Toupouri migration and deforestation in the cattle breeding territories of the Diamaré Plain (Far North Cameroon)
ZOUYANE Valentin
Résumé : Depuis 1985, les migrants Toupouri ont amorcé de vagues mouvements internes vers la plaine du Diamaré à l’Extrême-Nord ; en quête de nouvelles friches cultivables et fertiles réservées à la transhumance. La présente étude analyse les facteurs de ces migrations et leur impact sur les territoires d’élevage de la plaine. Les investigations couvrent la période allant de 1985 à 2019 dans les territoires d’élevage de Kolara-Kobo et Gagadje-Maoudine. La méthodologie utilisée a consisté en des enquêtes guidées par les observations de terrain, les entretiens (164) et la recherche documentaire. Ainsi, les résultats montrent que les migrations Toupouri se poursuivent dans les territoires agropastoraux, au point où les blocs de pâturages sont mis en valeur, laissant apparaître les nouveaux fronts pionniers et des espaces cultivés. De même, deux modes informelles d’accès à la terre se sont développées sous le regard indifférent des pouvoirs publics et occupent 80 % des formes d’acquisition des terres pastorales.
Mots clés : Migration, Toupouri, Déforestation, Territoire d’élevage, plaine du Diamaré
Abstract : Since 1985, Toupouri migrants have been making vague internal movements towards the Diamaré Plain in the Far North in search of new cultivable and fertile wastelands reserved for transhumance. The present study analyses the factors of these migrations and their impact on the breeding territories of the plain. The investigations cover the period from 1985 to 2019 in the breeding territories of Kolara-Kobo and Gagadje-Maoudine. The methodology used consisted of surveys guided by field observations, interviews (164) and documentary research. The results show that Toupouri migrations continue in the agro pastoral territories, to the point where blocks of pasture are being developed, revealing new pioneer fronts and cultivated areas. Similarly, two informal modes of access to land, have developed under the indifferent eye of the public authorities and occupy 80% of the forms of pastoral land acquisition.
Keywords : Migration, Toupouri, Deforestation, Livestock territory, Diamaré plain
Plan
Introduction
Matériels et méthodes
Présentation de la zone d’étude
Techniques de collecte des données
Traitement des informations
Analyse des résultats
Raisons géographiques, socio-culturelles des migrations Toupouri vers la plaine du Diamaré
Principales raisons évoquées
Utilisation astucieuse des stratégies d’installation dans les territoires d’élevage
Concentration massive des migrants et incidences sur les territoires agropastoraux
Acquisition foncière et droit des migrants
Des modes variés d’accès à la terre agricole
Discussion des résultats
Conclusion
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INTRODUCTION
La question des mobilités internes reste un sujet d’actualité dans la plaine du Diamaré, surtout dans les territoires d’élevage du Mayo Kani. La présence des éleveurs transhumants et l’existence des blocs de pâturages délimités dans la zone en saison des pluies attirent les différents groupes d’acteurs (migrants, racketteurs ou voleurs). Les déplacements des populations sont motivés par la recherche du bien-être et d’un cadre de vie meilleure. Ainsi, cette ruée des migrants Toupouri vers les territoires des éleveurs transhumants en saison des pluies s’explique par la recherche de terre de karal (ou terres neuves ou vacantes), par la saturation foncière au pays toupouri, par l’infertilité des sols, par le départ pour fuir la famine de 1985 et le phénomène de saah’n1 (Watang Ziéba, 2010 : p. 141-147 ; Zouyane V. 2018 : 121-136). Dans ces territoires agropastoraux, la présence des migrants s’accompagne généralement des conflits sociaux et agropastoraux. Dans leurs travaux, Kossoumna Liba’a, (2008) et Mohammed (2015) précisent que la réduction des espaces traditionnellement reconnus aux transhumants, les conflits agropastoraux et les conflits interethniques sont entre autres les facteurs qui justifient la mobilité des éleveurs transhumants.
