Eaux et conflits en Côte d’Ivoire : regard géographique sur des conflits halieutiques larvés au lac du barrage hydroélectrique de Taabo

Water and conflict in Côte d’Ivoire: geographical approach of latent fishery conflicts in the lake of Taabo hydroelectric dam

KOUDOU Dogbo


Résumé La construction à Taabo, à la fin de la décennie 1970, d’un barrage hydroélectrique, y a présidé au développement d’activités halieutiques artisanales suite à la migration de pêcheurs professionnels allogènes. Toutefois, la lutte pour le contrôle et l’appropriation de la ressource engendre, depuis quelques années, des tensions et conflits entre populations autochtones riveraines et communautés de pêcheurs étrangers, principaux acteurs de ces activités de pêche. L’objectif de cet article est d’analyser les enjeux essentiels de ces rivalités. L’approche méthodologique est basée sur un examen de la littérature halieutique, des observations de terrain et des entretiens semi-structurés menés avec les parties prenantes à l’exploitation de cet espace aquatique. Le résultat montre que l’espace du lac de ce barrage dans son ensemble, est sujet à divers actes conflictuels, notamment l’interdiction de son accès et la conquête de certaines zones poissonneuses qui conduisent à des vols, saisies et destructions de matériels de pêche des acteurs allogènes. 

Mots clés: Taabo, pêcheurs allogènes, autochtones riverains, appropriation, conflits halieutiques.

 

Abstract: The construction of a hydroelectric dam in Taabo, at the end of the 1970s, has led to the development of artisanal fishing activities following the migration of non-native professional fishermen. However, the fight for control and appropriation of the resource has generated, in recent years, tensions and conflicts between indigenous riverside residents and foreign fishermen communities who are the major actors of these fishing activities. The objective of this paper is to analyze the key issues of these rivalries. The methodological approach is based on an examination of the fishery documents, field observations and semi-structured interviews carried out with the involving parties in the exploitation of that aquatic area. The result shows that the area of the lake as a whole is subject to various conflicting acts, including the prohibition of access to the water and the conquest of some fishing areas which lead to theft, seizure and destruction of fishing materials of non-native fishing actors.

Keywords: Taabo, non-native fishermen, indigenous riverside residents, appropriation, fishery conflicts.

 

Plan


Introduction

Méthode et terrain

Résultats

Modes de règlement des conflits

Discussion

Conclusion

 

Texte intégral                                                                                  Format PDF


INTRODUCTION

Les eaux de surface de la Côte d’Ivoire couvrent environ 4 462 km2 (1,38 % de sa superficie) dont de nombreux cours d’eau et un réservoir relativement important de 1 760 km2 de retenues d’eaux pour les activités agropastorales et pour la production d’énergies hydro-électriques (FAO, 1984 : 3). Ces eaux intérieures supportent des pêcheries continentales qui, à la faveur de la crise économique que vit le pays depuis la fin des années 1980, retiennent de plus en plus l’attention des Ivoiriens. Ce regain d’intérêt a singulièrement, fait des lacs de barrages hydroélectriques du pays, des espaces de tensions et de conflits opposant généralement, communautés de pêcheurs allogènes et populations autochtones riveraines. Agbroffi (2002 : 4) estime à cet effet, qu’en début des années 2000, 31 % des 19 régions administratives que comptait la Côte d’Ivoire à cette période, étaient touchées par des litiges halieutiques. Région intérieure de la Côte d’Ivoire, Taabo est loin des avantages dont bénéficient les zones littorales en matière d’exploitations halieutiques artisanales.

Cependant, elle possède ses propres atouts hydro-biologiques qui font d’elle, l’une des plus importantes régions productrices de poisson d’eaux douces du pays. L’exploitation des ressources aquatiques y est une activité ancienne qui a connu au cours des différentes années, des évolutions aux niveaux social, technique, règlementaire, culturel et économique, liées principalement à la mise en place d’un lac artificiel né de la construction d’un barrage hydroélectrique. Ces changements ont permis un essor des activités de pêche mais, ils ont aussi développé les antagonismes qui sont en passe de mettre à mal sa cohésion sociale et compromettre la durabilité de l’exploitation de la ressource. Quels sont les faits à l’origine de ces dissensions ? Où se produisent-ils sur le lac ? En quoi ces litiges représentent-ils de sérieuses entraves à la durabilité de l’activité de pêche sur ce plan d’eau ? L’objet de cette réflexion est de s’interroger sur les enjeux véritables de ces conflits dans le cas du lac de Taabo. Il s’agit de montrer, que les questions de l’appropriation et du contrôle de la ressource, principaux déterminants de ces litiges, peuvent être source de fracture sociale entre les principaux acteurs impliqués dans l’exploitation halieutique de cet espace aquatique. Les litiges halieutiques constituent de sérieux disfonctionnements aux systèmes de production des pêcheries artisanales continentales en Côte d’Ivoire. Ils compromettent parfois, durablement, les moyens d’existence des acteurs. La mise en évidence des déterminants sociaux et matériels de ces différends, de même que la cartographie des zones de conflits, dans le cas du lac de Taabo, se présentent ainsi comme une aide à la décision dans la recherche de solutions pour une exploitation durable de la ressource halieutique de cet espace aquatique. Pour atteindre l’objectif de l’étude, l’approche méthodologique ci-dessous a été choisie.

