale s’est reposée pour développer la ville : CFAO, SCOA, CFCI, SACI. Elles ont parfois changé de nom après avoir diversifié leurs activités. Ainsi, on ne verra nulle part le sigle CFAO, alors que la compagnie possède encore de nombreuses filiales à Abidjan dans le secteur de la distribution et de la mécanique notamment.
On comprend qu’après une période de “latence”, les Français reviennent à la charge avec les groupes CFAO-carrefour et Casino. Si la CFAO, en partenariat avec Carrefour, a réinvesti le secteur de la distribution alimentaire qu’elle a abandonné il y a une trentaine d’années, Casino poursuit de son côté un développement progressif en Afrique. Casino a ouvert deux magasins à Abidjan fin 2012. Dans un contexte marqué par l’atonie de la consommation dans les marchés matures où fabricants et distributeurs ont plus que jamais besoin de trouver des relais de croissance, ce choix de Casino s’explique par le développement de la classe moyenne dans la capitale économique ivoirienne (Mieu, 2014). Mais Casino s’appuie sur Prosuma pour ouvrir des franchisés locaux solides : Casino Prima, Casino Cap Nord et Casino Mandarine.
DE LA PRÉPONDÉRANCE DES INTÉRÊTS LIBANO-SYRIENS DANS LA GRANDE DISTRIBUTION
Le secteur de la grande distribution est désormais récupéré par des Libano-Syriens. Ces commerçants sont arrivés au début du XXe siècle (1910-1920), « dans le sillage des colons » (Diabaté et Kodjo, 1991). Ils étaient les intermédiaires de négoce entre les grandes maisons de distribution et les consommateurs indigènes. Au service donc des grandes sociétés d’import-export aux premières heures de la colonisation, ils vont progressivement exercer des activités telles que la collecte du café et du cacao et du commerce de détail (Serhan, 2015). Comme les factoreries des maisons européennes ne pouvaient pas toucher toutes les populations, « le rôle de distributeurs complémentaires est dévolu aux Libano-Syriens » (Atsé, 1968). Ainsi, si les grandes sociétés appartenaient aux colons, les premières épiceries et boutiques de proximité étaient plutôt, l’œuvre des Libano-Syriens (Serhan, 2015).
Leur forte implication dans le commerce de traite et leur mobilité ont assurément amené les maisons de commerce européennes à s’attacher leurs services au détriment de la main-d’œuvre locale jugée moins rentable, mais également de la main-d’œuvre européenne jugée onéreuse (Aka, 1997). C’est tout naturellement qu’ils deviennent un maillon essentiel dans ce secteur d’activité.
Fort de son grand sens commercial, la communauté libano-syrienne a gagné la confiance des Européens. Ainsi, les propriétaires, les grandes associations et les banques de commerce possédant toutes les activités du pays, facilitèrent à la communauté les moyens d’obtenir des crédits et de la marchandise. De cette façon vinrent les premières exploitations forestières, de nombreuses industries de cosmétique, de chimie, de cartonnerie, d’imprimerie ainsi que les grandes surfaces de distributions alimentaires (Serhan, 1995) aux enseignes évocatrices (Azar et Salamé, Bijani, Hayat, Trade center). Avec la crise économique que traverse le pays depuis le début des années 1980, entraînant une baisse de l’activité de la grande distribution, les enseignes d’intérêt européen se retirent et laissent libre champ aux boutiques mauritaniennes et libano-syriennes. Des promoteurs européens, seule la SCOA possède encore trois magasins à l’enseigne Score à Abidjan. C’est alors que la société Prosuma (créée en 1966) chapeauté par le groupe AGA KHAN va contrôler progressivement avec son enseigne Hayat, la grande distribution alimentaire. Elle est accompagnée par les Supermarchés Trade Center (SMTC) et Sococé (Société Commerciale du Sud-ouest), tous d’intérêt libanais. Sous les « effets conjugués de la crise économique et de la dévaluation qui ont fragilisé la trésorerie des grands distributeurs dont l’essentiel des produits provenaient d’Europe, origine de la majorité de leur clientèle » (Kadet, 1997), les alliances sous les formes les plus diverses (fusions, rachats, franchises, etc.) ont caractérisé le marché de la grande distribution. Sur le terrain, les groupes Sococé et Prosuma se montrent les plus actifs. En octobre 1996, le groupe Prosuma, fort de sa fusion avec SMTC en 1993, reprend tout le réseau des magasins Score (N’Goran, 2012). Au milieu des années 1990, Prosuma et Sococé sont « les deux groupes qui se partagent le marché de la grande distribution » (Kadet, 1997). Tandis que Prosuma procède à des rachats, des Score notamment, Sococé réplique par la construction de nouvelles grandes surfaces et l’exploitation de l’enseigne française TATI sous la forme d’une franchise.
