Logique de localisation des parcelles de l’igname Kponan de Bondoukou, Côte d’Ivoire

Location logic of Kponan yam parcels in Bondoukou, Côte d’Ivoire

KOUAKOU Kouakou Philipps, KOFFI Innocent & ANOH Kouassi Paul


Résumé: Issue des variétés précoces à deux récoltes, l’igname Kponan (Dioscorea cayenensis-retundata) de Bondoukou est un tubercule de qualité typique, très prisé des consommateurs ivoiriens. Sa production est concentrée dans la moitié Nord du Nord-Est ivoirien et constitue l’une des principales sources de revenu des populations rurales de cette zone, après l’anacarde. Ce travail vise à définir la logique de localisation des parcelles de production. Il s’appuie sur un système d’information géographique (SIG) réalisé sur 164 parcelles identifiées dans deux villages. Sur le plan topographique, l’étude révèle que les parcelles d’igname Kponan privilégient des sites de faibles pentes, qui concentrent la plupart des poches d’humidité de la zone. L’historique des parcelles se constitue de forêt claire sèche et de savane arbustive. Le tout est développé sur des sols ferrugineux tropicaux lessivés à concrétion qui présentent de bonnes aptitudes culturales pour les féculents.

Mots clés: Igname Kponan, Parcelles, Localisation, système d’information géographique, Bondoukou

Abstract: Coming from early two-harvest varieties, Kponan yam (Dioscorea cayenensis-retundata) from Bondoukou is a typical quality tuber that is highly prized by Ivorian consumers. Its production is concentrated in the northern half of northeastern Côte d’Ivoire and is one of the main sources of income for rural populations in this area, after cashew nuts. This work aims to define the logic of the location of production parcels. It is based on a geographic information system (GIS) carried out on 164 parcels identified in two villages. In terms of topography, the study reveals that Kponan yam plots prefer sites with gentle slopes, which concentrate most of the zone’s pockets of moisture. The background to the plots is dry open forest and shrub savannah. They are developed on leached tropical ferruginous soils with concretions, offering good cultivation potential for starch crops.

Keywords: Kponan yam, parcels, location, geographic information system, Bondoukou
 

Plan


Introduction
Localisation de la région étudiée
Matériels et méthodes
Géologie de la région étudiée

Corrélation des données
Topographie, pédologie et logique de localisation des parcelles
Historique des parcelles
Pratiques spécifiques et rendement
Discussion
Conclusion

Texte intégral                                                                                Format PDF 


Introduction

L’igname (Dioscorea spp.) est une liane tropicale à tubercule de la famille des Amylacées. Sa grande importance en Afrique au sud du Sahara réside aussi bien dans la diversification des cultures que dans la satisfaction des besoins alimentaires (Hamon et al., 1995, : 9). Il existe plus de 600 espèces d’igname dont les plus importantes sont les Enantiophylum qui regroupent toutes les espèces comestibles telles que les Dioscorea (D) alata, D. cayenensis-rotundata, D. bulbifera, D. dumetorum, D. trifida et D. esculenta (Knuth, 1924, : 87). Les D. alata et D. esculenta sont originaires de l’Asie du Sud-Est, tandis que les D. cayenensis-rotundata, et D. dumetorum proviennent de l’Afrique de l’Ouest qui produit 95% de la production mondiale (FAO, 1991, : 6). En 2020, on y a récolté 70 810 318 tonnes. Les principaux pays producteurs sont le Nigeria (67 %), le Ghana (11,4 %), la Côte d’Ivoire (10,2%) et le Benin (4,2 %) (FAO, 2022).
En Côte d’Ivoire, les espèces d’igname cultivées sont principalement les D. cayenensis-rotundata et D. alata (Dumont, 1998 :1; Hamon et al., 1986 : 5). L’espèce D. cayenensis-rotundata (D. c-r) se subdivise en deux sous-groupes, à savoir les D. c-r à une récolte comme le Klenglê (nom vernaculaire) et les D. c-r à deux récoltes que l’on nomme localement Lokpa, Wacrou ; Assawa ; Kpassadjo ; Sopéré ; Kponan. La variété Kponan est très appréciée en raison de ses qualités gustatives et de sa flexibilité culinaire (Nindjin et al., 2007 : 1), ce qui renforce sa réputation auprès des consommateurs ivoiriens, surtout ceux des grands centres urbains (Bagal & Vittori, 2010 : 8).