MÉTHODE ET TERRAIN

La démarche méthodologique adoptée dans le cadre de cette étude repose sur une recherche documentaire, une observation de terrain et des entretiens semi-structurés réalisés auprès des parties prenantes à l’exploitation et à la gestion de ce plan d’eau. Plusieurs localités sont édifiées autour de ce lac artificiel d’une superficie de 70 km2. La recherche a été faite sur cinq d’entre elles (une ville, trois villages et un campement de pêche) présentant une diversité de situations de litiges liés à l’exploitation de la ressource halieutique de ce plan d’eau : 1) la ville de Taabo-cité est localisée dans la partie sud-est du lac. C’est par ailleurs, la seule localité urbaine installée dans les environs immédiats du lac. Elle est marquée par la présence d’une forte communauté de pêcheurs allogènes et professionnels « Bozo[1]» dont le nombre et les pratiques sont couramment critiquées par les jeunes autochtones de la localité de Taabo-village ; 2) le village d’Ahondo est située à une douzaine de kilomètres, au nord de Taabo-cité. Il est caractérisé par des proportions à peu près identiques de pêcheurs étrangers et de pêcheurs autochtones. Il a en outre, la quasi-totalité de son espace de pêche, envahie par deux types de végétaux aquatiques flottants (Eichhornia crassipes et Echinochloa pyramidalis). Les tensions qui s’y développent sont liées à l’exiguïté de l’espace disponible pour l’exercice de l’activité ; 3) le village de Sahoua s’est développé à trois kilomètres au nord de Ahondo. Il présente à l’instar de celui-ci, des proportions à peu près identiques de pêcheurs étrangers et de pêcheurs autochtones. Pareillement, son espace de pêche est aussi permanemment occupé par Eichhornia crassipes et Echinochloa pyramidalis et les tensions sont similaires à celles connues à Ahondo ; 4) Taabo-village se situe dans la partie sud-ouest du lac. Ce village abrite le plus grand nombre de pêcheurs autochtones riverains de ce plan d’eau. En outre, la technique de pêche à la senne ali exercée par les unités de jeunes pêcheurs de cette localité est déblatérée par les pêcheurs allogènes et les autres villages riverains ; et 5) le campement de pêche de Courandjourou est le plus important établi par les allogènes autour de la retenue d’eau. Localisé à l’ouest du lac et au nord de Taabo-village auquel il est rattaché, il s’y produit des tensions autour des techniques de pêche, en particulier avec les jeunes pêcheurs originaires de ce village.

Le travail de terrain s’est fait aussi le service administratif chargé de la gestion de cet espace aquatique ; c’est-à-dire le Bureau aquaculture et pêche (BAP) local. Il en a été de même avec le conseil municipal de Taabo dont la commune couvre trois des cinq localités précédemment citées, en l’occurrence Taabo-cité, Taabo-village et Ahondo. Quant à l’’enquête réalisée au cours du mois de juillet 2014, elle a consisté en des entretiens avec des autorités villageoises (chefs de villages, de campement) et administratives (Maire, agents du BAP), des pêcheurs (autochtones et allogènes), autour d’un guide d’entretien. Chacun des enquêtés a été invité à donner des informations sur l’identité des acteurs et parties prenantes, la liste de tous les problèmes liés à la gestion du lac, le répertoire des systèmes de gestion mis en place. Il a été question de donner une explication aux causes des tensions et conflits, d’analyser les moyens de leur règlement et de proposer des solutions pour une gestion durable de ce plan d’eau. Enfin, une spécification des localités et des lieux ou zones d’exploitation ayant déjà fait l’objet de tensions ou de conflits a été demandée.