Pour tous, le rival principal du groupe Prosuma est Sococé. Déjà propriétaires des (super) Hayat, Cash Center, Champion, Score (devenu Cash), le groupe Prosuma s’est lui aussi lancé dans la multiplication des espaces de vente par l’ouverture de Leader Price à Marcory et à la Riviera Golf. Au total, quinze super (et hyper) marchés, tous localisés à Abidjan. À côté de cela, une dizaine de magasins aux capacités et prétentions beaucoup plus modestes, baptisées Cash Ivoire est appelés à être remis à des Ivoiriens en fonction des conditions économiques et de leur capacité à prendre positivement en main ce secteur (Kadet, 1997). Les promoteurs de Sococé, quant à eux, ont acquis la Compagnie de Distribution de Côte d’Ivoire (CDCI) en 2002 et exploitent l’enseigne King Cash que la transnationale Unilever voulait à la base créer pour ses propres magasins de détail. Ainsi, au fil des années les intérêts Libano-Syriens ou libanais dans cette activité sont prépondérants. Selon le président de la chambre de Commerce et d’industrie libanaise en Côte d’Ivoire interviewé par Sinzé (2013), «90% des grandes surfaces appartiennent à des intérêts libanais ». Un extrait du discours du Gouverneur du District autonome d’Abidjan en mars 2013 confirme ce constat : « Les investissements libanais dans le domaine du commerce et de l’industrie, ont permis l’émergence de plusieurs grandes sociétés de supermarchés et d’hypermarchés, de grandes surfaces de distribution de produits alimentaires et cosmétiques, etc. » Les Libano-Syriens ont construit à Abidjan de véritables supermarchés- à l’européenne dont certaines surfaces de vente dépassent 2500 m2.
À ces acteurs d’origine étrangère (dont certains se sont naturalisés ivoiriens), implantés de vieille date en Afrique, s’ajoutent les Chinois (Tijani, Bio et Afouda, 2010). Ils constituent désormais de sérieux concurrents avec leurs trois magasins à l’enseigne “Foire de Chine”, situés à Adjamé, Treichville et Riviera.
Somme toute, le secteur de la grande distribution à Abidjan est entre les mains de groupes européens et orientaux (cf. figure 1).
Figure 1 : Organigramme de raisonnement de l’historique de l’évolution de la grande distribution en Côte d’Ivoire et à Abidjan
LES GRANDES ENTREPRISES PROPRIÉTAIRES DES SUPERMARCHÉS
« À la différence du commerce traditionnel de proximité, la grande surface implique la grande entreprise » (Charvet, Carroué et Metton, 2016). Sur le marché abidjanais, les grands groupes propriétaires des supermarchés sont la Société Ivoirienne de Promotion de Supermarchés (Prosuma), la Compagnie de Distribution en Côte d’Ivoire (CDCI), Orca et Carrefour-CFAO. Depuis la fin de la crise postélectorale en 2011, des grandes enseignes viennent disputer les parts de marché d’un secteur aux mains de la communauté d’origine libano-syrienne.
PROSUMA, LEADER DE LA GRANDE DISTRIBUTION EN CÔTE D’IVOIRE
Le groupe Prosuma est le leader de la grande distribution moderne en Côte d’Ivoire et à Abidjan avec 80% du marché (Mieu, 2016). Il est créé en 1966, et ouvre son premier supermarché de 750 m2 à l’enseigne Nour Al Hayat, au Plateau. Il compte aujourd’hui 161 magasins (dont quatre hypermarchés et onze supermarchés) sous 17 enseignes et gère quatre centres commerciaux à Abidjan.