La production d’igname est inégalement répartie sur le territoire ivoirien. La région du Gbêkê (Bouaké) constitue la principale zone productrice avec 20% de la production nationale. Elle est suivie des régions du Gontougo (14%), du Hambol (9%), du Bélier (8%), de l’Iffou (6,5%), du Bounkani (5,6%), du Haut Sassandra (3,4%) et de la Marahoué (3%) ; les autres régions ont une production en dessous de 2% (FAO, 2022). Quant aux régions du Gontougo et du Bounkani, l’igname produite est dominée par les variétés dites précoces, dont est issue le Kponan (Kouakou & Anoh, 2019 : 80). Par sa forte valeur marchande, l’igname Kponan permet de réaliser une marge bénéficiaire de plus de 50% sur les marchés urbains (Bagal & Vittori, 2010 : 8). De ce fait, les peuples Lobi et Nafana qui en assurent l’essentiel de la production (Kouakou & Anoh, 2019 : 71) l’ont adoptée depuis plusieurs décennies comme culture de rente et l’une des principales sources de leurs revenus agricoles (Doumbia, 1995 : 8). L’igname Kponan est une plante endémique à la savane (Cornet, 2005 : 2). Plus de 70% de la production est assuré par le Nord-Est (Demont et al., 2003 : 16 ; Kouakou & Anoh, 2019 : 80), dans le bassin Bondoukou-Bouna (Doumbia et al., 2006 : 274 ; Mahyao, 2008 :7). Toutefois, soulignons que dans la littérature scientifique, il n’existe presque pas d’explications logiques sur la localisation des sites de production d’igname Kponan en milieux de savane. Le présent article se propose d’expliquer les raisons de la distribution spatiale à l’aide des caractéristiques topographiques des sites de production, des types de sol, de l’historique des parcelles et des pratiques culturales.

Localisation de la région étudiée

La région étudiée occupe la moitié Nord du district du Zanzan (figure 1). Elle produit la quasi-totalité de l’igname Kponan (Kouakou & Anoh, 2019 : 80). Cette importante zone de production comprend deux sous-régions : celle de Gontougo qui a pour chef-lieu Bondoukou, et celle d Bounkani qui a pour chef-lieu Bouna.

Source : Fond de carte BNETD, Réalisation : Kouakou, 2022
Figure 1 : carte de localisation de la région étudiée

Matériels et méthodes

L’analyse de 164 parcelles d’igname Kponan a été réalisée à l’aide d’un Système d’Information Géographique (SIG). Les 164 parcelles ont été retenues dans les villages de Tambi (département de Bondoukou) et de Tessodouo (département de Bouna). Ces deux villages ont été choisis à la suite d’un sondage systématique à probabilité inégale. La taille minimale des parcelles considérée est de 0,25(¼) ha. Six variables retenues : 1) la parcelle d’igname Kponan; 2) sa localisation géographique; 3) sa superficie; 4) son milieu naturel (historique de la parcelle, pédologie et topographie); 5) ses pratiques culturales; 6) son rendement. L’utilisation de ArcGIS 10.7.1 et ses modules de traitement statistique ont permis de supposer les données topographiques (préalablement conçues à partir des données d’altitude collectées par GPS) et les données des différentes variables. Il a été ensuite possible de visualiser les caractéristiques biophysiques des sites privilégiés dans la création des parcelles à l’échelle de 1/5000. Le système de projection adopté est de type UTM ellipsoïde WGS84. Trois fonds de carte (format raster) ont été utilisés : 1) carte géologique de la Côte d’Ivoire réalisée à l’échelle 1/4 000 000 par la Société pour le Développement Minier de la Côte d’Ivoire (SODEMI, 2012); 2) carte pédologique de la Côte d’Ivoire; 3) carte phytogéographique de la Côte d’Ivoire. Les deux dernières ont été réalisées à l’échelle 1/2 000 000 par l’Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (ORSTOM, 1960).