Des résultats tant qualitatifs que quantitatifs sont issus des données recueillies à la suite de cette enquête. Nous avons recouru à différents types de traitement selon la nature des informations collectées notamment la cartographie thématique. L’analyse cartographique concerne principalement la localisation des zones de conflits sur le lac. Les variables prises en compte sont la typologie des conflits et les techniques de pêche qui y sont déployées. Ces espaces ont pu être répertoriés avec l’aide des pêcheurs. Pour ce faire, il leur a été demandé de marquer sur une carte du lac à l’échelle 1/250 000 les zones d’utilisation des engins de capture. Une autre à la même échelle a également servi pour l’identification des limites virtuelles des portions d’eau selon les localités. Ces deux cartes ont par la suite été scannées puis digitalisées sous Adobe Illustrator CS.

RÉSULTATS

L’analyse des données dans cet article se fait autour de trois principaux axes que sont : l’identification des acteurs en présence, la mise en lumière des causes de tensions et conflits qui s’y déroulent, puis enfin, la présentation de leurs modes de règlement.

ACTEURS EN PRÉSENCE ET PARTIES PRENANTES DANS L’EXPLOITATION ET LA GESTION DU LAC

Les Souamlin et les N’gban, deux sous-groupes de l’ethnie baoulé, se partagent la sous-préfecture de Taabo. Cependant, les Souamlin sont le groupe ethnique dont des villages sont édifiés dans les environs proches du lac. D’une façon générale, ces populations exercent leurs pratiques halieutiques dans ce nouvel environnement aquatique. Toutefois, elles sont en grande partie encore attirées par les activités agricoles. Il s’agit donc, majoritairement, de pêcheurs occasionnels qui n’exercent l’activité qu’entre deux saisons agricoles. D’ailleurs, ceux qui parmi eux en font leur principale source de revenu ne la considèrent que comme un pis-aller. Par ailleurs, ces pêcheurs autochtones se targuant d’être sur leurs terres, se sont, jusqu’à présent, opposés aux différentes mesures administratives de gestion de la ressource (recensement, délivrance de licence de pêche, prélèvement de taxes d’exploitation…).

La pratique de la pêche professionnelle sur le lac de Taabo est, quasi-essentiellement, l’affaire de populations d’immigrants sous-régionaux. Une étude de la Direction et contrôle des grands travaux (DCGTx) menée au cours de la première décennie d’exploitation du lac, dans le but d’un développement des activités de pêche, le confirme. Publiée en 1989 (DCGTx, 2009 : 30), elle fait état de l’installation autour de ce seul plan d’eau, de 337 pêcheurs dont 321 non-nationaux, soit 95,25 % des pêcheurs exerçant leurs activités en ce lieu. Parmi eux, elle dénombre 287 Maliens, 3 Guinéens et 2 Nigériens, contre seulement 34 Ivoiriens. Les données issues des travaux de Traoré (1996 : 111) confirment cette nette domination de l’activité par les pêcheurs non-nationaux. Elles montrent qu’ils représentent 95,42 % des 306 pêcheurs en activité sur le lac à cette période. La situation est demeurée inchangée au fil des années puisqu’aujourd’hui encore, les allogènes représentent 90,99 % des pêcheurs professionnels contre 9,01 % de nationaux (Koudou, 2012 : 113). Leur première migration de masse dans cette région est consécutive à la construction (de 1975 à 1978) du barrage hydroélectrique de Taabo. En effet, la mise en place de cette grande infrastructure a suscité l’apport d’une main-d’œuvre étrangère issue des pays limitrophes. À la fin des travaux, un nombre notable de ces travailleurs immigrés se reconvertit en pêcheurs professionnels. On voit ainsi, apparaître aux alentours du lac – sur autorisation des populations autochtones riveraines – les premiers campements de pêcheurs étrangers. À partir de 1978, un second mouvement migratoire a lieu, en raison de la mise en eau du barrage. Ce fait est essentiel puisque de par son ampleur, cette dynamique migratoire qui peut aisément, être qualifiée de « migration de pêche » va entrainer une mutation dans les modes de prélèvement de la ressource avec l’apport de nouveaux engins de capture. Des pêcheurs étrangers (surtout Maliens) s’installent donc au bord du lac pour la pratique halieutique. Ils s’établissent d’abord à Taabo-cité puis, dans les villages riverains et enfin dans des campements de pêche. Ces nouveaux arrivants sont issus pour les uns, des premiers lacs de barrages hydroélectriques du pays que sont Ayamé (1959), Kossou (1971) où ils étaient initialement installés. Les autres descendent directement de leur pays d’origine, le Mali.