Le groupe Prosuma est dirigé par les familles Kassam et Fakhry associées depuis 1993. Selon le site officiel du groupe, son capital social était de 20 millions de FCFA à sa création. Ce capital social a fait l’objet d’augmentations successives pour atteindre aujourd’hui 10,050 milliards de FCFA. En 2014, son chiffre d’affaires global a atteint 174 milliards de FCFA hors taxe, soit 265 millions d’euros, 14,2% de plus qu’en 2013. En fin 2014, les capitaux propres représentent 19,797 milliards de FCFA, soit 30,178 millions d’euros. En 2016, le groupe a réalisé 358,755 millions d’euros de chiffre d’affaires. Les fonds propres étaient estimés à 21,26 milliards de FCFA. Cette prouesse, l’entreprise familiale des Kassam la doit à sa politique de fusion, de rachat et d’ouverture sur l’international.
À partir de 1980, le groupe se diversifie en commençant par prendre en franchise une surface de 500 m2 à l’enseigne Champion du groupe français Promodès à l’époque et en procédant à des rachats. En 1988, Prosuma ouvre le supermarché Super Hayat dans le centre commercial La Galerie à Marcory. En 1993, Prosuma fusionne avec le groupe SMTC des Fakhry en cette période de crise économique sévère. La famille Fakhry était propriétaire de deux supermarchés à l’enseigne Trade Center, le premier en 1982 au Plateau et le second en 1983 à Marcory-Résidentiel. En 1998, Prosuma ouvre son capital au groupe Mercure International de Monaco. En 1999, elle contrôle à 75% la Société Deux-Plateaux afin de reprendre les activités des magasins Club Sococé. Puis, en 2000, pour entrer dans le nouveau millénaire avec la conquête du marché abidjanais, le groupe ouvre le centre commercial Cap Sud, mitoyen à La Galerie et le premier Médiastore. Il acquiert La Galerie et tout le centre commercial passe sous l’égide de Cap Sud. À la fin de la crise postélectorale, en 2011, le groupe met en place un partenariat avec Casino, enseigne international de premier plan. Le premier magasin Casino ouvre dans le nouveau centre commercial Cap Nord en septembre 2012. Au même moment s’ouvre Sony et le deuxième Médiastore. En 2014, en prélude à l’arrivée de Carrefour, un concurrent de taille, à Abidjan, Prosuma agrandi le centre commercial Cap Sud pour accueillir de nouveaux espaces de vente en détail et transformer le supermarché Super Hayat en Hypermarché Hyper Hayat. En 2015, Prosuma signe un partenariat avec la FNAC (Fédération Nationale d’Achat des Cadres), spécialiste français de la distribution de produits culturels et “high tech”. Toujours dans l’optique d’augmenter ses parts de marché, Prosuma dévoile en 2016 une nouvelle enseigne, Casino au concept Mandarine. Après l’ouverture du premier magasin de cette enseigne en septembre 2016 dans le quartier de Biétry, trois autres (Marcory Zone 4, Marcory-Résidentiel et Cocody Danga) ont suivi en 2017.
CDCI, PLUS GRANDE CONCURRENTE DE PROSUMA
Capteur en chef de la clientèle populaire, la compagnie de Distribution de Côte d’Ivoire (CDCI) est la plus grande concurrente de Prosuma. Elle est issue de la CFCI-TRADING, un démembrement de l’ancienne compagnie Française de Côte d’Ivoire (CFCI) installée à la fin du XXe siècle à Abidjan. C’est le 3 janvier 1989 que la CFCI-TRADING, filiale du groupe Unilever African Compagny (UAC) devient la CDCI, entreprise spécialisée dans la commercialisation des produits du groupe Unilever en Côte d’Ivoire. Elle compte à cette époque 18 magasins. Jugée insuffisamment rentable, la société CDCI est cédée, le 04 décembre 2002, à des opérateurs libanais (Koffi, 2011) qui possèdent une solide expérience dans la grande distribution en Côte d’Ivoire car ayant créé et dirigé la société de distribution Sococé. Le dynamisme et la nouvelle vision commerciale qu’ils insufflent à l’entreprise lui a permis d’avoir la plus grande couverture nationale de distribution avec un réseau d’une centaine de magasins de gros, de demi-gros et de détail. Son réseau de magasins a été multiplié par dix, passant de 12 en 2002 à 127 en 2014, puis à 153 début 2016 avec une forte présence (47 en 2013) dans les quartiers populaires d’Abidjan. Le groupe exploite cinq enseignes : CDCI Gros, CDCI Demi-gros, King Cash, Socoprix et la franchise Leader Price. Elle a réalisé 145 milliards de FCFA (environ 221 millions d’euros) de chiffre d’affaires en 2015, soit une progression de 20% par rapport à celui de 2014 (Mieu, 2016). Pour booster davantage l’entreprise, Amethis Finance et la société marocaine Label’Vie sont entrés dans son capital à hauteur de 35% (ibid.).