Géologie de la région étudiée

La géologie du Zanzan comprend cinq unités structurales (figure 2) : 1) le Permien ; 2) le complexe granitoïde ; 3) le complexe plutonique ; 4) le Birrimien ; 5) l’Archéen ou l’Antébirrimien. Le Permien occupe des surfaces infirmes et ponctuelles observables dans le Nord de la région du Bounkani, qui couvre le Nord-Ouest du Département de Bouna jusqu’à la frontière des départements de Téhini et de Doropo. Le complexe granitoïde baoulé, composé de granitoïdes à biotite homogènes et de granitoïdes subalcalins à deux micas est une unité structurale qui affleure dans tout le Zanzan. Les granitoïdes à biotite homogènes partent de la moitié Nord de la région du Gontougo au Nord-Est du Bounkani ; ils servent d’assise à la quasi-totalité des départements de Bouna et de Doropo. Les granitoïdes subalcalins à deux micas quant à eux occupent la partie Ouest des départements de Sandégué et Nassian où on observe des surfaces à faible pente.

Le complexe plutonique abronien comprend deux sous-unités à savoir les granitoïdes discordants (granodiorites, monzonites) et les granitoïdes concordants (granodiorites, granites). Ces sous-unités n’occupent pas de grands espaces ; leur distribution spatiale discontinue dans le district du Zanzan, est très marquée dans la région de Bondoukou.

Source : SODEMI, 2012 Réalisation : KOUAKOU, 2022
Figure 2: Géologie du Zanzan

Quant au Birrimien, il comprend quatre sous-unités : 1) les Supergroupes de comblement (conglomérats, grès, schistes), 2) les métasédiments (schistes, quartzites, roches à manganèse), 3) les métavulcanites quartziques (rhyolites) et 4) les métavulcanites non quartziques (basaltes, andésites). Les supergroupes de comblement se concentrent au Sud de la région du Gontougo. Ils couvrent la quasi-totalité des départements de Koun-Fao et de Transua et certaines surfaces des départements de Sandégué et Tanda. Une autre bande surfacique de supergroupes de comblement se situe à cheval entre le Nord-ouest du département de Bouna et la première moitié Est de Téhini. Les métasédiments se répartissent en de surfaces moyennes concentrées à l’Ouest du département de Bondoukou, au Sud et à l’extrême Ouest de Bouna et la première moitié Ouest de Téhini. Les métavulcanites quarzites n’occupent qu’une très faible surface observable dans le Sud-ouest du département de Téhini, tandis que les composantes non quartziques forment un léger maillage orienté d’Ouest au Nord-ouest de l’ensemble du district. L’Archéen ou antébirrimien se compose de migmatiques et de granites migmatitiques qui affleurent sporadiquement dans les départements de Tanda, Nassian et Bouna.

Corrélation des données

Topographie, pédologie et logique de localisation des parcelles

Dans la région de Bondoukou (Tambi), les 99 parcelles d’igname Kponan retenues dans le cadre de la présente étude ont été observées dans un rayon de 500 m depuis le centre du village. Elles montrent une importante concentration dans les parties Nord-Est, Est et Sud de la localité de Tambi (figure 3). La topographie du site indique la présence de surfaces à pentes moyennes à fortes, insérées dans un espace géographique bien arrosé.

Source : KOUAKOU, 2022 Réalisation : KOUAKOU, 2022
Figure 3: Facteurs biophysiques de la localisation des parcelles

Des surfaces déprimées aux sols grossiers à tendance sableuse et très filtrants ont été également observées. Elles sont très propices à la culture de l’igname Kponan. Dans la région de Bouna et plus précisément à Tessodouo, la logique de localisation des parcelles reste la même qu’à Bondoukou, car seules les surfaces à pentes faibles qui conservent bien l’humidité sont parmi les sollicitées. La culture de cette variété d’igname se fait entre décembre et mai. Cette période étant peu arrosée, les producteurs se doivent par empirisme de privilégier les surfaces qui conservent assez bien l’humidité. Voilà pourquoi les surfaces à pentes faibles, fortement indurées qui ne disposent pas de réserves en eau intéressent peu les cultivateurs. Néanmoins, soulignons que leur utilisation agricole nécessite des pratiques culturales particulières qui peuvent accélérer leur dégradation. Les parcelles d’igname Kponan observées dans ces zones sont éloignées les unes des autres dans la mesure où les sites privilégiés sont spatialement sectoriels ou fragmentaires.