Outre les pêcheurs et les commerçants de produits halieutiques, principaux acteurs, les autres parties prenantes à l’exploitation des ressources du lac et des espaces alentours sont diversifiées. Il s’agit des paysans, des chefferies villageoises, de l’administration des pêches (BAP), des services administratifs déconcentrés (préfecture, sous-préfecture) et décentralisé (commune) qui sont impliqués dans sa gestion.

DIVERSITÉ DES ACTES CONFLICTUELS 

Diverses situations de tensions entre pêcheurs autochtones et allogènes sont manifestes sur le lac depuis son ouverture aux activités halieutiques en 1981. Elles se sont globalement accrues avec l’occupation progressive de la superficie de ce plan d’eau par des végétaux aquatiques envahissants. Elles sont marquées par la prédominance de préoccupations relatives aux conditions d’accès à la ressource, l’exploitation commune des zones de pêche, l’utilisation d’engins prohibés et l’appropriation de la ressource.

« ACCÈS ET CONTRÔLE DE L’ACCÈS »[2] AU PLAN D’EAU, UNE ÉVOLUTION MAL PERÇUE PAR LES AUTOCHTONES RIVERAINS

De par leur localisation en bordure du fleuve Bandama, les Souamlin ont intégré dans leurs habitudes, une pratique permanente de la pêche caractérisée par un libre accès aux espaces aquatiques. Le manque de dextérité dans le maniement des différents engins de pêche constitue, par conséquent, l’obstacle qui se dresse réellement entre le Souamlin et le poisson dont il a besoin pour sa subsistance. Cela dit, toute personne étrangère accueillie au sein de la communauté et désireuse d’exercer l’activité de pêche est astreinte à un principe de tutorat qui gouverne l’accès de l’étranger aux espaces et à la ressource aquatiques. Cette personne doit, en principe, en faire la demande à la chefferie par l’intermédiaire de son tuteur, le chef de la famille hôte se chargeant par ailleurs, de la surveillance des pratiques halieutiques de son étranger. Cette règle a, pendant longtemps, régi et permis de contrôler d’une part, l’accès de l’étranger à l’eau et d’autre part, ses pratiques sur la ressource ; et donc, d’en limiter globalement, les prélèvements à ce qui n’était nécessaire qu’à la subsistance des familles. Mais, ce droit d’usage communautaire a progressivement perdu de sa force avec la création du lac et l’arrivée massive des pêcheurs professionnels Bozo, plus soumis aux règlementations administratives. Dorénavant, la pratique de la pêche professionnelle est acquise après autorisation préalable obtenue auprès d’un service des pêches. Pour ce faire, un recensement de certains principaux acteurs de la pêche (pêcheurs, mareyeurs et détaillants de produits halieutiques) est entrepris chaque début d’année par ce service. Celui-ci se charge par la suite du contrôle régulier des effectifs des pêcheurs et de leurs engins de pêche.

Pourtant, les autochtones riverains, comme c’est le cas avec les jeunes de Taabo-village, dénient parfois ces garanties légales aux pêcheurs allogènes. Ils leur exigent en plus des taxes règlementaires, des passe-droits supplémentaires pour l’exercice de leurs activités. En cas de refus, ils sont considérés comme réfractaires aux doléances des attributaires terriens et sont, par conséquent, l’objet de menaces d’expulsion de leurs campements ou d’interdiction d’accès au plan d’eau. Ces menaces sont accompagnées d’actes d’intimidation dans les zones d’exploitation commune.

EXPLOITATION COMMUNE DES ZONES DE PÊCHE CONFLICTUELLE

Alors que les pêcheurs autochtones Souamlin, refusent que les règles légales d’accès au lac leur soient appliquées, ils exercent, pour certains, des activités intensives de pêche à l’instar des professionnels Bozo. De ce fait, ils entrent en compétition avec ceux-ci dans de nombreuses zones de pêche notamment les hauts fonds et les zones peu profondes proches des berges du lac. Ces milieux se caractérisent par de forts enjeux liés au fait qu’ils constituent des biotopes de prédilection de certaines espèces de poissons et des frayères. Ceci en fait également, des espaces de capture de premier ordre pour la plupart des pêcheurs. Par conséquent, ils sont sujets à une exploitation commune plus intense et anarchique (figure 1).