ORCA, PROPRIÉTAIRE DU PLUS GRAND MALL D’ABIDJAN
La grande distribution en Côte d’Ivoire est d’abord l’affaire de Prosuma et de CDCI. À côté de ces deux géants, les magasins Orca se font de la place. Le groupe Orca également d’intérêt libanais, a ouvert en novembre 2016 Abidjan Mall, un centre commercial de 35 000 m2 de surface de vente sur trois niveaux, regroupant 70 enseignes à la Riviera, dans le quartier huppé de Cocody (Mieu, 2016). C’est le troisième site ouvert par Orca à Abidjan, après les deux grandes surfaces de 10 000 m2 inaugurées en 2008 de chaque côté du boulevard Valéry-Giscard-d’Estaing, dans le quartier de Marcory. Spécialisé dans l’ameublement, la décoration, mais aussi le prêt-à-porter, le groupe possède deux enseignes (Orca Tendance et Orca Déco).
CARREFOUR-CFAO, UN GROUPE ÉLITISTE
Depuis décembre 2015, la grande distribution enregistre l’arrivée de Carrefour premier groupe français et sixième mondial (BFM BUSINESS, 2016). La Côte d’Ivoire et son marché généreux procurent environ 265 millions d’euros (173,8 milliards de FCFA) de chiffre d’affaires annuel à Prosuma et 213 millions d’euros (139 milliards de FCFA) à son concurrent, CDCI (Mieu, 2016). C’est fort de la vitalité de ce secteur que Carrefour-Playce a ouvert à Abidjan, en l’espace de trois ans, trois vastes complexes (Carrefour-Playce à Marcory, Playce Market à la Riviera Palmeraie et Carrefour Market à Yopougon), des référents sur le haut de gamme.
Carrefour répond aux standards de la distribution moderne avec la garantie pour les Abidjanais d’une consommation accessible, moderne et de qualité. CFAO a une connaissance approfondie du marché ivoirien et une bonne compréhension des habitudes de consommation (CFAO a été un précurseur de la grande distribution en Côte d’Ivoire, qui avait délaissé les supermarchés au profit de l’automobile), quand Carrefour, apporte son expertise des marchés émergents où l’enseigne s’est développée avec succès. Ce projet illustre la confiance de CFAO dans la dynamique économique de la Côte d’Ivoire avec la paix retrouvée (Mieu, 2014).
Les nouvelles enseignes viennent disputer les parts de marché d’un secteur détenu par des Libano-Syriens depuis 1990. L’implantation de ces enseignes de marques internationales trouve sa raison dans l’embellie sociopolitique et la croissance économique retrouvées de la Côte d’Ivoire. Ces enseignes permettent au marché de se développer davantage, en donnant un coup de fouet aux opérateurs historiques qui relancent leurs investissements. Pour faire face à ces enseignes réputées élitistes, Prosuma et CDCI s’appuient sur leur ancienneté et leur positionnement d’entrée de gamme. Suivant les stratégies adoptées, on trouve des établissements de formats différents disséminés dans le centre-ville et les périphéries d’Abidjan.
DE LA DISTRIBUTION-RÉPARTITION DES GRANDES SURFACES
Les formats des grandes surfaces sont fonction du statut de l’espace qui les accueillent et du niveau de vie de ses habitants.