Après la fin du projet agropastoral de Mindif-Moulvoudaye, en 1985, les agriculteurs ont développé des stratégies de conquêtes d’espaces pour pratiquer les activités agricoles (Requier-Desjardins, 1997, 2001 ; Sous le Pic, 1983 : p. 2-4) : récupération des terres/blocs de pâturages considérés comme abandonnés par ledit projet agropastoral, entente avec l’autorité traditionnelle ou un membre de la famille installé dans la localité. Entente qui se poursuit jusqu’à nos jours (Zouyane, 2018 : p. 235-246). Derrière, l’action des agriculteurs riverains et agriculteurs migrants se positionnent des acteurs (l’administration locale) qui tirent les ficelles. Ils sont tapis dans l’ombre et mènent « des combats ». Conscients des gains qui ressortent de l’entretien des conflits, ces groupes d’intérêt manipulent les autres acteurs (Zouyane, 2018). Dans son ensemble, les territoires d’élevage connaissent des séries de difficultés : les migrants Toupouri associés aux populations riveraines se lancent à la conquête des terres agricoles. Ce qui favorise des conflits agropastoraux.
À la lecture de ces écrits, il se dégage que le flux migratoire massif du peuple Toupouri en quête de nouvelles terres de culture génère non seulement une dynamique des espaces ruraux, mais crée aussi un dysfonctionnement des territoires pastoraux. C’est au vu de ces constats faits que les questions suivantes sont posées : pourquoi, les migrants Toupouri se déplacent-ils vers les territoires d’élevage de la plaine du Diamaré ? Quelles sont les conséquences de l’occupation de ces surfaces pâturables ?
L’objectif de ce travail est d’analyser les raisons des migrations rurales internes des Toupouri vers les territoires d’élevage et leur impact sur les aires de pâturages. Pour cela, nous formulons l’hypothèse principale selon laquelle ce sont les facteurs géographiques, socioculturels et économiques qui concourent au mouvement migratoire des Toupouri vers les territoires d’élevage de la plaine du Diamaré. L’articulation qui suit consistera d’une part à faire ressortir les mobiles de cette vague migratoire vers les espaces pastoraux et d’autre part les effets qui s’en dégagent.
MATÉRIELS ET MÉTHODES
PRÉSENTATION DE LA ZONE D’ÉTUDE
Le Cameroun est un pays d’élevage par excellence. Il a un foncier pastoral évalué à plus de 19 millions d’hectares de pâturages et d’utilisations diverses (MINEPIA, 2011). La région de l’Extrême-Nord a une superficie de 34 430 km2 et près de 25 470 km2 des parcours pâturages et savanes (MINEF, 1996 ; BUCREP/MINEPAT, 2010 ; Zouyane, 2018). La plaine du Diamaré s’étend sur près de 1 660 000 ha, soit 48,7% de la superficie totale de la région de l’Extrême-Nord et couvre le département du Mayo Kani (cf. figure 1), le département du Diamaré, le nord de l’arrondissement de Mora et l’ouest du département du Mayo-Danay (Fréchou Hubert, 1966 ; Boutrais Jean, 1984 ; Gonné Bernard, 2005).
Source : Google Earth, 2019 ; Réalisée par Zouyane, 2019
Figure 1 : Localisation de la zone d’étude
Pour ce qui est du cadre temporel de la recherche, il se situe entre 1985 et 2019. Le choix de cette fourchette s’explique par le fait que l’année 1985 marque la date de la fin du projet agropastoral de Mindif /Moulvoudaye2 (qui a pris le soin de délimiter des blocs de pâturages) et le début d’une « expansion accentuée » des migrations rurales Toupouri.