La mise en relation des techniques de capture avec la position géographique des zones de pêche montre, une diversité et une concentration d’engins dans les bandes bordières du lac (figure 1). De ce fait, ces espaces qui subissent le plus de pression en termes d’appropriation, deviennent des zones conflictuelles en raison de la pose indistincte des engins de capture et des techniques employées. Les espaces plus au large, semblent présenter plus de difficultés d’exploitation (rapidité du courant, profondeur plus importante) et moins d’intérêt. Ils provoquent donc, davantage moins de tensions. D’ailleurs, seuls les pêcheurs professionnels Bozo s’y aventurent irrégulièrement.

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Figure 1 : Zones de tensions selon les techniques de pêche sur le lac de Taabo

AGRESSIVITÉ DES TECHNIQUES DE PÊCHE

L’essor de la pêche à Taabo est étroitement lié à la création du lac du barrage hydroélectrique. Il s’est accompagné d’une évolution sociale marquée par l’arrivée des pêcheurs professionnels étrangers comme cela a été dit. Mais, il a surtout permis l’introduction et l’amélioration des techniques de production. Certaines de ces nouvelles techniques, notamment la pêche aux bambous-pièges ou bô, celles consistant en l’utilisation des sennes de rivage et dans une moindre mesure, celles mettant en œuvre les nasses papolo sont dangereuses pour la pérennité de la ressource et de l’activité. Elles sont donc sources de tensions. À titre d’exemple, les petites mailles (inférieures à 13 millimètres nœud à nœud) de la senne ali, employée par les unités de pêcheurs de Pellonula leonensis, n’épargnent aucune espèce et classe d’âge de poisson.

De nombreuses tensions naissent de la contestation par les autres pêcheurs, de ces nouveaux engins non sélectifs ou, comme c’est le cas pour les bô, « dirigés vers la capture des géniteurs de certaines espèces de poisson » (Da Costa et Dietoa, 2007 : 8). Il existe en conséquence, avec ces engins, un réel danger d’élimination de ces espèces particulièrement visées. La création de nouvelles unités utilisant ces engins constitue par conséquent, de réels motifs d’inquiétude pour la durabilité de l’exploitation.

Paradoxalement, leur utilisation est tolérée par le service administratif des pêches dont les agents jouent ainsi, les équilibristes entre les récriminations des uns, le respect de leur engagement envers les patrons-pêcheurs propriétaires de ces engins (puisqu’ils s’acquittent du paiement régulier de leur licence de pêche) et la réalité de la protection de la ressource. Cela remet donc en cause la gestion du lac du point de vue de la préservation de l’équilibre entre les exploitants.

APPROPRIATION DE LA RESSOURCE

Certaines parties du lac font l’objet d’appropriation par des pêcheurs et des villages riverains. Les territoires de pêche à la senne djoba, aménagés par les équipes des « pêcheurs-senneurs » Bozo à différents endroits du plan d’eau en sont une parfaite illustration. En effet, pour pallier les difficultés liées à la présence de nombreuses souches et troncs d’arbres ennoyés dans le lac, les pêcheurs-senneurs Maliens ont institué la création de zones de capture destinées à l’utilisation des djoba. Ce sont des espaces, en principe, réservés à l’usage exclusif de chaque unité de pêche. Ils sont exploités de façon permanente. Et même, si celle qui les a créées n’existe plus, leur utilisation par une unité tierce est, soumise à autorisation préalable du patron-pêcheur qui en est l’auteur.

Il en est autant, du morcellement de la surface du lac par les villages suivant le domaine foncier villageois et sa division de facto par les pêcheurs selon leur localité de résidence (figure 2).

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Figure 2 : Morcellement de la surface du lac par les pêcheurs

Il résulte de la mise en application du « droit » foncier villageois, que les ressortissants d’une même localité villageoise ainsi que les pêcheurs des campements qui lui sont rattachés, ne peuvent en principe, exercer leurs activités que sur « leur portion » d’eau. Cela fait des incursions des pêcheurs d’une localité dans les eaux des villages voisins, des actes « illégaux ». Ces ingressions conduisent à des vols, saisies et destructions de matériels de pêche qui constituent souvent des sources de tensions.

BAISSE DES RENDEMENTS DES UNITÉS DE PÊCHE

Une mise en exergue de l’évolution de la production halieutique de la sous-préfecture de Taabo, essentiellement basée sur les données des pêches issues du lac, montre une nette chute des captures à partir de 1995 (tableau1).