LES QUARTIERS RICHES : LA CIBLE PREMIÈRE
En Afrique, l’activité de détaillant de la quasi-totalité des grandes sociétés de distribution se limite aux très grandes zones urbaines, généralement aux capitales. En Côte d’Ivoire, les magasins de grande surface ont été expérimentés dans les plus grandes villes, Bouaké et Abidjan notamment. Ils n’étaient pas ouverts à tous eu égard à l’origine européenne des produits et leur coût élevé. « Ils étaient d’abord réservés aux colonisateurs, ensuite à la classe bourgeoise ivoirienne d’alors » (Amani, 2013). Pour cela, « Plus de la moitié des supermarchés déjà en activité se trouvent réunie au Plateau, quartier administratif, construit par le colonisateur » (Koné, 2009). À la fin des années 1980, le Plateau reste encore le principal bénéficiaire de ces investissements et concentre quatre supermarchés sur les sept qui existaient. C’est qu’il est le centre des affaires et le siège des grandes administrations. On y trouve les organes de décision de l’État. Il est le centre névralgique. À l’origine le quartier européen, le Plateau est le quartier où l’urbanisme a accompli ses plus belles œuvres. Il est considéré comme le Manhattan de l’Afrique. On y trouve encore des supermarchés, même s’il y a un glissement des grandes surfaces vers d’autres communes de la ville d’Abidjan (cf. tableau 1).
Source : Fraternité Matin, 1977 ; Breka, 1989 et Koné, 2009, Nos investigations, 2019
Tableau 1 : Diffusion des grandes surfaces dans la ville d’Abidjan de la colonisation à nos jours
Koné (2009) parle de délocalisation, qu’il explique par l’insécurité liée aux manifestations politiques à partir de 1990. Visiblement, la position de magasins au centre-ville ne doit plus être considérée comme un avantage pour les supermarchés du Plateau. Cette position constitue aujourd’hui un sérieux handicap. Sans doute par le passé, le Plateau avait-il un puissant moyen d’attraction sur les Abidjanais. Mais les insuffisances des transports publics, les embouteillages et la faible capacité de réception des parkings sont des obstacles qui conduisent, le plus souvent, les habitants des quartiers périphériques à éviter d’effectuer les achats au Plateau. Nombre de supermarchés implantés dans ce quartier en ont fait les frais. Par exemple, « Le supermarché Azar et Salamé que les habitués des grandes surfaces du Plateau connaissent a fermé » (Breka, 1989). Situé à l’avenue Noguès, il était difficilement accessible. Somme toute, « Cette situation allait très vite entraîner une baisse de la clientèle qui s’était orientée vers les nouveaux supermarchés situés en Zone 4 et le long du boulevard Giscard d’Estaing » (ibid.) à Marcory. « De “petites surfaces” se sont installées dans les banlieues, constituants des pôles commerciaux. Ce sont des magasins de proximité où l’on se rend tous les jours à Port-Bouët, Koumassi, Vridi, Yopougon et Abobo-Gare » (Fraternité-Matin, 1977).
De cette façon, plusieurs enseignes de supermarché s’implantent dans les communes de Marcory où est représentée une forte communauté de Libano-Syriens et d’expatriés occidentaux, et de Cocody abritant les cadres supérieurs et les hommes d’affaires du pays ainsi que les représentations diplomatiques. Dès 1982, le supermarché Trade Center Marcory ouvre au quartier appelé Beyrouth Marcory-Résidentiel, ce, jusqu’en janvier 2013. Sur son emplacement, on trouve depuis 2017 Casino Mandarine en remplacement de Jour de Marché. Dans cette mouvance, le supermarché Prima emboite le pas, en 1985, en s’implantant en Zone 4C à la rue Pierre et Marie Curie. Puis Prima, fruit d’un partenariat exemplaire entre des privés africains (congolais zaïrois, rwandais, camerounais, guinéens, sénégalais et ivoiriens), regroupés au sein de la Société de Distribution et de Commerce (Sodico), est transformé en février 1990 en un hypermarché de 2200 m2 proposant 12 000 références (Kouassi, 1990; Gooré, 1991). Cette action traduit la volonté de ces partenaires africains de relever le défi de la distribution en Afrique par des Africains. Toujours en Zone 4C, Prosuma ouvre en 1988, le supermarché Super Hayat. En 1994, Sococé se lance dans le commerce de détail sous l’enseigne Club Sococé construit sur 1500 m2, en Zone 3 à l’interface de Treichville avant d’ouvrir au cours de cette même année dans le superbe quartier des Deux-Plateaux (Cocody), un hypermarché de 3000 m2. En novembre 1996, le groupe bâtit l’Espace Latrille, un grand centre commercial de 20 000 m2 autour de son hypermarché.