Une lecture de la figure 3 indique la présence de sols ferrugineux tropicaux lessivés à concrétions (FLC). Ils ont des caractéristiques agronomiques et des aptitudes culturales très variables et une hétérogénéité remarquable (Dabin et Maignien, 1979 : 249). Ils constituent d’excellents milieux agricoles malgré leur faible teneur en éléments nutritifs. S’agissant des sols ferrallitiques, disposent d’un bon potentiel chimique et d’une bonne teneur en argile qui les prédisposent à la culture de féculents parmi lesquels l’igname Kponan (Youssouf et Lawani, 2002, : 30).

Historique des parcelles

L’historique des parcelles d’igname Kponan observées montre qu’elle pousse en milieux soudanais et sub-soudanais. Il s’agit d’un même domaine phytogéographique. À Tambi, 70% des parcelles d’igname Kponan observés se trouvent en milieu de forêt claire sèche, de savane boisée, tandis que 30% existent soit en savane arborée soit savane arbustive (figure 3). Dans la région de Bouna, l’historique de l’ensemble des parcelles observées indique qu’elles se trouvent soit en savane arborée soit en savane arbustive.

Pratiques spécifiques et rendement

Le rendement des parcelles d’igname Kponan étudiées oscille entre 1 et 15 t/ha. On note l’existence de trois catégories selon le rendement à l’hectare. La première catégorie regroupe les parcelles qui présentent un rendement inférieur ou égal à 4 t/ha. Elle représente la grande majorité des sites cultivés soit 93% des parcelles identifiées à Tambi et 95 % à Tessodouo (figure 4.).

Source : KOUAKOU, 2022 Réalisation : KOUAKOU, 2022
Figure 4: Usage d’intrants et rendement des parcelles d’igname Kponan

La seconde catégorie concerne les rendements de 5 à 9 t/ha qui touchent 4% des parcelles étudiées dont 3% à Tambi et 1% à Tessodouo. Les parcelles concernées par la dernière catégorie (10-15 t/ha) se localisent seulement à Tambi et représentent 4% des parcelles étudiées. Dans ce village où l’igname Kponan est une identité à la fois culinaire et culturelle (Kouakou & Anoh, 2019 : 80), les étapes de la production sont plus maîtrisées, ce qui a une incidence positive sur les rendements. Aussi, la zone est-elle relativement plus arrosée (précipitation moyenne annuelle : 1129 mm à Bondoukou et 1115 mm à Bouna). En outre, le rendement de l’igname Kponan est positivement corrélé à l’usage des herbicides dans le processus d’essartage (figure 4).

À Tambi en effet, les parcelles d’igname ayant un rendement compris entre 10 et 15 t/ha ont toutes été défrichées avec des herbicides, et sur sept parcelles de rendement compris entre 5 et 15 t/ha, six ont été essartées à l’aide d’herbicides.

À Tessodouo dans la région de Bouna, les mêmes corrélations sont observées (figure 4). Sur cinq parcelles d’igname de rendement allant de 4 à 6 t/ha, trois ont été défrichées par des herbicides. À contrario, l’usage des engrais chimiques n’a pas un effet significatif sur le rendement des parcelles d’igname Kponan. Cela se justifie par le fait qu’ils sont acquis le plus souvent en faveur des cultures cotonnières ou de l’anacarde, la dernière étant cultivée en association avec l’igname. Leur utilisation comme fertilisants dans la culture d’igname Kponan relève donc d’un usage détourné, avec des modes d’utilisation peu ou pas maîtrisés. Par conséquent, leur effet sur le rendement n’est pas perceptible. Aussi, l’apport d’engrais intervient-il de façon tardive (1 mois avant la première récolte) dans le cycle de production de l’igname Kponan. Les tubercules n’en bénéficient donc pas.