En effet, à partir de 1980, le projet de Mindif/Moulvoudaye (financés par les États-Unis et la France avec le soutien du gouvernement camerounais) s’efforce de créer un cadre d’évolution pour les transhumants de la région (USAID/Cameroun, 1985). Ledit projet-pilote a été accueilli diversement par les transhumants, les nomades et les agro éleveurs. Dans la région, les parcours communs (ou des territoires agropastoraux circonscrits) sont créés. Les plus connus sont les blocs de pâturages délimités dans cette plaine du Diamaré : le bloc I, Gagadjé-Maoudine (7 014 ha) ; le bloc II, Kadaye (7 300 ha) et le bloc III, Kobo-Kolara (8 000 ha). Chacun des trois blocs était recoupé en quatre grandes parcelles (USAID/Cameroun, 1985 ; Requier-Desjardins, 1997 ; Sous le Pic, 1983). Ses objectifs étaient entre autres de limiter et de réduire les mouvements des transhumants de la plaine du Diamaré vers le grand-yaéré. Également, il était aussi question de passer toute l’année dans cet espace choisi et défini. Aussi, il était question de démontrer que dans une zone pilote, qu’il est possible de mettre en œuvre, par le biais d’une organisation locale, une série de techniques susceptibles d’intégrer et d’intensifier la production animale et agricole tout en inversant le processus de dégradation des ressources naturelles et en améliorant la base des ressources. Enfin, de restaurer les pâturages dégradés, grâce à la mise en défens de zones pâturables et un semi fourrager artificiel. Le projet a pris le soin de fixer les blocs de pâturage entre les villages (cf. figure 2).
Source : Projet Mindif-Moulvoudaye, 1974/1981 ; Réalisation : Zouyane, septembre 2019
Figure 2. Blocs découpés dans le cadre du projet Mindif-Moulvoudaye
Les deux territoires agropastoraux (Mindif et Moulvoudaye) sont menacés par la remontée des fronts pionniers Toupouri et des migrations rurales internes. Ces migrants recherchent des zones de culture ou des terres nouvelles. Ces espaces (environ 2135 km2) deviennent de plus en plus une terre d’accueil pour les Toupouri qui s’implantent principalement à Ngouma, Patawal, Ngarwa, Gagadjé, Maoudine, Gay, Kobo et Gaban.
TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNÉES
Pour mener à bien les investigations, une stratégie d’enquête a été choisie. Elle est guidée par les observations directes sur le terrain ayant permis de vérifier les réalités vécues (les blocs de pâturages occupés progressivement) et les problèmes (occupations anarchiques des terres et conflits agropastoraux) auxquels sont confrontés les migrants Toupouri, les populations riveraines et les éleveurs transhumants. En plus, de nombreuses descentes ont été effectuées sur les sites/blocs des villages Gagadje-Maoudine (Mindif) et Kolara-Kobo (Moulvoudaye), où des entretiens ont été menés avec les différents acteurs.
Par ailleurs, les entretiens par questionnaire ont été réalisés auprès d’un échantillon aléatoire de 61 migrants Toupouri et 90 éleveurs transhumants qui séjournent dans cette plaine. Le contenu de ces échanges visait à comprendre les motivations de leurs déplacements internes et l’évaluation des effets de l’occupation des espaces de pâturage. En outre, d’autres entretiens ont été menés avec sept chefs traditionnels des villages suivants : Gagadjé, Maoudine, Ngouma, Kolara, Kobo, Doyang et Gaban ; trois chefs de Poste Agricole et trois chefs de Centre Zootechnique. Tous ces acteurs ont mis à notre disposition des informations de diverses natures. Dans l’optique de faciliter la communication avec tous ces enquêtés, un questionnaire a été indirectement administré.
TRAITEMENT DES INFORMATIONS
Le traitement des données a été rendu possible grâce au logiciel Excel qui a servi à faire les tableaux. Le traitement statistique a permis la réalisation des figures à partir de données statistiques. Les cartes des lieux de départ de migrants agricoles, de la localisation de la zone d’étude, de concentration ont été réalisées à l’aide du logiciel du système d’information géographique MapInfo 8.5.
ANALYSE DES RÉSULTATS
RAISONS GÉOGRAPHIQUES, SOCIO-CULTURELLES DES MIGRATIONS TOUPOURI VERS LA PLAINE DU DIAMARE
PRINCIPALES RAISONS ÉVOQUÉES
De 1985 jusqu’en 2019, le processus de conquête des terres de culture s’est accentué dans la plaine du Diamaré. La fin du projet agropastoral en 1985 a ouvert la voie à des migrations internes vers les territoires d’élevage pour plusieurs mobiles (cf. tableau 1).