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Source : Traoré, 1996 ; DPH, 1990-2013                                                 * Données non disponibles

Tableau 1 : Productions halieutiques de Taabo de 1978 à 2012

Les autochtones riverains imputent cet effondrement de la production, passée de 435 tonnes en 1978 selon Traoré (1996 : 107) à 636 tonnes en 1994 (DPH, 1995) puis 60 tonnes en 2012 (DPH, 2013), à l’intensification de l’activité de pêche par les allogènes. La culpabilité humaine de cette situation est ainsi, transférée par les nationaux sur les seuls allogènes. Pour les Souamlin, la baisse de leurs rendements et la « disparition » et à un moindre degré, la raréfaction de certaines espèces de poissons sont liées à l’intensification de l’exploitation par les pêcheurs allogènes. Ils estiment que ceux-ci exercent un effort de pêche trop important du fait des engins utilisés et d’une activité continue et intense tout le long de l’année.

Pourtant, contrairement à ces accusations, les données de la Direction des productions halieutiques (DPH) de 1996 montrent, que cette chute débute en 1995 avec l’envahissement d’une importante partie (26 % selon Kouassi et al., 2007 : 95) de la surface de la retenue par deux types de végétaux aquatiques ; en l’occurrence Eichhornia crassipes et Echinochloa pyramidalis.

VOLONTÉ DES AUTOCHTONES RIVERAINS À SE SUBSTITUER AU SERVICE ADMINISTRATIF COMMIS À LA GESTION DU LAC

La loi n°86-478 du 1er juillet 1986 relative à la pêche, dans ses articles 6, 7 et 24, stipule que le droit de pêche dans les eaux du domaine public ou des collectivités territoriales appartient exclusivement à l’État ivoirien qui en assure la police. En d’autres termes, la gestion de la pêche sur le lac de Taabo est, en principe, assurée par des agents assermentés de l’Administration des Pêches. Une gestion parallèle y est, pourtant, instituée par certains villages riverains à l’endroit des pêcheurs allogènes. À ce propos, la localité de Taabo-village a instauré, en plus des taxes étatiques, une contribution financière annuelle d’un montant de 300 000 F CFA exigée de l’ensemble des acteurs étrangers établis sur « leurs terres ». Le prétexte évoqué est la présence importante des allogènes sur cet espace aquatique. Un point de désaccord relatif au refus de paiement de cette taxe villageoise a déjà conduit à la survenue de plusieurs incidents ayant opposé les deux communautés et ayant abouti dans le courant de l’année 2009, à une crise plus importante, heureusement apaisée par l’intervention des autorités coutumières et administratives.

En somme, la recension des sources de tensions et conflits survenant sur le lac montre, qu’ils sont en grande partie liés aux conditions d’accès et à l’usage de la ressource (tableau 2).

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Source : Enquêtes personnelles, 2014

Tableau 2 : Sources de conflits et de tensions sur le lac de Taabo

Au total, toute la surface du lac est concernée par les actes conflictuels (tableau 2). Néanmoins, on note une gradation de ces actions, inversement proportionnelle à la profondeur de l’eau. On observe leur répétition et leur concentration spatiale dans les milieux marqués par la diversité des engins de production.

MODES DE RÈGLEMENTS DES CONFLITS

Même si globalement, dans la recherche de solution, la résolution des conflits fait intervenir, à la fois, les instances d’arbitrage coutumières et modernes, la prérogative est accordée dans la plupart des cas aux institutions traditionnelles. Ainsi, le recours à la coutume et le règlement à l’amiable sont les modes les plus couramment utilisés par les parties en conflit afin de trouver des issues favorables à leurs différends. La recherche de résolution de ces tensions ne dépasse donc généralement pas le cadre local où elles sont dénouées par les chefs de campements et/ou de villages. Toutefois, il en a été autrement, pour la crise survenue au mois de mars 2009 et présentée comme la plus importante qu’ait connue le lac depuis sa création. Ce conflit avait principalement opposé les jeunes de Taabo-village aux pêcheurs allogènes de Taabo-cité et des campements de pêche affiliés à ce village (Courandjourou et Coulibalidaga). Au cours des altercations, plusieurs matériels de pêche des allogènes et leurs prises avaient été saisis et emportés par les jeunes autochtones.