Avec l’épuisement et la dégradation des sols, les paysans estiment que les herbicides ont des effets fertilisants. Ils garantiraient non seulement de bons rendements, mais aussi des tubercules de qualité, contrairement aux engrais chimiques qui auraient tendance à réduire la durée de conservation de l’igname Kponan, en plus d’en affecter certains paramètres organoleptiques. Les herbes traitées à l’herbicide sèchent généralement jusqu’à la racine et leur décomposition constitue un engrais organique pour le sol. À côté des effets fertilisants dévolus aux herbicides, ils permettent de résoudre en partie les problèmes de main d’œuvre, qui se font de plus en plus rares.

Discussion

La localisation des projets agricoles obéit à certaines logiques propres à l’activité agricole et aux acteurs qui y interviennent. Elle fait intervenir de nombreux facteurs qui peuvent se prêter à des variations spatiotemporelles (Belhédi, 2017 : 19), et c’est ce qui est mis en exergue dans cette étude. En effet, l’agriculture est une activité consommatrice d’espace/terre et l’utilisation spécifique de chaque entité spatiale est soumise à des facteurs (Claval, 1968 : 199) tels que la nature du sol, les conditions naturelles et les habitudes culturelles. Fondés sur la théorie de la localisation agricole de Von Thünen, ces facteurs sont inhérents au statut des agrosystèmes. La nature du sol détermine la nature des cultures adoptées et leurs rendements ; elle introduit des variations locales selon la topographie, l’exposition à la lumière et le niveau de fertilité du sol. Certains types de sols ne permettent pas certaines cultures. Ici, le sol est un facteur de production, contrairement à d’autres secteurs d’activité (le transport, la pêche; etc.) où il constitue un élément de géolocalisation. Les conditions naturelles sont ainsi des facteurs indéniables à tout projet agricole, surtout dans le contexte africain où l’agriculture est peu mécanisée. Elles laissent souvent à l’agriculteur, le choix du type de culture qu’il entend réserver à une portion de terre, avec un calendrier cultural conséquent. Bien des sols ne se prêtent qu’à un seul genre de culture, ou à une pratique culturale spécifique (Howald, 1954 : 61). La savane est considérée dans cette étude comme une zone phytogéographique plus favorable à la production de l’igname Kponan de Bondoukou, et cela corrobore l’étude de Kouassi (2009 : 42) qui indique que l’igname est par nature une plante de savane (Kouassi, 2009 : 42). L’affectation agricole du sol ne peut se limiter à une approche physique et agronomique. Un milieu peut être physiquement prédisposé, posséder un potentiel cultural spécifique que les activités humaines vont révéler (Barjolle et al., 1998 : 14) au fil du temps. Savoir-faire, pratiques et habitudes culturelles sont donc essentiels dans l’analyse de l’ancrage territorial des produits agricoles.

Conclusion

La localisation des parcelles de l’igname Kponan de Bondoukou se fonde sur la topographie du site, la nature du sol, les conditions naturelles et les habitudes culturelles. L’activité de production est majoritairement tenue par deux peuples (Nafana et Lobi) qui partagent relativement les mêmes milieux phytogéographiques et développent de ce fait des activités agricoles similaires avec l’igname Kponan comme principale culture vivrière. Avec la dégradation des sols, les herbicides sont mis à contribution dans le processus d’essartage. Cette pratique aurait l’avantage d’enrichir le sol en matières organiques et d’assurer des rendements relativement meilleurs. Il reste toutefois incertain d’affirmer que l’usage de ces produits permet de maintenir la qualité organoleptique originelle de l’igname Kponan.

 

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Pour citer cet article


Référence électronique

KOUAKOU Kouakou Philipps, KOFFI Innocent & ANOH Kouassi Paul (2024). « Logique de localisation des parcelles de l’igname Kponan de Bondoukou, Côte d’Ivoire ». Revue canadienne de géographie tropicale/Canadian journal of tropical geography [En ligne], Vol. (9) 2. En ligne le 12 octobre 2024, pp. 10-14, https://revuecangeotrop.ca

   

Auteurs


KOUAKOU Kouakou Philipps
Université Alassane Ouattara
Centre Suisse de Recherches Scientifiques en Côte d’Ivoire
E-mail: philipps_k@yahoo.fr  

KOFFI Innocent
Université Alassane Ouattara
E-mail: divineorlane09@gmail.com   

ANOH Kouassi Paul
Université Félix Houphouët-Boigny
E-mail: anohpaul@yahoo.fr