Source : Enquêtes de terrain, 2015/2019
Tableau 1. Principales raisons des migrations Toupouri
D’abord, on observe les mouvements des migrants vers les territoires des éleveurs qui visent principalement la recherche de terre de karal (45,71 %) ou pour la culture de mil de contre-saison et la saturation foncière au pays toupouri (40 %) ou à cause de l’infertilité des sols ou simplement partir pour fuir la famine de 1985 et le phénomène de saah’n (14, 28 %) (Watang Ziéba, 2010, Zouyane, 2018).
Ensuite, les enquêtes ont montré que, la recherche de terre de karal ou la pratique de la culture du muskwaari (mil de contre-saison), tout comme la saturation foncière et le saah’n sont les principales raisons évoquées dans les migrations rurales.
UTILISATION ASTUCIEUSE DES STRATÉGIES D’INSTALLATION DANS LES TERRITOIRES D’ÉLEVAGE
Dans la plaine du Diamaré, les Toupouri ont développé deux principales stratégies pour l’acquisition des terres. La première stratégie est celle de servir loyalement l’autorité traditionnelle. En effet, il s’agit de la pratique du faire valoir indirect où le migrant met en valeur la parcelle de terre du chef de village pour une durée plus ou moins égale à deux ans. À la fin de cette exploitation, le djaoro3 lui attribue alors son lot de terre dont il devient propriétaire comme le sont déjà plus de 90,16 % de migrants qui ont bénéficié de cette forme d’acquisition des terres de culture.
La deuxième stratégie consiste à s’installer au village avec la connivence d’un membre de la famille ayant migré plutôt. Ainsi, le nouveau migrant peut être exempté des travaux forcés de la chefferie du moment où il devient d’office un membre appartenant à la famille d’accueil ; ce qui lui confère quelques privilèges comme l’acquisition des terres agricoles (96,72 %).
La première stratégie dont usent les migrants pour prendre possession des terres arables est d’ailleurs illustrée par le village Ngouma où il est d’abord question de cultiver le champ du djaoro durant une à deux années avant de recevoir son propre lopin de terre. L’installation définitive du nouvel acteur du monde rural est matérialisée par la construction d’une case d’habitation, mais tout en restant toujours au service du djaoro. Devenu donc membre de la communauté, le migrant bénéficie des faveurs du chef de village qui lui donne la possibilité de faire venir d’autres personnes de son village d’origine à qui l’on confie encore d’autres espaces de culture.
Il est donc important de souligner qu’à partir de leur « territoire traditionnel » constitué des arrondissements de Guidiguis, Porhi et Dziguilao, les Toupouri ont amorcé la « colonisation » de l’arrondissement de Moulvoudaye vers 1960. Cette colonisation se poursuit dans l’ensemble du département du Mayo Kani de nos jours sur l’ensemble du département du Mayo Kani avec pour espace cible les arrondissements de Kaélé, Mindif et de Moutourwa.
CONCENTRATION MASSIVE DES MIGRANTS ET INCIDENCES SUR LES TERRITOIRES AGROPASTORAUX
Face à la saturation foncière observée en pays toupouri, les paysans se redéfinissent de nouvelles directions de conquête des espaces agricoles (cf. figure 3).
Source : Watang, 2010 ; adaptée par Zouyane en janvier 2016 et 2019.
Figure 3. Territoires occupés par les Toupouri dans la plaine du Diamaré en 2019
Partant de leur territoire traditionnel (Porhi, Guidiguis, Taibong…), ils se déploient dans l’ensemble des villages compris entre les blocs de pâturages en opérant leur choix suivant les affinités que sont :
-une relation avec l’un des membres d’une famille installée dans un village,
-les liens amicaux ou un parent perdu de vue de longue date,
-et un rapport étroit avec le chef du village sollicité.
Le village Ngouma (cf. figure 4) est la porte d’entrée vers les territoires d’élevage (Mindif et Moulvoudaye).
Source : fond de carte, Haberland et Spierenburg, 1991; réalisation et adaptation, Zouyane V. janvier 2019.