Les trois communes du Plateau, de Marcory et de Cocody abritent tous les supermarchés de la ville d’Abidjan. Ainsi, autrefois réservés au seul Plateau européanisé, les grandes surfaces commerciales se sont répandues dans d’autres communes de la ville d’Abidjan, notamment dans celles de Marcory et de Cocody (cf. figure 2).
Figure 2: Distribution-répartition spatiale des magasins de grande distribution d’Abidjan
Ces deux communes accueillent tous les hypermarchés (Hyper Casino Prima, Hyper Hayat, Sococé Latrille) et centres commerciaux de la ville. Par conséquent, « Il est clair que les grandes surfaces, surtout celles sous enseigne internationale, resteront un certain temps des commerces pour riches » (Maury, 2013) surtout qu’une frange des Abidjanais notamment la classe moyenne en essor…, « l’élite ivoirienne, des hommes d’affaires sino-asiatiques de plus en plus nombreux et des expatriés occidentaux » (Koffi, Kra et Koissy, 2015), demande des marques internationales et des produits sophistiqués. La plupart des produits de grandes marques sont disponibles dans les nouveaux centres commerciaux qui s’installent de plus en plus à Abidjan. Toutefois, initié par Carrefour-CFAO, de plus en plus, les grandes surfaces commercialisent les produits locaux frais (aubergine, gombo, tomate, etc.), et même du poisson fumé, du gombo en poudre, du piment séché, ce qui limite l’approvisionnement à l’extérieur.
DES SURFACES DE PROXIMITÉ DANS LES QUARTIERS POPULAIRES
Toutefois, la grande distribution connaît une spécificité à Abidjan. Dans les quartiers populaires, Prosuma et CDCI déploient des surfaces de proximité ou supérettes. Ces groupes ont dès leur création, des approches marketing différentes. Sous l’enseigne King Cash, la CDCI a pour cible principale la population à plus faible revenu, dans les quartiers populeux et excentrés de la métropole ivoirienne. Plus que sa concurrente Prosuma, elle est très présente sur le marché d’entrée de gamme. Elle se donne pour mission d’offrir à tous, des produits de qualité à des prix bas et à proximité de chacun.
Plus gros opérateur de la grande distribution (Mieu, 2016), Prosuma n’est plus que dans les quartiers riches. Ainsi, « Son positionnement commercial, qui a consisté jusque-là en l’implantation de ses enseignes dans les quartiers huppés d’Abidjan connaît un nouveau développement » (Kouamenan, 2011). Elle déploie aussi des enseignes de proximité en s’inspirant du modèle de CDCI, surtout qu’à Abidjan, les nouveaux quartiers surgissent avec une rapidité déconcertante. À cette fin, les supérettes Cash Ivoire (300 m2 en moyenne de surface de vente) sont implantées dans les quartiers et zones d’habitation populaires (Auzias et Labourdette, 2012). Dans cette catégorie de « petit commerce de proximité », on trouve les Cash Express (moins de 100 m2), les Bonprix (350 à 450 m2), les Jour de Marché (450 à 500 m2). Toutefois, Carrefour Market est ouvert à Yopougon depuis octobre 2018. Commune la plus peuplée de la ville d’Abidjan avec 1,2 million d’habitants (RGPH-2014), Yopougon a été conçue comme une ville nouvelle avant de devenir populaire sous l’effet de la crise économique de 1980. Elle abrite une classe moyenne qui habite les cités de bon standing construites par des sociétés immobilières.
Somme toute, les supérettes sont faites à dessein pour les quartiers populaires à revenu faible, mais où la classe moyenne est en croissance continue. Sur le plan géographique, la stratégie est de rapprocher les magasins des consommateurs. Il ne faut pas se tromper ni de taille ni de format. Un espace de (plus) petite taille mieux situé en raison des problèmes de circulation est plus adapté aux besoins des masses au revenu modeste. Globalement, la totalité du supermarché est pensée, conçue pour aboutir à l’augmentation des transactions marchandes. « L’adaptation au client reste le maître-mot du succès de la distribution » (Durand-Réveille, 2013). C’est ainsi que les sociétés déploient des surfaces de proximité dans les périphéries d’Abidjan. La distribution-répartition de ces structures permet de dégager des centres de gravité dans cette ville.