Ce caractère intercommunautaire d’envergure a, par conséquent, raisonnablement nécessité l’intervention à la fois des autorités coutumières et administratives (Sous-préfet, Maire, Commandant de la brigade de gendarmerie, chef de service du BAP) pour son dénouement. Cela a permis d’éviter un affrontement entre les deux parties. Toutefois, la grogne persiste encore au sein de la jeunesse Taabo-village qui estime n’avoir été satisfaite qu’en partie ; la somme annuelle de 300 000 F CFA exigée à l’ensemble des Bozo de Taaboo-cité, Courandjourou et Coulibalydaga comme droit d’accès au lac, n’ayant été versée qu’une seule fois depuis ces évènements. Comme on peut s’en rendre compte, les modes actuels de règlement des tensions et conflits halieutiques sur ce lac présentent des limites qui constituent de réels obstacles à la durabilité de l’activité de pêche.

DISCUSSION

À l’analyse, la chronologie du déroulement des activités de pêche, sur cet espace aquatique, montre que sa création a attiré des pêcheurs professionnels Bozo. Il s’en est alors suivi une nette recomposition de la population des pêcheurs dominée dorénavant par ces acteurs allogènes. Ainsi, il est vrai que les nationaux sont tout aussi présents sur cet espace aquatique mais ils sont toutefois peu enclins à une pratique professionnelle ou exclusive de l’activité. La raison en est que les pratiques agricoles occupent une place prépondérante dans la société Souamlin. La pêche est donc, une activité de soudure qui passe en second lieu après les activités champêtres. De ce fait, l’effort de pêche des Souamlin est nettement moins important que celui des allogènes qui exercent une plus forte emprise sur la pêche commerciale et en tirent un profit monétaire plus conséquent.

Tout en transformant les pratiques des pêcheurs autochtones, la migration des professionnels Bozo a aussi augmenté le nombre d’exploitants de même que les capacités et les quantités des prélèvements. Or, certaines de leurs techniques notamment la pêche à la senne djoba sont dépeintes par les Souamlin comme des formes d’appropriations d’une ressource ne leur appartenant pas. Le Bandama est en effet, considéré par les autochtones riverains comme ayant toujours fait partie de leur patrimoine. C’est d’ailleurs sur cette base qu’ils estiment légitime d’en exiger un droit d’accès à toute personne étrangère à leur société. En outre, ils jugent que les allogènes sont responsables de toutes ces contraintes de plus en plus sévères imposées à la ressource et dont des impacts négatifs sont perceptibles par la baisse continue de la production. Ceci est en partie, à l’origine des accusations portées à l’encontre de la communauté Bozo et des tensions qui en résultent.

L’enjeu majeur de ces appropriations est le contrôle de la pêche spéculative dont les Bozo sont par ailleurs les précurseurs sur ce lac. Les zones de capture aménagées pour la pêche au djoba sont par conséquent exploitées par les pêcheurs à la senne ali basés à Taabo-village qui ne voient pas la nécessité du respect du défens de propriété privée qui sont leur essence même. Ces territoires halieutiques revêtent pourtant, aux yeux de leurs fondateurs, un statut équivalent à celui d’une parcelle agricole ; aucun « étranger » ne pouvant en exploiter les ressources car appropriées au pêcheur et à sa descendance. De plus, ces allogènes de même que le contrôle de leurs activités sont désormais affranchis du principe de tutorat puisque, dorénavant soumis aux règles administratives de gestion des activités de la pêche artisanale continentale. Cela montre que l’inhérence des conflits opposant les pêcheurs allogènes aux populations locales n’est pas toujours liée à l’épuisement des stocks de poissons. Cette idée est confirmée par Kouman (2008 : 372).

Ainsi, la création du lac et la migration des pêcheurs étrangers ont, certes, apporté une évolution aux techniques de pêche anciennement en usage dans la région de Taabo, mais elles y ont aussi conduit à une déliquescence du système local de gestion de ces ressources halieutiques. Suite à l’affaiblissement du principe du tutorat et à l’absence de règles législatives qui en réguleraient l’accès – l’arrêté instituant le permis pour la pêche professionnelle dans les eaux intérieures ivoiriennes n’a été pris qu’en octobre 1984 – les espaces halieutiques de Taabo ont, par conséquent, continué d’évoluer en libre accès jusqu’en 1984. La présence des pêcheurs allogènes s’est alors amplifiée jusqu’à cette période. Cette situation a eu comme principale conséquence leur mise en position de quasi-monopole dans les activités de pêche commerciale. Ceci a engendré chez les autochtones, un sentiment de frustration lié au fait que non seulement le monopole jadis exercé sur « leurs eaux » leur échappe désormais mais également, parce que ce sont dorénavant des étrangers qui en ont l’usufruit. Il est né de cette situation, au sein de ces communautés autochtones, un malaise social dû à ce que Verdeaux (1989 : 210) qualifie d’«impuissance à faire respecter l’ordre ancien». En effet, même s’ils sont aussi acteurs de la pêche commerciale, les performances des Souamlin ne peuvent égaler celles de ces pêcheurs de métier. La concurrence née de facto pour le contrôle de la ressource et qui les a conduits à une adoption assez rapide de la panoplie d’engins apportées par les pêcheurs étrangers leur est dans les faits, défavorable.