Figure 4. Ngouma et Kobo, des territoires de redistribution des migrants
C’est à partir de « ce village-d’entrée » que, le migrant Toupouri va opérer le choix de son « village d’accueil ». Il prend les informations nécessaires à son installation dans tel ou tel village. Également, il existe un lien significatif entre l’implantation des paysans toupouri à Ngouma et les conflits sur l’appropriation de nouveaux espaces culturaux qui sont des zones de parcours du bétail. Le village Ngouma est encore une fenêtre à partir de laquelle les pasteurs en transhumance entrent à Mindif. Pour cela, la grande majorité de migrations se concentre dans ce village. D’où la compétition sur l’espace qui entraîne des conflits qui tirent leur origine dans les formes d’organisation des communautés sociales des régions septentrionales du Cameroun. En effet, la forte pression démographique et l’augmentation sans cesse du bétail menacent les ressources en terres agricoles et pastorales. À cela s’ajoute la pratique d’une agriculture itinérante. Cette agriculture est consommatrice d’espace. Elle contribue à confiner l’élevage ne s’adaptant pas encore à l’utilisation d’un système de production intensif.
De la figure 4 ci-dessus l’on constate que les villages Ngouma et Kobo constituent des zones d’escales obligatoires ou de transits pour les migrants en quête de terres vers le territoire de Mindif-Moulvoudaye. La forte concentration de ces acteurs a été observée entre les années 1985 et 2015, dans le territoire d’élevage de Mindif (Gagadjé-Maoudine).
Parlant de l’occupation des blocs de pâturages, l’on a assisté à une réduction évolutive des superficies des surfaces mises en valeur. C’est le cas du bloc de Kolara-Kobo qui est passé de 8 000 ha à 7 080 entre 1980-1985 et à 6 999 ha entre 2001-2019; soit une réduction moyenne de 29,44 ha/an (Projet Mindif-Moulvoudaye, 1974/1981 : page et Magrong, 2007 ; Zouyane, 2018 : p. 236-246). Quant au bloc de pâturages de Gagadjé-Maoudine, le rétrécissement de sa superficie est passé de 7 014 ha entre 1980-1985 à 6 594 ha entre 2001 -2007 et 5 732 ha de 2007 à 2019 soit une moyenne de réduction de 37 ha/an pour un total de 1 282 ha de bloc de pâturages perdu (cf. tableau 2).
Source : Enquêtes de terrain, 2015/2019
Tableau 2. Réduction des aires de pâturages
Par manque de moyens financiers, les agriculteurs et les migrants sont contraints de rechercher de nouvelles terres de culture. Mais, une fois la parcelle acquise, celle-ci reste inexploitée pendant des années et ne saurait faire l’objet de parcage pour le bétail des éleveurs en transhumance. Par ailleurs, il est judicieux de noter que la réduction des hectares des aires de pâtures a permis aux ONG (SNV4 , CARPA5 ) et aux collectivités territoriales décentralisées d’engager et de lancer un cri d’alarme pour la préservation des aires reconnues traditionnellement aux pasteurs qui ont éprouvent de difficultés à faire paître leurs animaux. En plus, à côté de la mise en valeur des zones pâturables en champ agricole se greffe aussi l’occupation anarchique des espaces. Cette situation est due aux agriculteurs riverains et aux migrants qui multiplient de plus en plus différentes techniques d’acquisition des terres sur l’ensemble du territoire concerné par cette mobilité. Une fois l’espace acquis, celui-ci est occupé par des champs de saisons des pluies ou mis en réserve pour une utilisation future tout en le laissant ouvert aux pâturages qui y apportent sa bouse faisant office d’engrais pour la fertilisation des sols. C’est la raison pour laquelle, depuis un certain temps, l’on assiste à une ruée des agriculteurs et des migrants vers l’occupation des brousses pour les terres agricoles (cf. figure 5).