IMPACT DES SUPERMARCHÉS SUR LE PAYSAGE ET LA CONFIGURATION SPATIALE DE LA VILLE D’ABIDJAN
UNE NOUVELLE CONFIGURATION DE LA VILLE
Il faut noter que « La localisation des grands centres commerciaux aux carrefours majeurs et à la périphérie de la ville d’Abidjan crée des formes de centralités spatiales » (Koffi, Kra et Koissy, 2015). En effet, le déploiement des supermarchés et la concurrence entre les acteurs créent de nouveaux pôles. Mais, c’est au centre-ville que les acteurs installent les supermarchés significatifs. Dans ce centre-ville, l’espace pionnier du Plateau n’a plus la primatie ; d’autres centres l’ont relégué au second plan. Les communes de Marcory et de Cocody concentrent les hypermarchés et les grands Malls, le développement de la ville nécessitant l’édification de nouveaux centres commerciaux. Mais à bien examiner, ce centre-ville est multipolaire au regard du semi des grandes surfaces. Si des situations conjoncturelles ont présidé leur expansion à Abidjan, la concurrence accrue entre les grands acteurs a fait passer d’une structure unipolaire centrée sur le Plateau à une structure multipolaire. Le schéma se résume en quatre principaux centres de gravité : le pôle Sud, le Pôle Centre, le pôle Nord et le pôle Est (cf. figure 3).
Figure 3 : Répartition des pôles de concentration des magasins de grande distribution d’Abidjan
Les acteurs
Le pôle Sud est compris entre les deux boulevards de Marseille à l’Est et Valéry-Giscard d’Estaing à l’Ouest. Il est à cheval sur Marcory (Marcory-Résidentiel, Zone 4, Biétry) Treichville Zone 3 et Koumassi Grand carrefour. On y trouve principalement Prima, Cap Sud, Orca Déco, Sococé, Socoprix et le centre commercial Playce.
L’émiettement caractéristique de l’espace de la ville lagunaire d’Abidjan explique dans une large mesure la constitution d’autres pôles à Abidjan-Nord séparé d’Abidjan-Sud par la Lagune Ebrié. Ainsi, à la Riviera s’est mis en place le pôle centre à partir de 2012 par l’ouverture du centre commercial Cap Nord (une surface bâtie de 4700 m2, dont 1400 m2 de supermarché et 1900 m2 de surface commerciale hors supermarché), l’équivalent de Cap Sud. Ce complexe est concurrencé par Abidjan Mall de Orca, Leader Price de CDCI, Socoprix Gros et Demi-gros, la Foire de Chine, Chic Shop et King Déco.
Plus à l’Est, à l’interface de la Riviera-Palmeraie et Bingerville, Carrefour a implanté Playce Market pour ne pas se laisser conter à Cocody, la principale commune résidentielle d’Abidjan.
Enfin dans le nord de cette commune, aux Deux-Plateaux, on trouve le pôle Nord constitué principalement des centres commerciaux Club Sococé et La Djibi, et du supermarché Hayat. Le semi et le réseau des grandes surfaces sont dictés par la concurrence entre les acteurs. De ce semi et de cette configuration, il ressort de nouveaux paysages urbains.
UN PAYSAGE EMBELLI PAR LES GRANDES SURFACES
Les supermarchés et leurs variantes, autrefois rencognés au Plateau, s’implantent dans tous les quartiers de la ville d’Abidjan. Ces équipements transforment sensiblement le paysage de cette ville. Les rues principales arborent fièrement les enseignes plus ou moins colorées des maisons qui ne manquent pas d’imagination pour se faire remarquer par les consommateurs. D’une manière générale, les établissements ont une belle architecture et donnent un éclat et fière allure à la ville. Dans les quartiers populaires, ils se signalent par leurs couleurs chatoyantes et gaies. Mais plus que les supérettes, les supermarchés et centres commerciaux marquent de leur empreinte l’espace, la structure d’une enseigne dépendant de la qualité du service qui y est offert. Les structures rivalisent de beauté, leurs bâtisses somptueuses et majestueuses (cf. planche 1) signalent de loin leur présence.