À travers les récriminations envers les allogènes, les autochtones font ainsi, usage d’un «ensemble d’outils stratégiques où chacun puise des arguments selon les circonstances» (Katz et Nguinguiri, 1999 : 195), en imputant à l’autre la responsabilité d’un problème qu’on pourrait avoir soi-même, contribué à engendrer. D’autant plus que certains parmi eux font aussi usage de la senne ali qui est un engin dangereux pour l’écosystème du lac. Des actions (vols, destructions d’engins) contraires aux règles d’une bonne cohabitation se sont, de ce fait, multipliées ces dernières années entre ces acteurs et sont en partie à la base du conflit de 2009.

Des situations similaires observées ces trente dernières années sur d’autres retenues artificielles du pays, notamment Ayamé (1998, 2012, 2013) et Kossou en 2001 (Anoh, 2007 : 119) ont abouti à des affrontements sanglants et parfois meurtriers. Il s’ensuivit l’expulsion des communautés de pêcheurs allogènes. On a par la suite assisté à une baisse considérable de la production des pêcheries. Cela, parce que les pêcheurs nationaux ont été dans l’incapacité de combler immédiatement le vide laissé par les allogènes (Vanga, 2004 : 201). Il convient donc, de trouver des solutions appropriées aux tensions qui ont cours sur ce lac afin, de redonner un avenir plus serein à l’exploitation de ses ressources halieutiques. Cela signifie que les normes actuelles de gestion de cet espace de pêche faites d’une réglementation imposée, pratiquement impossible à faire respecter par le Bureau aquaculture et pêche (BAP), doivent être remplacées par une norme locale plus inclusive. C’est-à-dire, une gestion participative de la ressource qui contribuerait également à la prévention des conflits.

CONCLUSION

Notre recherche a permis de montrer que l’apparent état de tranquillité présentée par l’exploitation des ressources halieutiques du lac de Taabo cache, en réalité, un nombre important de situations de tensions entre les principaux acteurs que sont les pêcheurs allogènes et les populations autochtones riveraines. Il s’agit notamment, des modalités d’accès à la ressource et des conditions de son usage. L’analyse de ces déterminants essentiels, trouve son sens dans l’idée selon laquelle la durabilité de l’activité doit nécessairement être participative et intégrer à la fois, les aspects biologiques, environnementaux et humains de l’exploitation. En somme, la mise en place d’un cadre inclusif de purge des causes de ces tensions s’avère aujourd’hui impératif si l’on veut éviter à Taabo des conflits halieutiques à l’image de ceux observés sur les lacs Ayamé et Kossou.

 

 

[1]Les pêcheurs allogènes de Taabo sont issus des pays limitrophes de la Côte d’Ivoire et surtout du Mali. Mais ils y sont tous reconnus sous la dénomination de pêcheurs « Bozo ». Ce terme qui désigne une ethnie malienne est donc utilisé dans un sens un peu plus large et désigne ainsi, indifféremment, tout immigré pratiquant la pêche, quelle que soit son appartenance ethnique réelle. C’est également dans ce sens qu’il sera employé dans ce travail.

 

[2] Expression tirée de Nguinguiri (1999 : 16)

 

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Pour citer cet article

Référence électronique

Dogbo Koudou. « Eaux et conflits en Côte d’Ivoire : regard géographique sur des conflits halieutiques larvés au lac du barrage hydroélectrique de Taabo ». Revue canadienne de géographie tropicale/Canadian journal of tropical geography [En ligne], Vol. (1) 1. Mis en ligne le 05 Mai 2015, pp. 47-56. URL: http://laurentienne.ca/rcgt

 

Auteur

KOUDOU Dogbo
Enseignant-Chercheur
Département de Géographie
Université Peleforo Gon Coulibaly, Korhogo (Côte d’Ivoire)
Email : dogbokoudou@hotmail.com