Source : enquête de terrain, 2015
Figure 5. Illustration des stratégies de déforestation
L’analyse montre que les migrants ont développé des stratégies de déforestation qui envahissent plusieurs zones de pâturages et qui s’accompagnent concomitamment avec la mise en place des champs entre 1985 et 2015. Mais, il importe de relever que cette déforestation constitue une menace permanente pour la gestion des ressources agricoles et pastorales compte tenu de la forte pression démographique qui s’accompagne de (Mindif : 69 435 en 2005 à 90 000 en 2015 habitants et Mouvoudaye : 78 600 en 2005 à 120 000 en 2015 habitants) l’augmentation sans cesse du cheptel de bétail (46 000 têtes de gros bétails) (Zouyane, 2018). Cette menace est réelle dans la plaine du Diamaré et constitue une difficulté à surmonter par les éleveurs itinérants (cf. figure 6).
Source : enquête de terrain, 2019
Figure 6. Les menaces qui pèsent sur la gestion des ressources pâturables
La dynamique sociétale (migration, augmentation démographique, recherche de nouvelles terres fertiles) ne favorise pas la pratique de l’élevage itinérant dans cette plaine, car les migrants mettant en « péril » la transhumance saisonnière qui s’effectue sur cet espace étudié. Si le spectre de la réduction des parcelles de pâtures reste pérenne, les transhumants risqueraient de quitter les lieux à cause des assauts répétés des populations agricoles en quête des espaces de cultures.
ACQUISITION FONCIÈRE ET DROIT DES MIGRANTS
En Afrique, selon le droit traditionnel, la terre revient à celui qui l’exploite, autrement dit la terre «appartient au premier occupant» (Requier-Desjardins, 2001 et Teyssier, 2004). Une telle situation laisse entrevoir la création anarchique des champs par les paysans toupouri qui se servent de l’entremise de leurs nombreuses épouses pour conquérir de nouvelles terres, soit 78,68 % de personnes qui usent de cette tactique d’occupation spatiale. Une telle stratégie leur donne alors accès à la terre pour une exploitation agricole familiale. Une fois la parcelle acquise, ils peuvent les partager avec des proches (Zouyane, 2018).
Par ricochet, si ces espaces étaient exploités convenablement, cela ne poserait aucun problème. Mais, une fois l’espace reçu, il n’est pas exploité à l’instant pendant des années et est même interdit de toute utilisation. Souvent, les bénéficiaires ont peur d’être réprimandé par les propriétaires. La plupart du temps, ceux-ci ne manquent pas d’exiger des amendes pour dommage et intérêts en cas d’incursion des bovins sur leurs parcelles de terres cultivées et sur leur domaine privé. Ce cas de figure a été enregistré auprès de 86,66 % d’éleveurs transhumants.
En outre, il faut mentionner que les territoires agropastoraux de Mindif et de Moulvoudaye sont « abandonnés » au profit des groupes d’acteurs que sont les migrants Toupouri, les agriculteurs locaux et les chefs traditionnels qui mettent en valeur les terres ou aires de pâturages à différentes échelles (82,08 %). Voilà pourquoi en trente-quatre ans, les superficies pâturables se sont vues réduites au profit des surfaces agricoles, les espaces d’habitation et les surfaces laissés en jachère.
DES MODES VARIÉS D’ACCÈS À LA TERRE AGRICOLE
Les modes d’accès aux ressources foncières ont connu une évolution spatio-temporelle. Selon le djaoro de Gagadje « avant, l’acquisition des terres était plus fondée sur les pratiques coutumières que modernes ». Suivant le recoupage des informations, plusieurs types de transfert des terres ont été recensés : le droit de la hache6, l’héritage, le don (par le djaoro), le prêt gratuit, la location, le gage et l’achat. Ces différentes formes d’acquisition des terres agricoles varient d’une localité à une autre (cf. tableau 3).
Source : Enquêtes de terrain, juillet 2015 et 2019
NB : + = degré de considération
Tableau 3.Types d’accès aux terres agricoles dans les territoires d’élevage
L’existence du droit de la hache comme mode traditionnel et des modes non marchands (don, héritage, prêt gratuit) d’acquisition des terres agricoles s’explique par la disponibilité de ces ressources pastorales. Le droit de hache est développé dans les villages enquêtés. Or dans les terroirs de piémonts Mandara, ces modes ont presque disparu. Ils ont évolué vers des formes marchandes. Également, dans toutes les localités où les enquêtes ont été menées, le don des terres par l’autorité traditionnelle est développé. « L’espace est fini7 » à cause du passage des éléphants, qui passent par ces villages pour atteindre le Tchad. Ces pachydermes s’saccagent les champs lors de leurs déplacements. Ces derniers empêchent les agriculteurs d’étendre la brousse du côté nord du village. Pourtant, c’est dans cette direction que se trouvent suffisamment de champs fertiles.