Source: Brenoum, 2019
Photo 1 : Playce Palmeraie, Photo 2 : Cap Sud Marcory somptueux un bâtiment de belle architecture aux couleurs chatoyantes
Leurs façades agrémentées et fraîchies avec des couleurs luisantes appellent à les visiter. Les façades aux couleurs éclatantes, le revêtement de marbre (Playce Carrefour Marcory, par exemple) les distinguent des surfaces ordinaires.
Ainsi, les centres commerciaux, les hypermarchés et les supermarchés de par leur gigantisme et leur haut standing, participent à l’embellissement du paysage. Ils présentent des cadres enchanteurs qui riment avec modernisme et vie urbaine. Achalandées, spacieuses, climatisés et embaumées qu’elles sont, ces installations incitent à faire des emplettes. Les centres commerciaux ont la particularité de contenir en leur sein « toutes » les formes d’activités (hypermarché, magasins de marques internationales, restaurants, salles de jeux, cinéma, etc.). Implantés dans les quartiers résidentiels, il s’agit avant tout de centres de divertissement, où faire les courses signifie aussi passer du bon temps en famille les week-ends.
Les grandes surfaces attirent ainsi une foule importante de clients et de curieux qui viennent se promener, acheter, se distraire ou faire du tourisme et si possible, faire de belles rencontres. Ces établissements sont des lieux de convergence et de tourisme. Ils sont animés par le ballet incessant de véhicules et de piétons. En outre, les cafés et espaces climatisés des centres commerciaux sont des lieux de rendez-vous pour les hommes d’affaires. Pour toutes ces raisons, les grandes surfaces résistent bien au commerce électronique (cf. planche 2).
Planche 2 : Une vue des espaces de rendez-vous dans les centres commerciaux Cap Sud (à gauche) et Prima (à droite)
CONCLUSION
La grande distribution connaît, à Abidjan, trois mutations majeures : le changement d’acteurs (passage des mains des Européens à celles des Libano-Syriens), l’adaptation des formats et leur expansion du centre-ville vers la périphérie. Les supermarchés et leurs variantes concentrés hier au Plateau se répandent aujourd’hui dans tous les quartiers africains de la ville. Désormais, les quartiers populaires sont dotés de supermarchés taillés sur mesure pour satisfaire une clientèle aux revenus modestes. Au-delà, c’est l’espace de ces quartiers qui est aménagé, amélioré par ces équipements purement urbains. Leur déploiement est une fierté pour la « perle des lagunes » longtemps enlaidit par les effets pervers des crises politico-militaires à répétition depuis décembre 1999. Leur architecture, leur esthétique, leur hygiène, leur parfum, leurs rayons impressionnent les populations. Ils sont le baromètre de la modernisation qui s’opère dans l’espace abidjanais et qui voit les habitudes de consommation muées.
Ce nouveau mode de consommation est certainement irréversible et pourrait annoncer la disparition lente, mais certaine, des boutiques de type mauritanien, installées ingénieusement aux recoins des quartiers et du commerce informel. La compétition est lancée entre des groupes déjà enracinés et ceux qui arrivent sur le marché. À l’évidence, il y a de la place pour tous dans une métropole comme Abidjan qui connaît une extension effrénée en raison d’une croissance rapide de sa population. Il y a une demande massive non satisfaite, notamment celle de la classe moyenne, et un sous-investissement dans la grande distribution. Le marché est vaste et a besoin davantage d’investissement. La résistance et/ou l’adaptation des grandes surfaces au commerce électronique et aux crises sanitaires comme la COVID-19 restent à explorer.
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Pour citer cet article
Référence électronique
Kouakou David Brenoum (2020). « Les mutations de la grande distribution à Abidjan, métropole ivoirienne ». Revue canadienne de géographie tropicale/Canadian journal of tropical geography [En ligne], Vol. (7) 2. En ligne le 25 décembre 2020, pp. 34-43. URL: http://laurentian.ca/cjtg
Auteur
Kouakou David Brenoum
Université Félix Houphouët-Boigny
Abidjan-Cocody, Côte d’Ivoire
Laboratoire de Recherche
Espace Système et Prospective (LARESP)
Institut de Géographie Tropicale (IGT)
Email : kbrenoum@yahoo.com