Les modes d’accès à la propriété foncière évoqués ci-haut pouvaient ainsi donner lieu à une appropriation. Aujourd’hui, beaucoup de mutations sont intervenues. En plus, aux modes d’acquisition traditionnels qui existent encore (héritage, droit de la hache, prêt gratuit) se sont ajoutés ceux dits marchands (location et achat). Les terres cultivées sont héritées des parents. Ces terres sont louées ou prêtées aux tiers. Les nouveaux exploitants peuvent solliciter des terres auprès des autorités traditionnelles (Djoro, lawan, lamido) assurant leur gestion coutumière. De toute évidence, deux types de modes d’accès aux terres agricoles ont été relevés.
DISCUSSION DES RÉSULTATS
Les études portant sur les migrations internes des populations occupent une place importante dans les études géographiques. Selon Watang (2010) et Zouyane (2018), les migrations internes des Toupouri sont encouragées surtout par la recherche de terre de karal et les « terres agricoles neuves ». C’est pourquoi, un regard est porté sur les aires de pâturages dédiés aux transhumants.
Pour les migrants et les populations riveraines, les blocs de pâturages sont considérés comme « vacants ». De là, nait une compétition entre les éleveurs transhumants et les agriculteurs/les migrants agricoles sur le domaine national commun que sont les ressources pastorales (pâturages et points d’eau). Cette compétition participe à la destruction des ressources communes à plus ou moins court terme. En plus, Watang (2010) précise que, la migration Toupouri n’est pas un phénomène nouveau dans la région de l’Extrême-Nord d’autant plus que les migrations Toupouri, Mafa et Guiziga ont été encouragées vers le périmètre rizicole de Maga (1979-1984), ensuite vers le périmètre Nord–est Bénoué et finalement vers la vallée de la Bénoué (Garoua). Mais, dans son analyse il ne met pas en relief la nouvelle direction vers où convergent les migrants en quête de terres agricoles dans les territoires d’élevage (surtout vers les blocs de pâturages dédiés aux transhumants). D’où l’intérêt de la présente étude.
Si les mouvements internes Toupouri des décennies 1980 et 1990 étaient encouragés par l’État, ceux actuels sont volontaires ou contraints par les pesanteurs socioculturelles. Ce phénomène de migrations rurales internes reste important de nos jours. Au rythme où les espaces de pâtures sont envahis à des fins agricoles et que la coupe des bois pour la vente dans les grands centres urbains (environ de 2283 hectares) est importante, les éleveurs transhumants qui campent régulièrement sur les territoires d’élevage n’auront plus d’espace pâturable d’ici peu (2283 hectares des surfaces pâturables dédiés aux transhumants sont occupés progressivement). Les migrants Toupouri poursuivent les déplacements ou les migrations rurales internes et sont en train de mettre en valeur les terres conquises à cet effet.
Il est aussi important de préciser que la coupe des bois dans la plaine du Diamaré occupe une place importante dans l’économie. Elle contribue à la réduction des aires de pâturages. Les travaux de Madi, Huub et Babani (2002) ont montré que le chiffre d’affaires pour le bois entrant dans la ville de Maroua (capitale régionale) est estimé à environ 2,2 milliards de FCFA. L’extrapolation de ce chiffre se situerait à environ 4 milliards. Les revenus moyens annuels des collecteurs de bois dans certaines zones (Moulvoudaye et Kay-Kay) tournent autour de 200 000 FCFA. Pourtant pour un agriculteur moyen, ces revenus se situent autour de 120 000 FCFA. Devenu une source de revenus non négligeable, les paysans pratiquent ce métier pour compenser souvent les pertes pendant les récoltes. Dans les localités de Maoudine, Gagadjé, Kolara, Ngouma et Doyang, la coupe du bois intéresse non seulement les hommes adultes, mais également les femmes et les enfants. C’est pourquoi, pour réduire la vitesse d’occupation des hectares pâturables, les ONG (SNV et CARPA), le Syndicat des Communes du Mayo Kani et les collectivités territoriales décentralisées (de Mindif et de Moulvoudaye) ont engagé une bataille ou, du moins, ne cessent de lancer des cris d’alarme pour la préservation des aires qui sont traditionnellement reconnues aux pasteurs. Aussi, il faut souligner que le manque d’un code pastoral encourage cet état de situation observée dans les territoires d’élevage. Néanmoins, à l’allure où la situation se présente, les transhumants auront des difficultés à pâturer dans les territoires d’élevage.
CONCLUSION
L’étude montre que les Toupouri restent un groupe très présent dans les migrations rurales depuis plus de 40 ans dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. L’arrivée progressive des Toupouri dans cette plaine du Diamaré, à la fin du projet Mindif-Moulvoudaye en 1985, met en difficulté l’espace pâturable. Ces blocs de pâturages sont considérés par ces migrants comme vacants. Ils pensent que ces blocs de pâturages « abandonnés » peuvent être mis en valeur sans aucune condition. Les Toupouri croient que « les brousses sont vacantes » et n’appartiennent pas aux éleveurs transhumants.
Les raisons sont multiples pour expliquer cette situation. Une fois installée, les terres agricoles sont « occupées anarchiquement ». On observe une expansion des champs çà et là, la mise en culture des couloirs de transhumance et la présence de bétails. Il va de soi qu’on assiste à un processus de « toupourisation » des territoires agropastoraux de Mindif et de Moulvoudaye. Par conséquent, il s’avère indispensable de faire un travail de sensibilisation des acteurs impliqués dans la gestion de la chose pastorale.
L’autorité administrative et traditionnelle intervient régulièrement dans la gestion des conflits entre les agriculteurs-migrants et les transhumants pour le contrôle des terres. Mais, de manière locale, aucune solution n’est trouvée pour stabiliser ces mouvements internes ou même, conduire les migrants à une utilisation rationnelle des espaces conquis. Pour mettre un terme à cette occupation progressive des terres agricoles, il serait important que l’État, y compris les ONG (SNV, CARPA) essayent d’apporter leur soutien financier aux agriculteurs.
Références bibliographiques
Boutrais Jean, 1984. « Entre nomadisme et sédentarité : les Mbororo à l’Ouest du Cameroun», Paris, ORSTOM (106), pp. 225-256.
Frechou Hubert, 1966. « L’élevage et le commerce du bétail dans le nord du Cameroun », in Cahier ORSTOM, série Sc. Humaines vol III, n°2, 125p.
Gestion de l’Environnement du Cameroun, 04 volumes : Rapport principal. MINEF
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Notes de bas de page
1. Sorcellerie ou pratique qui vise à utiliser mystiquement un individu pour les travaux champêtres
2. À partir de 1980, le projet de Mindif/Moulvoudaye de 1980 à 1985 va créer un cadre d’évolution pour les transhumants de la région.
3. Chef du 3e degré au nord Cameroun et « maître du village »
4. Organisation Néerlandaise de Développement (Équipe de l’Extrême-Nord Cameroun)
5. Centre d’Appui à la Recherche et au Pastoralisme-Maroua/Extrême Nord Cameroun
6. C’est-à-dire l’espace où la terre revient à celui qui le défriche en « premier ».
7. Entretien du 19 juillet 2015 à Gagadjé avec le djaoro.
Pour citer cet article
Référence électronique
RAZANAKOTO Pascal (2020). « Rôles stratégiques de la microfinance rurale dans le secteur agricole de la Région Itasy (Hautes Terres Centrales de Madagascar) ». Revue canadienne de géographie tropicale/Canadian journal of tropical geography [En ligne], Vol. (7) 1. En ligne le 25 novembre 2020, pp. 30-36. URL: http://laurentian.ca/cjtg
Auteur
Zouyane Valentin
Département de Géographie
Université de Maroua, Cameroun
Email: zouyane@yahoo.fr/zouyane@gmail.com